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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 3
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Maeterlinck, Louis: Les peintres rhétoriciens flamands et le "maître des femmes à mi-corps"
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0256
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

cert et ses Femmes lisant ou écrivant semble pouvoir servir de
trait d’union entre les portraits anglais de d’Heere et les peintures
jusqu’ici attribuées au « Maître des Femmes à mi-corps ».

La découverte de deux œuvres inconnues de Lucas d’Heere, au
musée de Gand, découverte dont nous avons entretenu dernière-
ment les lecteurs de la Chronique1, est plus précieuse encore au
point de vue de l’étude de l’esthétique si déroutante de notre peintre
rhétoricien gantois. Car le premier de ces deux volets nous montre
une peinture romanisante quelconque, qui se rapproche de celles
absolument authentiques conservées à Saint-Bavon ; tandis que le
second, représentant un moine de l’ordre de Cîteaux, qui constitue
le seul portrait connu de ce maître hors de b Angleterre, lui est très
supérieur ; le paysage, où nous voyons dans le lointain un de ces
châteaux ou forteresses qui lui servaient de signature, ressemble
comme exécution et composition à celui qui sert de fond aux trois
déesses du portrait allégorique d’IIampton Court. Les chairs, quoique
d’une facture plus grasse, avec leurs tonalités grises et nacrées
plus modernes, conservent cependant l’aspect réaliste et les tradi-
tions de nos grands portraitistes de l’époque médiévale, dont il
s’inspira dans ses meilleures peintures conservées en Angleterre.

En revanche, les revers des deux volets juxtaposés, qui forment
une Vanitas, nous offrent une facture mince et lisse, presque lavée,
qui rappelle le faire du « Maître des Femmes à mi-corps ».

Comme on le voit, la peinture du musée de Gand présente réu-
nies les trois faces, très différentes, de l’esthétique déconcertante
de Lucas d’Heere (nous n’en avions vu que deux dans le tableau
allégorique d’Hampton Court). Peut-être contribuera-t-elle à lever
le voile qui recouvre encore la reconstitution complète de l’œuvre
peint de Lucas d’Heere, qui seul possède les conditions requises
pour qu’on puisse lui attribuer avec quelque probabilité les pein-
tures poétiques, aristocratiques et littéraires du « Maître des
Femmes à mi-corps ».

En tout cas, sans insister davantage sur une simple hypothèse,
nous avons cru qu’il était utile de vulgariser les pièces les plus nou-
velles et les plus utiles au procès. Puissent leur vue et ces quelques
notes contribuer au seul résultat que nous désirons : faciliter de
nouvelles et plus heureuses recherches pour aboutir à la vérité.

L. MAETERLINCK

1. Une œuvre inconnue de Lucas cl’Heerè au Musée de Gand (Chronique des Arts,
24 août 1907).
 
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