QUELQUES OEUVRES INÉDITES DE PHILIPPE ROLAND 179
La sculpture, qui, par ses conditions intrinsèques d’existence,
appelle la généralisation et la synthèse, était une proie offerte au
mal davidicn ; elle en fut également ravagée. La convention, si elle
est dans une certaine mesure inséparable de l’art statuaire, s’y fit la
part du lion; toute vérité contingente, tout accent de nature furent
en oubli dans maintes effigies, froides comme des harangues de rhé-
torique, guindées comme
des vers latins modernes.
Pourtant, parmi les tri-
buts qu’il leur fallait
payer au goût du jour, au
« civisme » officiel, nos
artistes surent glisser des
œuvres inspirées du libre
caprice ou de l’observa-
tion naïve. La tyrannie
des allégories était pour
eux une vieille connais-
sance, ils l’avaient subie
de tout temps, mais en
poursuivant, parallèle-
ment à leurs «machines»
de commando, de vives
études, oïi le pouce tripo-
tait impétueusement un
masque expressif, où la
râpe amenait le marbre
au fondant du nu fémi-
nin. A l’exemple des
Coustou et de Pigalle, à
côté de lloudon, maître
souverain du portrait, Pajou, Julien, d’autres encore, surent mener
de front leur double tâche. La Psyche, comme 1’Amah'liée, respirent
toute la grâce voluptueuse, toute la provoquante séduction du
xvme siècle à son zénith. Clodion, lui, sorte de Prud’hon érotique,
s’était enfermé, une fois pour toutes, dans le cercle magique des
Pi ‘iapées.
Mais il est un artiste dont l'œuvre sévère semble incarner les
nouveaux principes, dans ce qu’ils eurent à la vérité de plus respec-
table. Philippe-Laurent Roland, élève de Pajou, que l’Académie
BACCHANTE A LA CHÈVRE, BRONZE, PAR PII. ROLAND
(Collection de M. IT. Marcel.)
La sculpture, qui, par ses conditions intrinsèques d’existence,
appelle la généralisation et la synthèse, était une proie offerte au
mal davidicn ; elle en fut également ravagée. La convention, si elle
est dans une certaine mesure inséparable de l’art statuaire, s’y fit la
part du lion; toute vérité contingente, tout accent de nature furent
en oubli dans maintes effigies, froides comme des harangues de rhé-
torique, guindées comme
des vers latins modernes.
Pourtant, parmi les tri-
buts qu’il leur fallait
payer au goût du jour, au
« civisme » officiel, nos
artistes surent glisser des
œuvres inspirées du libre
caprice ou de l’observa-
tion naïve. La tyrannie
des allégories était pour
eux une vieille connais-
sance, ils l’avaient subie
de tout temps, mais en
poursuivant, parallèle-
ment à leurs «machines»
de commando, de vives
études, oïi le pouce tripo-
tait impétueusement un
masque expressif, où la
râpe amenait le marbre
au fondant du nu fémi-
nin. A l’exemple des
Coustou et de Pigalle, à
côté de lloudon, maître
souverain du portrait, Pajou, Julien, d’autres encore, surent mener
de front leur double tâche. La Psyche, comme 1’Amah'liée, respirent
toute la grâce voluptueuse, toute la provoquante séduction du
xvme siècle à son zénith. Clodion, lui, sorte de Prud’hon érotique,
s’était enfermé, une fois pour toutes, dans le cercle magique des
Pi ‘iapées.
Mais il est un artiste dont l'œuvre sévère semble incarner les
nouveaux principes, dans ce qu’ils eurent à la vérité de plus respec-
table. Philippe-Laurent Roland, élève de Pajou, que l’Académie
BACCHANTE A LA CHÈVRE, BRONZE, PAR PII. ROLAND
(Collection de M. IT. Marcel.)