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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 4
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Reinach, Salomon: Un tableau de Machiavelli au Musée national de Dublin
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0297
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UN TABLEAU DË MACHIAVELLI

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en lui, pour ma part, un imitateur de Lippi qui s’est adouci au con-
tact de Benozzo, — Giusto d’Andrea, peut-être, en qui ces deux
influences et d’autres encore se sont combinées et qui ne paraît pas
avoir eu assez d’individualité pour choisir entre elles1. Pas plus
que l’auteur du tableau du Louvre, celui de la Madone de Dublin n’est
une personnalité; mais il a certainement des qualités plus aimables.

Nous ne savons presque rien de Zenobio de’ Machiavelli qui
fut, avec Giusto d’Andrea, dont nous venons de parler, un des colla
borateurs de Benozzo Gozzoli à San Gimignano. Vasari est peut-être
le seul auteur qui l’ait nommé en passant, et l’histoire de l’art l’au-
rait complètement oublié s’il n’existait au moins trois tableaux
signés de son nom. Le premier, daté de 1473, est un Couronnement
de la Vierge qui était autrefois au Louvre (n° 245 du catalogue de
Villot) et qu’on a relégué, je ne sais pourquoi, au musée de Dijon.
C’est une œuvre d’une tonalité trop claire, d’un dessin banal et, dans
l’ensemble, assez insignifiante. Un autre tableau du même artiste,
signé, mais non daté, est au Museo Civico de Pise : il représente une
Madone avec l’Enfant au milieu de saints, et se trouvait autrefois,
avec le tableau de Dublin, à l’église Santa Croce. Je ne me sou-
viens pas d’avoir vu ce panneau de Pise, où Crowe et Cavalcaselle
signalent « une caricature de Filippo plutôt qu’une imitation de la
manière de Benozzo2. » Mais, rien qu’à s’en tenir à la peinture de
Dublin, il semble permis de révoquer en doute le témoignage de
Yasari, qui fait de Machiavelli l’élève de Benozzo. C’est bien plutôt de
l’atelier de Filippo qu’il a dû sortir, pour travailler plus tard avec
Benozzo, dont les Vierges sont fort différentes de celle de Dublin,
alors que le type de celle-ci se rapproche davantage de la Vierge
adorant l'Enfant Jésus, au palais Pitti, tableau de la jeunesse de
Fra Filippo3. Les fresques de Benozzo à San Gimignano sont de
1465-1466; Fra Filippo, né en 1406, était mort deux ans aupa-
ravant. Peut-être la disparition de son chef d’atelier laissa-t-elle des
loisirs à Machiavelli. En tous les cas, c’est après la coopération
de Machiavelli aux grandes œuvres de Benozzo que je placerais le
tableau de Dublin; celui du musée de Dijon, seul daté, serait posté-
rieur et témoignerait d’un talent déjà affaibli.

1. Crowe et Cavalcaselle, ibid., éd. allemande, t. III, p. 272.

2. La même peinture a été décrite en 1895 par M. E. Jacobsen ( Reperto-
rium für Kunstwissenschaft (t. XVIII, p. 100), qui en trouve les types « faibles
et sans originalité », la conservation mauvaise.

3. Lafenestre-Richtenberger, Florence, pl. à la p. 186.

XXIII. — 3" PÉRIODE.

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