Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 39.1908)

L’ARCHITECTURE DES TOMBEAUX

DES MÉDICIS

I

l est facile de se rendre compte des
défauts de l’architecture des tom-
beaux des Médicis et, à diverses re-
prises, j’ai eu l’occasion de les signa-
ler, même au risque de m’exposer au
reproche de manquer de respect en-
vers Michel-Ange. Mais, à ceux qui
) trouvent ces critiques téméraires, je
répondrai que, loin de porter atteinte
au génie de ce grand maître, elles sont
au contraire un hommage qu’on lui
rend, en montrant qu’une œuvre aussi faible en certaines de ses parties
n’avait pu être librement conçue par lui. J’essaierai de prouver que
les tombeaux actuels ne sont pas l’expression de sa première pensée,
mais ne sont en quelque sorte que l’avortement de projets beaucoup
plus beaux qui, pour diverses raisons, ne furent pas exécutés.

Nous chercherons tout d’abord à résumer ce qui paraît le plus
critiquable dans ces tombeaux.

Il n’y a pas de motif central, ou plutôt ce motif n'a pas la valeur
qu’il devrait avoir. La place réservée à la statue du Prince, à celle
de Julien comme à celle de Laurent de Médicis, est trop petite et
peu en rapport avec celle donnée aux figures accessoires qui l’accom-
pagnent. Ce défaut serait bien plus choquant encore si les niches
latérales, actuellement vides, avaient reçu des statues. La statue du
Prince serait comme étouffée, et l’admirable caractère des figures
couchées sur le sarcophage perdrait beaucoup par l’addition de

XXXIX. — 3e PÉRIODE. 3