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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 1.1909

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Nr. 2
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Nolhac, Pierre de: Trois portraits inédits de Marie-Antoinette
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https://doi.org/10.11588/diglit.24871#0140
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

d’hui parmi les œuvres du xvme siècle que possède M. Marnier-
Lapostolle. Comment a-t-il été distrait des collections de la Couronne
et s’esl-il conservé dans un état de fraîcheur délicate, sans même
quitter, semble-t-il, son cadre d’origine? C’est un problème sur
lequel n’existe aucune donnée. Nous croyons, en effet, d'après l’aspect
et les dimensions de ce pastel, que c’est bien l’exemplaire de la série
faite à Vienne, et il est peu probable que Ducreux ait répété une
œuvre d’un caractère spécial et réservée à Sa Majesté1; au reste, l’in-
térêt historique resterait semblable, même si nous n’avions qu'une
réplique par l’artiste du portrait qui fut présenté à la Cour, dans le
cabinet du Roi, le 16 mai 1769.

C’est grâce au tableau de la collection Marnier-Lapostolle que
nous pouvons nous figurer désormais quelle impression produisit à
Versailles, la première fois qu’elle y parut, l’image de celle qui devait
y tenir une si grande place et qu’attendaient déjà tant d’intrigues et
de curiosités2.

Fine et précieuse en ses beaux atours, Marie-Antoinette n’est
jamais apparue plus jolie. Les lignes indécises de l’adolescence
prêtent au visage une douceur que l’âge effacera peu à peu. L'ingé-
nuité du regard est semblable à celle de la bouche, si petite et si rose
qu elle n’est qu’une fleur. Et cependant on peut deviner une prochaine
souveraine dans la façon fière de porter la tète, qui contraste avec
l’âge de l’enfant. La robe bleue, toute volantée de dentelles, est ornée
d'un nœud de même couleur sur la poitrine; une « palatine » légère,
d'un jaune pâle, frôle la peau nue, et le cou svelte est enserré d’un
ruban de soie bleue. La main tient un éventail, à peine indiqué, et
qu’on devine appuyé sur le bras du fauteuil. L'élève de La Tour a
reproduit dans ce détail l’arrangement du pastel de la dauphine Marie-
Josèphe de Saxe, qui est au Louvre; peignant la future dauphine,
l’occasion était bonne pour lui de rappeler le souvenir de son maître.

1. Seul peut-être, le duc de Choiseul, négociateur du mariage, pouvait
obtenir du roi une faveur de ce genre.

2. Nous étions réduits jusqu’à présent à la petite gravure de Duponchel, qui
porte le nom de Ducreux, et qui reproduit son œuvre avec une lourde mala-
dresse et la liberté alors d’usage chez les graveurs. On ignorait même que le
souvenir du pastel de 1769 pût être attaché avec certitude à telle ou telle imi-
tation à l’huile, exécutée par les copistes des Bâtiments du Roi, habitués à
reproduire en les simplifiant pour les besoins de la Cour, les portraits de la
famille royale. C’est le cas de la toile ovale du musée de Versailles, n° 3891,
dans laquelle Flammermont s’est refusé à tort à voir une peinture inspirée parle
pastel. Plusieurs détails y manquent, notamment la « palatine » jaune; mais le
caractère de copie est visible, dès qu’on le rapproche de l’original.
 
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