Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 39.1908)

LE MEDAILLEUR « A L’AMOUR CAPTIF

))

armi tant d’admirables médailles de
la Renaissance italienne, dont les
auteurs nous sont restés inconnus et
dont l’obscure origine intrigue notre
curiosité; l’une des plus belles, et
l'une en même temps des plus cu-
rieuses par l’effigie qu’elle éternise,
est cette médaille de Lucrèce Borgia
au revers de laquelle on voit un
Amour attacb é à un arbre où pendent
son arc et son carquois inutiles. Elle
date sans doute, comme semble l’in-
diquer la légende1, de l’avènement d’Alphonse d’Este et de Lucrèce
au trône de Ferrare, en 1505 : l’avers est la reproduction presque
identique d’un médaillon que l’on trouve soit sans revers, soit
accouplé à un portrait d’Alphonse d’Este, et qui fut fondu évidem-
ment pour le mariage de la hile d’Alexandre VI avec le fils d’Hercule
de Ferrare, en 15012. Sur les pièces de 1501 le portrait de Lucrèce est
traité dans un style encore plus large et plus puissant que sur les
pièces de 1505, mais au revers de celles-ci le médailleur a ajouté,
en même temps que la figure de l’Amour captif, une légende inat-
tendue : « Virtuti cic formae pudicitia praeciosissimum » ; pour que

1. Yoy. Armand, Les Médailleurs italiens, t. I, p. 118, n° 3. Lucrèce Borgia est
expressément appelée ici duchesse de Ferrare, de Modène et de Reggio : « Lucretiœ
Borgia Esten. Ferrariæ, Mut. ac Régit D. »

2. Armand, ibid., t. II, p. 89, n° 2. Sur celte médaille, Alphonse d’Este ni
Lucrèce ne portent les titres de duc et duchesse de Ferrare : Lucrèce est appelée-
« Lucretia Estn. de Borgia duc. ». Lucrèce était personnellement duchesse de Biselli ;
son fils Rodriguez d’Aragon hérita, dès 1502, de ce duché.

xxxix. — 3e PÉRIODE.

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