Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

DOI issue:
Nr. 5
DOI article:
Michel, André: Les acquisitions du département de la sculpture, [2]: du Moyen Âge, de la Renaissance et des temps modernes au Musée du Louvre
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0419

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
ACQUISITIONS DU DÉPARTEMENT DE LA SCULPTURE 383

amis auront plaisir à se retrouver. On se rappelle l’épitaphe que Boi-
leau écrivit en 1694 pour le tombeau d’Arnauld, mort en exil :

Au pied de cet autel de structure grossière,

Gît sans pompe, enfermé dans une vile bière,

Le plus savant mortel qui jamais ait écrit,

Arnauld, — qui, sur la grâce instruit par Jésus-Christ,

Combattant pour l’Église a, dans l’Église même,

Souffert plus d’un outrage et plus d’un anathème...

Mais, pour fruit de son zèle, on Ta vu rebuté,

En cent lieux opprimé par leur noire cabale,

Errant, pauvre, banni, proscrit, persécuté...

Ces vers, gravés au-dessous de notre nouveau buste, en seraient le
plus éloquent commentaire.

Pour le xviiff siècle, les gains ont été plus nombreux et la récolte
heureuse. Versailles a bien voulu nous céder l’admirable terre cuite
de Nicolas Coustou par Guillaume Coustou, qui y avait été portée
au temps de Louis-Philippe et qui, ne se rattachant pas directement
à l’histoire du château, avait sa place marquée dans le musée de la
sculpture française.

Nous avons trouvé chez un descendant direct des Lemoyne,
M. Y ves Lemoyne, le buste en bronze de Jean-Baptiste exécuté, en
1758, par Pajou, son élève; c'est celui-là même qui ligure dans le
pastel d’Àved et où revit avec une acuité si expressive sa mobile
physionomie. Après la mort du sculpteur, on grava sur le socle de
son buste ces vers de Ducis qui sont si bien « du temps » et com-
plètent la ressemblance historique du portrait :

Ta vois ici Le Moyne ; on connaît son cizeau ;

Nul n’enseigna son art avec plus d’éloquence.

L’Amitié, la Nature et la Reconnaissance
Ont, avec la Vertu, pleuré sur son tombeau.

En même temps que le buste du maître, une de ses œuvres
entrait au musée. Sans qu’on ait jamais pu savoir exactement pour-
quoi, ni à quelle époque, le monument élevé à Trudaine en témoi-
gnage de gratitude par les professeurs de l’École de Droit avait
été transporté à l’École des Ponts et Chaussées, qui le conservait
avec beaucoup de respect et encore plus de surprise. C’est sans doute
Perronet qui avait recueilli là Je marbre désaffecté. Le conseil de
l’Ecole, avec l’approbation du ministre compétent, voulut bien l’at-
tribuer au musée, où il a trouvé place dans la salle des Coustou. Un
membre de l’Académie des Sciences, dans un Eloge lu à l’assemblée
publique du 5 avril 1769, disait de Trudaine : « Tout ce qu’il a fait
 
Annotationen