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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Jardé, Auguste: Délos: une Pompéi hellénique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0023

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16

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

la grandeur des insirfæ donne aux quartiers de Délos leur physiono-
mie propre. Les rues zigzaguent, s’entre-croisent, sans qu’on puisse
déterminer une ligne directrice. C'est un réseau de ruelles étroites,
resserrées entre des constructions mal alignées, tantôt s’élargissant
graduellement, tantôt étranglées par la brusque saillie d'une façade,
ici coupées par une marche, là interrompues par un escalier. Délos
fait contraste avec les grandes villes hellénistiques, comme Priène,
dont toutes les rues se coupent à angle droit et dont le plan en
damier éveille l'idée des villes neuves d’Amérique. Née auprès du
sanctuaire, la ville a grandi lentement, selon les besoins du mo-
ment, sans plan préconçu, sans même, semble-t-il, que des règlements
de voirie soient venus entraver la libre activité des particuliers.
Chaque constructeur n'a eu qu’une pensée : utiliser le plus avanta-
geusement possible le terrain dont il disposait. Grâce à ce dévelop-
pement naturel, Délos, épousant les formes du sol qui la portait, a
pu éviter la rigidité et la froideur des tracés géométriques.

La prospérité de Délos a été de courte durée : saccagée par les
généraux de Mithridate, pillée par les pirates, abandonnée de plus
en plus par le commerce italien, elle n’était plus, dès le ior siècle de
notre ère, qu'un port secondaire. Cependant la ville ne disparut pas
brusquement : la prédiction de la Sibylle — ïaz-a.’. xal At,ao: <zôt,1cç —
mit plusieurs siècles à se réaliser. Sur les ruines du sanctuaire et
des quartiers voisins s’établit une population obscure, presque igno-
rée des historiens, mais dont nous retrouvons les maisons, les
églises, les tombeaux. Les Hospitaliers de Saint-Jean semblent avoir
été les derniers habitants de 1 île ; ils l’occupent encore en 1333,
mais lorsque, moins d’un siècle plus tard, Buondelmonte visite
Délos, il ne trouve plus qu'un désert. Cette solitude ne devait plus
être troublée que par de rares voyageurs, jusqu’au jour oîi les
fouilles de l’Ecole française amenèrent au dieu de nouveaux ado-
rateurs et où les « théories » d’archéologues défilèrent en pieux
pèlerinage dans le sanctuaire apollinien.

AUGUSTE J ARD E
 
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