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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 17.1897

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Nr. 3
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Stiassny, Robert: Hans Baldung Grien et le retable de Saint Sébastien
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https://doi.org/10.11588/diglit.28018#0249
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HANS BALDUNG GRIEN

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exécuta peut-être ces peintures à Nuremberg pour les envoyer en-
suite directement à Halle, en même temps que Diirer travaillait à ses
côtés pour Wittenberg et l’électeur de Saxe. En revenant de Nurem-
berg à Strasbourg, Baldung semble avoir fait halte à Mayence ; il
n’est donc pas impossible non plus qu’il ait exécuté là ces tableaux,
et qu'Albert de Brandebourg les ait transportés ensuite à Halle dans
son église votive. Découverts dans une dépendance de l’église, il y a
une trentaine d’années, ils furent achetés par M. Wilke, de Halle; de
celui-ci le Musée de Berlin acquit, en 1872, le retable des Mages, tan-
dis que celui de saint Sébastien passait entre Jes mains de M. Lipp-
mann, qui le céda à M,lc Gabrielle Przibram, à Vienne. Pleine d’un
sentiment artistique des plus affinés, cette dame, peu avant sa mort
(1895), voulut bien, à notre demande, faire reproduire, d'une façon
digne de l’original, cette œuvre intéressante, et c’est ainsi que nous
pouvons la mettre sous les yeux de nos lecteurs. Aujourd’hui, elle
est, avec les autres objets d’art de la collection, en la possession de
Mmc Hermann Goldschmidt, à Bruxelles, héritière de Mlle Przibram.

Ce retable, en bois de tilleul, se compose d’un panneau central
haut de 1m 18 et large de 0m78, et de deux volets mobiles, larges de 0m30
chacun. Le sujet principal est le Martyre de saint Sébastien. La com-
position, très touffue, rappelle la manière des peintres de l'école du
Haut-Rhin à la fin de l’époque gothique ; c’est aux bords du Rhin qu’est
emprunté probablement le paysage du fond. Par contre, les types, le
dessin, les formes du corps et les habillements, trahissent Limitation
de Dürer, laquelle d’ailleurs ne se manifeste que sous la forme d’une
influence vivifiante, et non d’une copie mécanique. Une véritable
personnalité se dévoile déjà dans cette œuvre de jeunesse, que l’artiste
n’a pas seulement signée de son monogramme H G (Hans Grien),
avec la date 1507 (en bas, à gauche, au premier plan)

mais encore de son propre portrait. C’est lui, en effet,

qui se tient derrière saint Sébastien, debout, en man- t

teau à l’allemande de couleur verte par-dessus un pour- ' Q \ *

point vert et une culotte rayée de vert et de blanc, avec une toque
rouge par-dessus une résille : une figure de peintre bon vivant, dans
la fleur de l’âge viril, venant d’atteindre la trentaine. De fait, en
l’absence de documents positifs, c’est d’après ce portrait qu’on a
placé approximativement la date de sa naissance de 1475 à 1480.
Ses traits intelligents et sympathiques offrent ce mélange de pro-
fonde sensibilité, de compréhension sérieuse de la vie et d’humeur
charmante, qui est souvent naturel aux Souabes. Ses yeux nous
 
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