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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 5
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Roche, Denis: Un "Saint-Sépulcre" démembré
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0438
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

sont traités de pratique, avec virtuosité. Il a les yeux fixes, dans un
air de profonde douleur qui agite et rapproche un peu ses sourcils
onduleux. Les cheveux coupent les joues dans un mouvement
oblique et couvrent les oreilles qu’on ne voit pas. Aux épaules du
personnage pend, soutenu par une jugulaire distendue, un casque
« à l’antique » de forme très curieuse. Le fond plat de la coiffure, et
son bord, fait d'une étoffe tordue, sont en manière de « turban »
classique d’imagier. Mais, de ce turban, sort une sorte de crête de
morion, cachant le fond de la coiffure et dont le couvre-nuque
finit en volute. Comme pouvait l’être au xvi° siècle un « chaperon »
de seigneur ou de damoiseau, le casque est orné sur la face qui
subsiste (la face gauche est brisée), de « bagues » et d’« enseignes » ;
sur le côté, se voit une figure d’homme, de profil à droite dans un
médaillon, accompagné de trois losanges. La robe longue de Nico-
dème et sa tunique tombant droit ont une raideur d’étoffes
différente de celles de Joseph d’Arimathie. La passementerie de la
tunique, à peu près en forme de rais de cœur, a une allure tout
à fait « romaine », « antique » ; la tunique, au contraire, boutonne
sur la poitrine par des boutons ronds, très« modernes », « français ».
Des épaules descend une ample bande d’étoffe, recouvrant par des
plis assez secs la jambe droite, et qui a le même mouvement général
que le manteau de Joseph d’Arimathie. Nicodème, le bras droit
replié sur la poitrine, tient de sa main fermée trois longs clous.
Sur ce bras tombe le suaire en un amas de plis rapprochés, et qu’ar-
rête une section crue de 20 centimètres de large. Sous le bras, le
linceul se continue en une courbe naturelle qui va jusqu’à la main
gauche. De cette main à demi baissée Nicodème soutient l’extré-
mité du suaire, encore enroulée sur son poignet. En même temps,
le disciple a dans sa main gauche des tenailles, aux mâchoires
brisées, et le manche d’un autre instrument, également brisé : le
marteau. Le mouvement des mains est des plus justes; les poignets
ont une saillie vigoureuse, caractéristique de la manière de l’artiste,
et d’une anatomie savante. Nicodème est chaussé de solerets, ce qui
paraît indiquer qu’il est censé avoir une armure sous tout cet attirail
de vêtements. Ces solerets, au bout médiocrement large, sont arti-
culés en un grand nombre de lames, se recouvrant en tuiles et fixées
à la semelle par des rivets.

Le Christ est, nous l’avons dit, la statue qui a le plus souffert.
Dans le grenier de la cure, elle était posée au ras du plancher, sans
aucun entourage. C’est merveille qu’après les quelque soixante ans
 
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