DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:Beaunier, André: Les salons de 1908, 1
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0410
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
pas de poser ses quatre pieds sur le sol, si l’arc-en-ciel n’en finit pas
de se dissoudre dans l’atmosphère.
La drôle d’idée, d’installer une fois pour toutes un arc-en-ciel
dans une mairie, un arc-en-ciel solide plus que de raison et qu’il
faudrait détruire à coups de hache, pour s’en défaire !...
M. Maurice Denis a peint le repos, la calme vie, la sereine
gaieté; il a peint le silence où fleurit la douce chanson d’un violon.
La plupart des artistes d’aujourd’hui sont bien désagréables
pour méconnaître les règles des genres qu’ils pratiquent. Sous
prétexte de mépriser les entraves qui gêneraient leur libre génie, ils
négligent toute contrainte. Certes, il y a des règles niaises qui ont
sévi de temps à autre; mais il y a aussi des règles qui sont les
conditions raisonnables et logiques de tel ou tel genre. Celles-là,
il est fou de les omettre.
La peinture décorative, à cause des rapports qu’elle a nécessai-
rement avec d’autres arts, est soumise à de concrètes exigences,
qui résultent de réalités inévitables.
M. Maurice Denis a tenu compte de ces exigences. Son œuvre est
jolie, pleine de grâce. Elle doit beaucoup à l’esthétique de Puvis de
Chavannes; mais cependant elle a un précieux caractère d’origi-
nalité : une pensée très personnelle s’y révèle, une âme contempla-
tive, allègre et volontiers heureuse.
Quelles sont les ressources de cet art délicat? Je les crois un
peu limitées, à vrai dire; et je ne sais pas jusqu’où iraient ses pro-
digalités ingénieuses. Plutôt que de vouloir en vain le deviner,
j’aime mieux avoir signalé une réussite charmante.
ANDRÉ BEAUN1ER
(La suite 'prochainement.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
pas de poser ses quatre pieds sur le sol, si l’arc-en-ciel n’en finit pas
de se dissoudre dans l’atmosphère.
La drôle d’idée, d’installer une fois pour toutes un arc-en-ciel
dans une mairie, un arc-en-ciel solide plus que de raison et qu’il
faudrait détruire à coups de hache, pour s’en défaire !...
M. Maurice Denis a peint le repos, la calme vie, la sereine
gaieté; il a peint le silence où fleurit la douce chanson d’un violon.
La plupart des artistes d’aujourd’hui sont bien désagréables
pour méconnaître les règles des genres qu’ils pratiquent. Sous
prétexte de mépriser les entraves qui gêneraient leur libre génie, ils
négligent toute contrainte. Certes, il y a des règles niaises qui ont
sévi de temps à autre; mais il y a aussi des règles qui sont les
conditions raisonnables et logiques de tel ou tel genre. Celles-là,
il est fou de les omettre.
La peinture décorative, à cause des rapports qu’elle a nécessai-
rement avec d’autres arts, est soumise à de concrètes exigences,
qui résultent de réalités inévitables.
M. Maurice Denis a tenu compte de ces exigences. Son œuvre est
jolie, pleine de grâce. Elle doit beaucoup à l’esthétique de Puvis de
Chavannes; mais cependant elle a un précieux caractère d’origi-
nalité : une pensée très personnelle s’y révèle, une âme contempla-
tive, allègre et volontiers heureuse.
Quelles sont les ressources de cet art délicat? Je les crois un
peu limitées, à vrai dire; et je ne sais pas jusqu’où iraient ses pro-
digalités ingénieuses. Plutôt que de vouloir en vain le deviner,
j’aime mieux avoir signalé une réussite charmante.
ANDRÉ BEAUN1ER
(La suite 'prochainement.)