Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 39.1908)

LES PEINTRES RHETORICIENS FLAMANDS ^35

meurtre). Comme les jolies patriciennes du «Maître des Femmes à
mi-corps » dont nous avons vu quelques reproductions, elle est

assise à une table tenant une plume
et s’apprêtant à écrire dans un
cahier ouvert, près d’un encrier à
côté d’une fleur, tandis que de
l’autre main elle tient un livre
entr’ouvert marqué d’un signet1.
Ce tableau2 figura également à la
New Gallery.

Ici se place un autre portrait,
non moins précieux, représentant
une dame bourgeoise flamande,
conservé au Musée impérial de
Vienne, où il est catalogué sous le
nom du « Maître des Femmes à
mi-corps ».

Tous les caractères de l’esthé-
tique de ce peintre s’y retrouvent :
le décolletage en carré, les fausses
manches et les accessoires, le livre
historié, bien en vue sur une table
recouverte d’un tapis oriental, dont
nous avons vu presque le pareil
sur le pseudo-portrait de Lady Grey
appartenant au comte de Spencer.
La tête, cependant, avec son cu-
rieux bonnet à la mode de Flandre,
cachant les cheveux, nous montre
une exécution plus serrée et plus
réaliste, se rapprochant davantage
du genre de Holbein, que d’Heere
avait adopté lors de son séjour en
Angleterre.

Cette peinture, d’un aspect beau-
coup moins fantaisiste que le Con-

PORTRAIT D’UN DONATEUR
PAR LUCAS D’HEERE
(Musée de Gand.)

1. Nous n’avons pu nous procurer la photographie de cette peinture si pré-
cieuse, dont nous avons donné un croquis dans le Bulletin cle la Société d’ilis-
toire et d’archéologie de Gand (séance du 20 février 1906).

2. Reproduit dans le Connaisseur, t. II.