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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 25.1901

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Nr. 3
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Marcel, Henry: Quelques œuvres inédites de Philippe Roland
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https://doi.org/10.11588/diglit.24807#0197

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

agréait en 1782, au vu d’un Caton sc donnant la mort, fondu depuis
par M. Crauk pour le musée de Lille, est, pour le commun de la
critique, le type pur du sectateur de David. L'Homère chantant est
son Bélisaire, le Napoléon de l’Institut son Sacre. Il donne, comme
lui, à la forme un essor héroïque ; comme lui, il se plaît, à l’exemple
des anciens, à en marquer les divisions et à en accuser le rythme.
C’est aussi, comme David à ses heures, un portraitiste émérite,
cherchant le style dans 1 accentuation du caractère : les bustes de
Pajou et de Suvée au Louvre, de Chaptal à Versailles, en font foi.

Mais le torse de YHomère chantant, admirable écorché, trahit
peut-être à l’excès la hantise du modèle d’atelier; le Napoléon lauré,
le sceptre dans la main gauche, sous l’ample chute de la dalmatique
qui masque les détails du corps, sent un peu l’apparat de l’apothéose,
reflétant en cela trop fidèlement le roide idéal du chef de l’école.
Néanmoins, Roland, pas plus que son maître Pajou, n’échappa à la
griserie des lignes féminines, à la fascination de la chair vivante.
S’il ne rencontra pas, dans sa carrière, la triomphante réussite de la
Bacchante au tambourin, où le galbe ressenti des formes annonce
Carpeaux à près d'un siècle de distance, il nous en a donné comme
la monnaie dans une suite de morceaux délicieux. Le hasard d’une
descendance en a placé plusieurs dans mes mains ou autour de moi,
et j’ai plaisir à les mettre sous les yeux des lecteurs de la Gazette.

La Bacchante à la chèvre est connue par des contrefaçons mo-
dernes, signées Clodion, qui en ont couru et qui se font rares. La
silhouette en est exquise : l'animal, poilu et hirsute à souhait,
galope lourdement, talonné par l’écuyère qui le stimule des coups
de son thyrse. La tête baissée de côté, sous sa guirlande de pam-
pres, dans une inflexion pleine de coquetterie, elle étreint de la
main droite une des cornes de sa monture ; sa jambe droite pend
naturellement; la gauche, ramenée en arrière, dessine avec l’autre,
dont son talon touche presque le genou, un angle des plus gracieux;
une fine draperie frise comme une eau transparente sur son dos et
ses hanches, en laissant traîner sur le flanc gauche de la chèvre un
large pan qui rejoint le socle et soutient ainsi le groupe. Le con-
traste de ce jeune corps aux fermes rondeurs, aux formes découplées,
avec la masse compacte et presque amorphe de la bête,est d’un effet
singulièrement heureux; jamais le mens agitat molein ne s’est tra-
duit aux yeux par un plus riant symbole. Ce morceau figura à
l’Exposition de 1798.

Une pendule, dont une fonte est conservée au ministère des
 
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