QUELQUES ATELIERS D’IVOIRIERS FRANÇAIS
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à un cerlain art du Midi de la France, expliquant sans doute sa
médiocrité par son éloignement du milieu parisien; mais point n’est
besoin de cette hypothèse'pour comprendre la faiblesse de ce monu-
ment et de ses congénères : il suffit de les tenir pour exécutés par
un ouvrier médiocre dans un atelier qui se survit à lui-même, à une
époque où l’ivoire n'est plus qu’un banal «article de Saint-Sulpice »
et où l’art de l’ivoirier ne connaît plus que les formules où il s’est
enlizé L Contre ces formules, qu’elle-même avait d’ailleurs créées et
qui l’envahissaient aussi, la grande sculpture eut l’énergie de réagir;
une observation plus exacte la ramena à la nature et une admi-
rable floraison s’ensuivit, un renouvellement tel que les historiens
de l’art n’ont pas cru pendant longtemps pouvoir l’expliquer autre-
ment que par l’invasion pacifique dans toute la France d’une nou-
velle race de sculpteurs, les Flamands. L’étude de l’atelier le plus
important du milieu et de la seconde moitié du xiv° siècle, l’ate-
lier des Diptyques de la Passion, nous montrera si les ivoiriers ont
su emboîter le pas à leurs grands confrères et en suivre l’utile
exemple, ou s’ils se sont contentés, pour tout renouvellement, de
changer de mauvaises habitudes et de superposer de nouvelles for-
mules aux anciennes.
R A Y MO NI) KŒCHLIN
(La suite prochainement.)
I. L’un des plus médiocres de’ces polyptyques, et dont le style est franchement
détestable, est celui du musée de Grenoble; le n° 88 du musée de Berlin n’est pas
beaucoup meilleur.
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à un cerlain art du Midi de la France, expliquant sans doute sa
médiocrité par son éloignement du milieu parisien; mais point n’est
besoin de cette hypothèse'pour comprendre la faiblesse de ce monu-
ment et de ses congénères : il suffit de les tenir pour exécutés par
un ouvrier médiocre dans un atelier qui se survit à lui-même, à une
époque où l’ivoire n'est plus qu’un banal «article de Saint-Sulpice »
et où l’art de l’ivoirier ne connaît plus que les formules où il s’est
enlizé L Contre ces formules, qu’elle-même avait d’ailleurs créées et
qui l’envahissaient aussi, la grande sculpture eut l’énergie de réagir;
une observation plus exacte la ramena à la nature et une admi-
rable floraison s’ensuivit, un renouvellement tel que les historiens
de l’art n’ont pas cru pendant longtemps pouvoir l’expliquer autre-
ment que par l’invasion pacifique dans toute la France d’une nou-
velle race de sculpteurs, les Flamands. L’étude de l’atelier le plus
important du milieu et de la seconde moitié du xiv° siècle, l’ate-
lier des Diptyques de la Passion, nous montrera si les ivoiriers ont
su emboîter le pas à leurs grands confrères et en suivre l’utile
exemple, ou s’ils se sont contentés, pour tout renouvellement, de
changer de mauvaises habitudes et de superposer de nouvelles for-
mules aux anciennes.
R A Y MO NI) KŒCHLIN
(La suite prochainement.)
I. L’un des plus médiocres de’ces polyptyques, et dont le style est franchement
détestable, est celui du musée de Grenoble; le n° 88 du musée de Berlin n’est pas
beaucoup meilleur.