LA COLLECTION DUTUIT
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reliure, dont le relief plat nous montre la Vierge assise tenant l’En-
fant dans son giron, sous un dais de feuillages entablés. Le type en
est fréquent : une plaque appartenant autrefois à la collection de
Bastard et dont la société d’Arundel et, d’après elle, les Annales
archéologiques ont publié l’image, est sœur de celle-ci, comme
toutes deux sont cousines germaines
d’un triptyque de la collection Spit-
zer. Mais, de cette série des ivoires,
la pièce la plus importante, non la
plus séduisante, est une statuette de
la Vierge assise tenant sur ses genoux
l’Enfant auquel elle présente un
fruit. Elle ne mesure pas moins de
35 centimètres. Sa rigide attitude la
rattache encore à l’art du xne siècle,
tandis que son geste familier et la
souple allure de l’Enfant annoncent
celui du siècle suivant. Une inscrip-
tion toute moderne, fixée sur le dos
du siège, nous apprend que cette
Vierge, qualifiée de processionnelle,
appartint jusqu’à l’époque de la Révo-
lution à l’abbaye d’Ourscamp près de
Noyon et qu’elle passa en 1856 dans
la collection de Benjamin Fillon. Des
dorures, dont quelques traces sont
encore apparentes, et des cabochons
de pierreries en réchauffaient primi-
tivement la froideur. Si l’on ne trouve
pas dans cette sévère image de la
Vierge le charme auquel tant d’au-
tres atteindront un siècle plus tard,
ses dimensions peu communes et la
rareté des spécimens de cette époque en font un document intéres-
sant pour l’histoire d’un type consacré, en sa période d’évolution
vers la liberté. C’est au xive siècle et au début du xve que l’art de
l’ivoirier atteignit en France son plein épanouissement. Cinq pièces
en témoignent ici : deux diptyques, nous montrant, l’un en quatre,
l’autre en six registres, des scènes de la vie et de la Passion du
Christ; une crosse, dont la volute soutenue par un ange agenouillé
18
LA VIERGE ET l’ëNFANT JÉSUS,
STATUETTE EN IVOIRE, XII0 SIÈCLE
(Collection Dutuit.)
XXIX. — 3e PÉRIODE.
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reliure, dont le relief plat nous montre la Vierge assise tenant l’En-
fant dans son giron, sous un dais de feuillages entablés. Le type en
est fréquent : une plaque appartenant autrefois à la collection de
Bastard et dont la société d’Arundel et, d’après elle, les Annales
archéologiques ont publié l’image, est sœur de celle-ci, comme
toutes deux sont cousines germaines
d’un triptyque de la collection Spit-
zer. Mais, de cette série des ivoires,
la pièce la plus importante, non la
plus séduisante, est une statuette de
la Vierge assise tenant sur ses genoux
l’Enfant auquel elle présente un
fruit. Elle ne mesure pas moins de
35 centimètres. Sa rigide attitude la
rattache encore à l’art du xne siècle,
tandis que son geste familier et la
souple allure de l’Enfant annoncent
celui du siècle suivant. Une inscrip-
tion toute moderne, fixée sur le dos
du siège, nous apprend que cette
Vierge, qualifiée de processionnelle,
appartint jusqu’à l’époque de la Révo-
lution à l’abbaye d’Ourscamp près de
Noyon et qu’elle passa en 1856 dans
la collection de Benjamin Fillon. Des
dorures, dont quelques traces sont
encore apparentes, et des cabochons
de pierreries en réchauffaient primi-
tivement la froideur. Si l’on ne trouve
pas dans cette sévère image de la
Vierge le charme auquel tant d’au-
tres atteindront un siècle plus tard,
ses dimensions peu communes et la
rareté des spécimens de cette époque en font un document intéres-
sant pour l’histoire d’un type consacré, en sa période d’évolution
vers la liberté. C’est au xive siècle et au début du xve que l’art de
l’ivoirier atteignit en France son plein épanouissement. Cinq pièces
en témoignent ici : deux diptyques, nous montrant, l’un en quatre,
l’autre en six registres, des scènes de la vie et de la Passion du
Christ; une crosse, dont la volute soutenue par un ange agenouillé
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LA VIERGE ET l’ëNFANT JÉSUS,
STATUETTE EN IVOIRE, XII0 SIÈCLE
(Collection Dutuit.)
XXIX. — 3e PÉRIODE.