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Nr. 3
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DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0280
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
marché depuis une cinquantaine de siècles, qu’on peut tout espérer, à condition
de n’être pas trop pressé. A ceux qui croient que la guerre est « divine », c’est-
à-dire destinée à durer toujours, rappelons seulement l’erreur d’un plus grand
qu’eux, Aristote, qui disait de l’esclavage à peu près ce qu’ils pensent de la guerre.
Vingt et quelques siècles ont suffi pour lui donner tort.
Espérons donc. En attendant, on ne peut méconnaître la part d’idéal que
l’humanité a introduite dans la guerre. Endurance aux pires fatigues, mépris du
danger, sentiment de l’honneur, sacrifice de sa vie pour le salut de tous, généro-
sité après la victoire : voilà les qualités qu’elle a louées par la voix de ses ora-
teurs et de ses poètes, chez les soldats les plus dignes de ce nom, et qu’elle a con-
AMAZONE BLESSÉE, DESSIN D’iNGRES D’APRÈS UN BAS-RELIEF
(Musée de Bayonne.)
tribué à développer en les louant, de même qu’elle a diminué, par ses mépris,
les défauts opposés.
Mais une revue d’art doit envisager avant tout les chefs-d’œuvre que la guerre
a inspirés aux grands artistes; elle doit porter son examen sur la beauté plastique.
C’est à ce seul point de vue, par exemple, qu’il faut regarder le bas-relief égyp-
tien du xvme siècle avant J.-C., Dénombrement clés prisonniers après la bataille
(p. 21). Bas-relief plus instructif qu’édifiant ! Sans doute pour éviter des erreurs
de calcul, peut-être aussi afin que, même après une évasion, ils ne fussent plus
des ennemis dangereux, on coupait aux captifs la main droite. Il ne s’agissait plus
ensuite que de compter les mains en présence du Pharaon, et d’en inscrire le
nombre sur des tablettes. Mais il faut avouer que l’auteur de ce bas-relief fut
un grand artiste, par la vérité des attitudes comme par la largeur de la compo-
sition et du modelé.
Quant a l’artiste du xive siècle qui peignit sur les murs du temple de Béit-
marché depuis une cinquantaine de siècles, qu’on peut tout espérer, à condition
de n’être pas trop pressé. A ceux qui croient que la guerre est « divine », c’est-
à-dire destinée à durer toujours, rappelons seulement l’erreur d’un plus grand
qu’eux, Aristote, qui disait de l’esclavage à peu près ce qu’ils pensent de la guerre.
Vingt et quelques siècles ont suffi pour lui donner tort.
Espérons donc. En attendant, on ne peut méconnaître la part d’idéal que
l’humanité a introduite dans la guerre. Endurance aux pires fatigues, mépris du
danger, sentiment de l’honneur, sacrifice de sa vie pour le salut de tous, généro-
sité après la victoire : voilà les qualités qu’elle a louées par la voix de ses ora-
teurs et de ses poètes, chez les soldats les plus dignes de ce nom, et qu’elle a con-
AMAZONE BLESSÉE, DESSIN D’iNGRES D’APRÈS UN BAS-RELIEF
(Musée de Bayonne.)
tribué à développer en les louant, de même qu’elle a diminué, par ses mépris,
les défauts opposés.
Mais une revue d’art doit envisager avant tout les chefs-d’œuvre que la guerre
a inspirés aux grands artistes; elle doit porter son examen sur la beauté plastique.
C’est à ce seul point de vue, par exemple, qu’il faut regarder le bas-relief égyp-
tien du xvme siècle avant J.-C., Dénombrement clés prisonniers après la bataille
(p. 21). Bas-relief plus instructif qu’édifiant ! Sans doute pour éviter des erreurs
de calcul, peut-être aussi afin que, même après une évasion, ils ne fussent plus
des ennemis dangereux, on coupait aux captifs la main droite. Il ne s’agissait plus
ensuite que de compter les mains en présence du Pharaon, et d’en inscrire le
nombre sur des tablettes. Mais il faut avouer que l’auteur de ce bas-relief fut
un grand artiste, par la vérité des attitudes comme par la largeur de la compo-
sition et du modelé.
Quant a l’artiste du xive siècle qui peignit sur les murs du temple de Béit-