DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:Marcou, Paul Frantz: Le Moyen Âge et la Renaissance: la collection Dutuit
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
pensons n’être pas le seul à avoir éprouvée? Je ne sais, au surplus,
si la faute en est à nous ou même à la collection, et m'est avis qu’il
la faut peut-être chercher ailleurs. L’espèce de mystère qui, du
vivant du donateur et en ces dernières années surtout entourait
cette collection peu facilement abordable et, en somme, mal connue
dans son ensemble, le fracas dont s’était accompagnée la nouvelle de
sa donation, et l’annonce réitérée des richesses qu’on la disait recé-
ler et qu’on semblait y découvrir chaque jour, avaient fait naître
dans beaucoup d’esprits l’idée de -merveilles cachées et l’attente
d’un éblouissement. Au jour dit, la réalité n’a pas passé nos espé-
rances. Mais il serait aujourd’hui souverainement injuste de lui
imputer la chute de nos illusions et de nous en prendre à elle si on
lui a fait imprudemment promettre plus qu’elle n’avait jamais
entendu tenir. Car elle tient beaucoup encore ; elle tient assez pour
justifier toute notre gratitude et, en mainte occasion, toute notre
admiration.
La tâche des organisateurs n’était pas mince. Il s’agissait de
grouper, sans qu’ils parussent s’y perdre, des objets tous menus et
de faible dimension dans les hautes et dévorantes galeries du Petit
Pal ais. Tout en faisant aux exigences d’une exposition publique les
sacrifices nécessaires, leur habile présentation a su conserver à cet
ensemble le caractère de cabinet d’amateur qui lui convient. Si, en
certaines vitrines, la réunion de pièces de nature et d’époques
différentes surprend tout d’abord nos habitudes un peu pédantes
d’ordre et de classification, nous ne devons pas oublier que l’amateur
très éclectique que fut Dutuit n’avait pas le même devoir qu’un
conservateur de musée chargé d’enrichir méthodiquement une col-
lection publique.
Dans l’examen rapide des pièces ici réunies, si nous suivons
l’ordre chronologique, nous voyons que la date la plus reculée nous
est fournie par un coffret rectangulaire formé de plaques d’os rap-
portées, sur lequel des frises à rosaces d’un type très caractérisé
encadrent de petits reliefs figurant des scènes du cirque. Le travail
en est grec et l’exécution s’en doit placer au vme siècle ou au ixc. L’on
y peut remarquer chez les animaux qui garnissent les pentes du
couvercle un caractère oriental très accusé que l’on relève égale-
ment sur certains olifants d’ivoire qui durent, vers la même époque,
être sculptés à Byzance sous l’inspiration de modèles venus de
l’Orient. D’un siècle environ plus jeune, mais de même origine, est
une plaque d’ivoire, panneau central d’un triptyque ou plaque de
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
pensons n’être pas le seul à avoir éprouvée? Je ne sais, au surplus,
si la faute en est à nous ou même à la collection, et m'est avis qu’il
la faut peut-être chercher ailleurs. L’espèce de mystère qui, du
vivant du donateur et en ces dernières années surtout entourait
cette collection peu facilement abordable et, en somme, mal connue
dans son ensemble, le fracas dont s’était accompagnée la nouvelle de
sa donation, et l’annonce réitérée des richesses qu’on la disait recé-
ler et qu’on semblait y découvrir chaque jour, avaient fait naître
dans beaucoup d’esprits l’idée de -merveilles cachées et l’attente
d’un éblouissement. Au jour dit, la réalité n’a pas passé nos espé-
rances. Mais il serait aujourd’hui souverainement injuste de lui
imputer la chute de nos illusions et de nous en prendre à elle si on
lui a fait imprudemment promettre plus qu’elle n’avait jamais
entendu tenir. Car elle tient beaucoup encore ; elle tient assez pour
justifier toute notre gratitude et, en mainte occasion, toute notre
admiration.
La tâche des organisateurs n’était pas mince. Il s’agissait de
grouper, sans qu’ils parussent s’y perdre, des objets tous menus et
de faible dimension dans les hautes et dévorantes galeries du Petit
Pal ais. Tout en faisant aux exigences d’une exposition publique les
sacrifices nécessaires, leur habile présentation a su conserver à cet
ensemble le caractère de cabinet d’amateur qui lui convient. Si, en
certaines vitrines, la réunion de pièces de nature et d’époques
différentes surprend tout d’abord nos habitudes un peu pédantes
d’ordre et de classification, nous ne devons pas oublier que l’amateur
très éclectique que fut Dutuit n’avait pas le même devoir qu’un
conservateur de musée chargé d’enrichir méthodiquement une col-
lection publique.
Dans l’examen rapide des pièces ici réunies, si nous suivons
l’ordre chronologique, nous voyons que la date la plus reculée nous
est fournie par un coffret rectangulaire formé de plaques d’os rap-
portées, sur lequel des frises à rosaces d’un type très caractérisé
encadrent de petits reliefs figurant des scènes du cirque. Le travail
en est grec et l’exécution s’en doit placer au vme siècle ou au ixc. L’on
y peut remarquer chez les animaux qui garnissent les pentes du
couvercle un caractère oriental très accusé que l’on relève égale-
ment sur certains olifants d’ivoire qui durent, vers la même époque,
être sculptés à Byzance sous l’inspiration de modèles venus de
l’Orient. D’un siècle environ plus jeune, mais de même origine, est
une plaque d’ivoire, panneau central d’un triptyque ou plaque de