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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 1
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Hamel, Maurice: Les derniers travaux sur Albert Dürer
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0070
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

plus clairs que l’art plastique ait jamais créés : Le Chevalier, la Mort et le Diable,
La Mélancolie et Saint Jérôme dans sa cellule. M. Marguillier en a parfaitement défini
la signification et la portée. Il a fort bien dit aussi l’intérêt qui s’attache à ces
merveilles d’humour : la Danse de paysans et le Joueur de cornemuse de 1514.

On serait presque tenté d'en vouloir à Maximilien d’avoir astreint Durer à des
besognes aussi bizarres que l’élaboration du Cortège et de la Porte triomph.ale.
Matière infertile et petite, si l’on songe aux tâches qu’un Raphaël, un'Michel-Ange,
remplissaient à Rome. On revient sur cette impression quand on voit quels
trésors d’invention et de fantaisie pittoresque Durer y a prodigalement
répandus. Le Livre d’Heures est un pur poème de grave tendresse et de charmant
humour. C’est là, bien plus que dans les rares peintures, là et dans les gravures
telles que la Madone dans un paysage, le Saint Antoine lisant, le bois de la Madone
assise entourée d'anges, que triomphent la sérénité, la joie profonde d’un cœur et
d’un esprit arrivés à la pleine harmonie.

Puis, c’est le voyage aux Pays-Bas. Grâce au journal que Durer nous a laissé,
M. Marguillier le suit pas à pas dans cette phase si instructive de sa carrière où sa
curiosité universelle, qui fait penser à Gœthe, et sa fraîcheur d’impression, qui est
celle d’un enfant, accueillent tous les aspects, toutes les formes delà vie et les
fixent avec une égale maîtrise. Il fête ses noces d’argent avec la nature, et l’art
familier des Flandres ravive son goût de vérité directe. Par l’étude toujours plus
approfondie des caractères, par l’incomparable série de portraits où s’affirme
l’intuition des âmes, il prélude à la haute synthèse, à l’œuvre monumentale de ses
dernières années : les Apôtres de Munich, création de types surhumains, suprême
effort vers la simplicité et la grandeur.

Dans cette matière si riche et si difficile à dominer, M. Marguillier a su apporter
la netteté d’une exposition claire, ordonnée et suivie, et tous les admirateurs de
Durer lui en seront reconnaissants.

En Allemagne, une critique ingénieuse et savante continue ses recherches sur
les points obscurs et controversés de l’œuvre de Durer. Dans une brochure très
intéressante, M. Hændcke se propose de fixer la chronologie des paysages propre-
ment dits, aquarelles, gouaches, dessins à la plume. Cette question se rattache
étroitement à celle du premier voyage à Venise que l’auteur tranche définitive-
menten signalant, dans plusieurs œuvres antérieures à 1505, des fonds empruntés
à celles de ces éludes que nous possédons et qui reproduisent des sites et des
motifs d’architecture du Tyrol. Au premier séjour à Venise il attribue un dessin
de l’Albertine, L’Enlèvement d'Europe, où le paysage, bien naïf encore mais de juste
perspective, encadre heureusement les figures ; à la même date, et plutôt même
antérieure, le dessin d’Erlangen qui représente un large fleuve baignant des col-
lines que couronnent des masses dolomitiques, avec, à droite, en avant de l’eau, un
grand arbre. Malgré certaines gaucheries, l’exécution est sûre et rapide et la gran-
deur du spectacle est fortement rendue. Durer a donné ce dessin pour fond à la
Visitation dans la Vie de Marie, preuve qu’il fut exécuté avant le second voyage.
La manière est tout à fait analogue dans le dessin d'Hercule, à Darmstadt, où le héros
domine un magnifique paysage de plaines et de montagnes,composition puissante
et profonde reportée dans le tableau de Nuremberg. M. Hændcke note que dans
 
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