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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
de Léonard de Vinci, qui figurent au Louvre, dans le recueil Val-
lardi L M. Courajod a admis, lui aussi, que le bas-relief a été com-
posé sous l’inspiration de Léonard2.
Avant de rouvrir la discussion, je commencerai par établir que
des casques analogues à ceux du bas-relief se rencontrent sur une
foule de monuments, étrangers soit à Verrocchio, soit à Léonard de
Vinci. Je puis notamment les signaler dans des dessins du Musée de
Lille, dans des dessins du recueil Vallardi, exécutés en dehors de
toute influence de Léonard, dans des nielles de la Bibliothèque
Nationale, etc.3 On n’en saurait donc tirer aucun argument en
faveur de l'un ou l’autre des deux maîtres.
On ne s’explique pas comment un motif, bien autrement carac-
téristique., a pu jusqu’ici échapper à l’attention des spécialistes: je
veux parler du masque de Méduse, qui est sculpté sur la cuirasse de
Scipion, et qui se signale par sa bouche grande ouverte, ses yeux
hagards, ses cheveux hérissés, et son expression de rage portée au
paroxysme.
Ma première pensée a été de chercher si, parmi les pierres gra-
vées antiques, appartenant aux Médicis, aucune ne représentait un
motif analogue. Toutes les fois, en effet, qu’il s’agit d’imitations
classiques exécutées à Florence, c’est dans les séries médicéennes
que l’on a le plus de chances d’en découvrir les originaux. Et, de
fait, l’inventaire de Pierre de Médicis mentionne un camée avec la
tète de Méduse, et le Musée de Naples, de son côté, expose, comme
provenant de la même source, une cornaline représentant Persée
tenant la tête de Méduse (signée de Dioscoride)4.
1. Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, 1890, p. 137.
2. Ibid., p. 138. Voici les expressions dont s'est servi notre regretté collabora-
teur : « M. Bode, dans son étude sur Verrocchio, a pensé qu’il fallait rapprocher
ce bas-relief d'un dessin de Léonard : on peut s’appuyer, en particulier, sur le
casque fantaisiste qui surmonte la tête du personnage. En effet, dans la collection
des dessins de Léonard, on trouve de nombreuses reproductions de ces casques,
imitations libres de l’antique. On ne saurait aller jusqu’à dire que ce bas-relief
est une des sculptures tant cherchées de Léonard, mais il semble tout au moins
avoir été composé sous son inspiration. »
3. Voy. La Renaissance au temps de Charles VIII, p. 66; — Les Collections des
Médicis an xv° siècle, p. 38, 105.
4. Les Précurseurs de la Renaissance, p. 192; — Stosch, Gcmmæ antiquæ
cœlatæ sculptorum nominibus insignitæ. Amsterdam, 1724 ; — Brunn, t. II, p. 493;
Kœhler, t. III, p. 147 ; — Furtwængler : Jahrbuch de 1888, p. 304. — M. Salomon
lleinacb, à qui je suis redevable de ces renseignements bibliographiques, m’ap-
prend qu’une réplique se trouve au British Muséum (n° 1258).
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
de Léonard de Vinci, qui figurent au Louvre, dans le recueil Val-
lardi L M. Courajod a admis, lui aussi, que le bas-relief a été com-
posé sous l’inspiration de Léonard2.
Avant de rouvrir la discussion, je commencerai par établir que
des casques analogues à ceux du bas-relief se rencontrent sur une
foule de monuments, étrangers soit à Verrocchio, soit à Léonard de
Vinci. Je puis notamment les signaler dans des dessins du Musée de
Lille, dans des dessins du recueil Vallardi, exécutés en dehors de
toute influence de Léonard, dans des nielles de la Bibliothèque
Nationale, etc.3 On n’en saurait donc tirer aucun argument en
faveur de l'un ou l’autre des deux maîtres.
On ne s’explique pas comment un motif, bien autrement carac-
téristique., a pu jusqu’ici échapper à l’attention des spécialistes: je
veux parler du masque de Méduse, qui est sculpté sur la cuirasse de
Scipion, et qui se signale par sa bouche grande ouverte, ses yeux
hagards, ses cheveux hérissés, et son expression de rage portée au
paroxysme.
Ma première pensée a été de chercher si, parmi les pierres gra-
vées antiques, appartenant aux Médicis, aucune ne représentait un
motif analogue. Toutes les fois, en effet, qu’il s’agit d’imitations
classiques exécutées à Florence, c’est dans les séries médicéennes
que l’on a le plus de chances d’en découvrir les originaux. Et, de
fait, l’inventaire de Pierre de Médicis mentionne un camée avec la
tète de Méduse, et le Musée de Naples, de son côté, expose, comme
provenant de la même source, une cornaline représentant Persée
tenant la tête de Méduse (signée de Dioscoride)4.
1. Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, 1890, p. 137.
2. Ibid., p. 138. Voici les expressions dont s'est servi notre regretté collabora-
teur : « M. Bode, dans son étude sur Verrocchio, a pensé qu’il fallait rapprocher
ce bas-relief d'un dessin de Léonard : on peut s’appuyer, en particulier, sur le
casque fantaisiste qui surmonte la tête du personnage. En effet, dans la collection
des dessins de Léonard, on trouve de nombreuses reproductions de ces casques,
imitations libres de l’antique. On ne saurait aller jusqu’à dire que ce bas-relief
est une des sculptures tant cherchées de Léonard, mais il semble tout au moins
avoir été composé sous son inspiration. »
3. Voy. La Renaissance au temps de Charles VIII, p. 66; — Les Collections des
Médicis an xv° siècle, p. 38, 105.
4. Les Précurseurs de la Renaissance, p. 192; — Stosch, Gcmmæ antiquæ
cœlatæ sculptorum nominibus insignitæ. Amsterdam, 1724 ; — Brunn, t. II, p. 493;
Kœhler, t. III, p. 147 ; — Furtwængler : Jahrbuch de 1888, p. 304. — M. Salomon
lleinacb, à qui je suis redevable de ces renseignements bibliographiques, m’ap-
prend qu’une réplique se trouve au British Muséum (n° 1258).