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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
de San Pellegrino est daté de 1465 et sa seule œuvre signée (à Monte
San Martino, près de Camerino) est de l’année 1473.
L’élève direct, le vrai successeur de Girolamo (à en juger du
moins par l’étude des œuvres) fut Matteo da Gualdo. Cet artiste
singulier, bien que son dessin fût d’une incorrection désespérante,
bien qu’il ne comprit rien aux proportions du corps humain qu’il
eut cependant la témérité de peindre parfois sans voiles, possède
néanmoins un incontestable sens de la beauté, qui, s’il touchait au
grotesque, fut complété par un goût très remarquable de la couleur,
L’ANNONCIATION, PAR MATTEO DA GUALDO
(Pinacothèque de Gualdo-Tadino-)
une délicatesse de touche et une sûreté de main étonnantes : aussi
est-il l’un des peintres ombriens que nous aimons le plus. 11 est
parfois d’un maniérisme qui rivalise avec l’ultime mièvrerie des
gothiques septentrionaux. Le charme qui s’exhale pourtant de ses
œuvres, et que nous sentons encore aujourd’hui, fut l’inspirateur
de son contemporain plus jeune et plus génial, Carlo Grivelli.
Dans une curieuse Annonciation de la Pinacothèque de Gualdo-
Tadino, la ressemblance avec Crivelli est visible, tant dans le dessin
délicat de l’architecture trop ornée, que dans la charmante scène
de genre qui se passe sur le balcon : sainte Anne se penche d’un
air anxieux sur le parapet; saint Joachim, dans la maison, est
plongé dans un livre; la servante, enfin, jette de derrière un balcon
un regard indiscret, tandis qu’un enfant insouciant continue à jouer.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
de San Pellegrino est daté de 1465 et sa seule œuvre signée (à Monte
San Martino, près de Camerino) est de l’année 1473.
L’élève direct, le vrai successeur de Girolamo (à en juger du
moins par l’étude des œuvres) fut Matteo da Gualdo. Cet artiste
singulier, bien que son dessin fût d’une incorrection désespérante,
bien qu’il ne comprit rien aux proportions du corps humain qu’il
eut cependant la témérité de peindre parfois sans voiles, possède
néanmoins un incontestable sens de la beauté, qui, s’il touchait au
grotesque, fut complété par un goût très remarquable de la couleur,
L’ANNONCIATION, PAR MATTEO DA GUALDO
(Pinacothèque de Gualdo-Tadino-)
une délicatesse de touche et une sûreté de main étonnantes : aussi
est-il l’un des peintres ombriens que nous aimons le plus. 11 est
parfois d’un maniérisme qui rivalise avec l’ultime mièvrerie des
gothiques septentrionaux. Le charme qui s’exhale pourtant de ses
œuvres, et que nous sentons encore aujourd’hui, fut l’inspirateur
de son contemporain plus jeune et plus génial, Carlo Grivelli.
Dans une curieuse Annonciation de la Pinacothèque de Gualdo-
Tadino, la ressemblance avec Crivelli est visible, tant dans le dessin
délicat de l’architecture trop ornée, que dans la charmante scène
de genre qui se passe sur le balcon : sainte Anne se penche d’un
air anxieux sur le parapet; saint Joachim, dans la maison, est
plongé dans un livre; la servante, enfin, jette de derrière un balcon
un regard indiscret, tandis qu’un enfant insouciant continue à jouer.