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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
respire son esprit; tout y porte le caractère de la solidité, de l’ordre
et de la simplicité. » On pourrait appliquer tous ces mots à son buste
par Lemoyne, dont la facture n’a d’ailleurs pas la force nerveuse
et directe que l’on admire dans celui de la collection Doucet. Le
monument commandé à Lemoyne fut sans doute exécuté après la
mort de Trudaine ; la pré-
sence réelle du modèle
ne s’y fait pas sentir. Du
moins est-il conçu et con-
duit avec une convenance
parfaite et sans que sa
destination officielle lui
enlève rien de la simpli-
cité que réclamait le ca-
ractère de celui qu'il
s’agissait d’honorer.
Il est difficile d’ins-
crire un nom propre sous
le masque en terre cuite
qui, exposé en 1900 au
Petit Palais comme un
portrait de Falconet par
lui-même, a été acquis
par le Louvre de M. Donop
de Monchy. C’est avec
cette double attribution
que ce savoureux mor-
ceau, d’exécution large
et primesautière, avait
passé en 1880 à l’hôtel
Drouot dans la vente d’une
collection originaire de Saint-Pétersbourg. A l’examen, il a été facile
de s’assurer qu’il ne saurait être question d’un portrait de Falconet;
mais il reste très vraisemblable que ce masque est de sa façon, et sa
provenance pétersbourgeoise permet de supposer ou de rêver,
jusqu’à démonstration plus précise, que c’est peut-être là une des
nombreuses études qu’il avait esquissées, de verve et de « chic », pour
la statue de Pierre le Grand. Nous savons par sa correspondance, et
M. Ch. Cournault a raconté ici même1, que tous les projets qu’il
1. Voir Gazelle des Beaux-Arts, 2e pér., t. II, p. 117.
BUSTE I) HOMME INCONNU, TERRE CUITE PAR CHINARD
(Musée du Louvre.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
respire son esprit; tout y porte le caractère de la solidité, de l’ordre
et de la simplicité. » On pourrait appliquer tous ces mots à son buste
par Lemoyne, dont la facture n’a d’ailleurs pas la force nerveuse
et directe que l’on admire dans celui de la collection Doucet. Le
monument commandé à Lemoyne fut sans doute exécuté après la
mort de Trudaine ; la pré-
sence réelle du modèle
ne s’y fait pas sentir. Du
moins est-il conçu et con-
duit avec une convenance
parfaite et sans que sa
destination officielle lui
enlève rien de la simpli-
cité que réclamait le ca-
ractère de celui qu'il
s’agissait d’honorer.
Il est difficile d’ins-
crire un nom propre sous
le masque en terre cuite
qui, exposé en 1900 au
Petit Palais comme un
portrait de Falconet par
lui-même, a été acquis
par le Louvre de M. Donop
de Monchy. C’est avec
cette double attribution
que ce savoureux mor-
ceau, d’exécution large
et primesautière, avait
passé en 1880 à l’hôtel
Drouot dans la vente d’une
collection originaire de Saint-Pétersbourg. A l’examen, il a été facile
de s’assurer qu’il ne saurait être question d’un portrait de Falconet;
mais il reste très vraisemblable que ce masque est de sa façon, et sa
provenance pétersbourgeoise permet de supposer ou de rêver,
jusqu’à démonstration plus précise, que c’est peut-être là une des
nombreuses études qu’il avait esquissées, de verve et de « chic », pour
la statue de Pierre le Grand. Nous savons par sa correspondance, et
M. Ch. Cournault a raconté ici même1, que tous les projets qu’il
1. Voir Gazelle des Beaux-Arts, 2e pér., t. II, p. 117.
BUSTE I) HOMME INCONNU, TERRE CUITE PAR CHINARD
(Musée du Louvre.)