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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
conscience se résument chaque année, elles mériteraient sans doute
d’être étudiées à loisir ; qu’il me suffise de citer les noms de
MM. Alloy, Convers, Niclausse, Ovide Yencesse, de Mme Lancelot-
Croce, enfin de M. Frédéric Yernon, le triomphateur de l’année,
élève de M. Chaplain, mais surtout inspiré du symbolisme délicat et
si féminin de M. Roty, dont les formules ingénieuses prêtent leur
sourire aux entités les plus abstraites.
GRAVURE ET ART DÉCORATIF
Les hésitations, les inquiétudes qui ont pu entraver l’éclosion de
grandes œuvres peintes ou sculptées n’ont plus de raison d’être s’il
s’agit des arts mineurs; la gravure, la joaillerie, la céramique, les
arts qui ornent l’intimité de la vie deviennent, dans le désarroi du
grand art, le refuge et la consolation des ambitions déçues, du goût
et de la délicatesse obligés à se résumer en des objets que la main
peut tenir. Là, du moins, les efforts delà récente génération d’artistes,
mieux groupés, mieux dirigés, ont donné aux Expositions de ce
printemps leur plus agréable parure.
Il serait malséant, même en l’absence de pages extraordinaires,
de paraître négliger toute une classe de gravures qui ont tenu, au
Salon des Artistes Français, cette année comme les précédentes, une
place des plus honorables. Ce sont les gravures de reproduction,
bois, lithographies, burins surtout, dont l’enseignement de l’Ecole et
le concours de Rome maintiennent très heureusement la faveur
contre l’assaut toujours plus redoutable des procédés mécaniques.
Peut-être, il est vrai, dans cette abondancô de copies, y avait-il un
manque de beaux et glorieux modèles; est-ce que le goût public
demeurerait fidèle à certaines peintures dont la déchéance, après
un engouement inouï, a marqué l’une des plus singulières crises du
commerce d’art? Je n’ai pas compté moins de huit burins d’après
Meissonier, parmi lesquels le 1814 de M. Coppier, d’une exécution
remarquable.
La plupart de ces gravures appartiennent à des éditeurs anglais,
ressource précieuse de nos artistes dans les périodes où se tarit le
pactole des commandes officielles. C’est ainsi que M. Laguillermie
s’est appliqué à reproduire en grandes dimensions une médiocre
toile de M. Abbey, le Couronnement cVEdouard III à Westminster, et
que M. Sulpis a interprété sans enthousiasme, semble-t-il, le Moulin
de Burne-Jones. M. Léopold Flameng, plus heureux, a terminé
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
conscience se résument chaque année, elles mériteraient sans doute
d’être étudiées à loisir ; qu’il me suffise de citer les noms de
MM. Alloy, Convers, Niclausse, Ovide Yencesse, de Mme Lancelot-
Croce, enfin de M. Frédéric Yernon, le triomphateur de l’année,
élève de M. Chaplain, mais surtout inspiré du symbolisme délicat et
si féminin de M. Roty, dont les formules ingénieuses prêtent leur
sourire aux entités les plus abstraites.
GRAVURE ET ART DÉCORATIF
Les hésitations, les inquiétudes qui ont pu entraver l’éclosion de
grandes œuvres peintes ou sculptées n’ont plus de raison d’être s’il
s’agit des arts mineurs; la gravure, la joaillerie, la céramique, les
arts qui ornent l’intimité de la vie deviennent, dans le désarroi du
grand art, le refuge et la consolation des ambitions déçues, du goût
et de la délicatesse obligés à se résumer en des objets que la main
peut tenir. Là, du moins, les efforts delà récente génération d’artistes,
mieux groupés, mieux dirigés, ont donné aux Expositions de ce
printemps leur plus agréable parure.
Il serait malséant, même en l’absence de pages extraordinaires,
de paraître négliger toute une classe de gravures qui ont tenu, au
Salon des Artistes Français, cette année comme les précédentes, une
place des plus honorables. Ce sont les gravures de reproduction,
bois, lithographies, burins surtout, dont l’enseignement de l’Ecole et
le concours de Rome maintiennent très heureusement la faveur
contre l’assaut toujours plus redoutable des procédés mécaniques.
Peut-être, il est vrai, dans cette abondancô de copies, y avait-il un
manque de beaux et glorieux modèles; est-ce que le goût public
demeurerait fidèle à certaines peintures dont la déchéance, après
un engouement inouï, a marqué l’une des plus singulières crises du
commerce d’art? Je n’ai pas compté moins de huit burins d’après
Meissonier, parmi lesquels le 1814 de M. Coppier, d’une exécution
remarquable.
La plupart de ces gravures appartiennent à des éditeurs anglais,
ressource précieuse de nos artistes dans les périodes où se tarit le
pactole des commandes officielles. C’est ainsi que M. Laguillermie
s’est appliqué à reproduire en grandes dimensions une médiocre
toile de M. Abbey, le Couronnement cVEdouard III à Westminster, et
que M. Sulpis a interprété sans enthousiasme, semble-t-il, le Moulin
de Burne-Jones. M. Léopold Flameng, plus heureux, a terminé