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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 3
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Bénédite, Léonce: J.-J. Henner, [6]: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0282
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262

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

« Mais je ne fais pas de bruit. Je ne pense pas à une grande compo-
sition, je laisse cela à d'autres. »

Le voyage à Venise et à Parme, qui, de son aveu, lui a été si
profitable pour la technique, l’a peut-être éclairé sur lui-même. Il
nous a déjà dit qu’il a assez des héros grecs ou romains, des saints,
— si encore c’était des saintes! — et qu’il veut faire un nu, et une
femme. Le 23 janvier 1861, c'est-à-dire sous l’effet même de cette
heureuse impression, il conçoit l’idée de sa Jeune Baigneuse endor-
mie : << Je viens de commencer une femme couchée qui pourrait être
une nymphe à côté d’une fontaine. C’est mon affaire ! » 11 ne pouvait
mieux dire. On peut même trouver que c’est un mot divinatoire.
Et, en effet, nous surprenons là les trois simples cléments qui,
diversement combinés, forment la base de presque tous ses tableaux
à venir : une femme nue, un paysage crépusculaire, et une flaque
d'eau mirant le ciel.

L’idée de la Suzanne suivit de près l’exécution de la Baigneuse
endormie. L’auteur avait eu lieu d’en être satisfait. Au moment où
il se décourage, à propos de sa Sainte Christine, il écrit dans son
Journal, le 21 octobre 1861 : « Je veux de nouveau chercher une
étude de femme nue, un mouvement aussi naturel que possible, afin
de pouvoir en faire une bonne chose. » Cela est vague et indéter-
miné; mais, peu de temps auparavant, le 8 septembre, en marquant
à son maître le mal qu’il a à trouver un sujet, « car c’est quelque
chose de trouver un sujet », il lui confie son désir de faire une figure
nue. « Je voudrais aussi du paysage », ajoute-t-il; « je ne veux pas
faire une nymphe, c’est trop idéal pour moi ; car la couleur ne suffit
pas, il faudrait surtout l’idéal de la forme. Je suis presque sur le point
de faire une Suzanne au bain, sujet banal, c’est vrai, mais enfin c’est
un motif de figure avec paysage, et même, si l’on veut, une ou deux
têtes de vieillards derrière le feuillage. Mais il n’y a encore rien de
décidé. » Et, en effet, il est loin de l’exécuter. Peut-être ne se sent-il
pas encore assez maître de lui.

Ce sujet de la Suzanne semble lui avoir été suggéré parla Suzanne
au bain du Guerchin, à la galerie Colonna, qu’il se plaisait à visiter
souvent. Un album qui porte des croquis pris à Naples, ce qui le
daterait de 1862, présente, en effet, à sa première page, un petit
croquis de cette composition. Or, si nous prenons un autre album,
daté celui-ci expressément de 1863-186i, et, pour ainsi dire, entière-
rement consacré à la Suzanne, nous trouvons deux croquis d’une
jeune femme à peu près exactement dans l’attitude de la figure nue
 
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