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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 3.1910

DOI issue:
Nr. 5
DOI article:
Réau, Louis: L' art du Moyen Âge et de la Renaissance à Cracovie, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24873#0447
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

U22

spectateur au visage rasé, vêtu d’une longue tunique, serait, d’après
une tradition locale, le peintre lui-même.

Les proportions de toutes ces figures sont très allongées. Ce n’est
déjà plus le « canon » de Durer : l’élégance et la souplesse langou-
reuse des formes, la morbidesse des modelés, les tonalités d’une
harmonie délicate, trahissent l’influence des Vénitiens et notamment
de Jacopo de’ Barbari via ko b Walch) dont Hans Sues passe pour
avoir été l’élève. Très inférieur à Durer par la richesse d'invention
et la force du génie, il séduit surtout par l’élégance des formes et
le sens de la couleur qui s’affirme surtout dans ses fonds de paysage.
Son style participe à la fois de Nuremberg et de Venise, de l’âpreté
franconienne et de la grâce italienne : c’est ce mélange ambigu qui
donne aux œuvres de ce maître trop ignoré une si rare saveur.

L’influence de ces deux cycles fut profonde sur les peintres de
Cracovie; dans le cycle de la Passion à la sacristie de Notre-Dame,
dans les Martyres ci'Apôtres qui décorent l’église Sainte-Catherine
du faubourg de Kazimierz, dans la Mort de la Vierge du Musée
Czartoryski, et dans beaucoup d’autres tableaux de la même époque,
on constate l imitation flagrante de sa manière.

Hans de Kulmbach ne fut pas le seul représentant de l’école
de Durer à Cracovie. Le propre frère du maître de Nuremberg,
Hans Durer, vint s’y établir en 1523, et il y resta jusqu’à sa mort, en
1538. Un petit tableau du Musée National, qui est marqué de son
monogramme H) et daté de 1526, appartient au début de son séjour :
c’est une œuvre d’une exécution médiocre, qui représente saint
Jérôme demi-nu, à genoux devant un crucifix et se frappant la poi-
trine, au milieu d’un paysage conçu dans le goût d’Altdorfer. Quelques
années plus tard, en 1529, il entre au service du roi Sigismond qui le
charge de peindre à fresque les appartements du château nouvel-
lement construit sur le Wawel. Cette décoration a partagé le sort
des grands ensembles décoratifs créés par les peintres allemands
du xvic siècle. Mais, si nous avons tout lieu de déplorer la disparition
des fresques de Cranach au château de Torgau et surtout celle des
grandes décorations d’Holbein à l’Hôtel de ville de Bâle, pareils
regrets seraient superflus pour les œuvres de Hans Dürer, qui n’a
jamais été qu’un peintre sans originalité et sans vigueur et qui porta,
en somme, très médiocrement un nom très glorieux.

Les archives nous ont conservé le nom d’un autre peintre fran-
conien : Michael Lencz (Lantz), de Kitzingen, qui semble avoir joué
un rôle assez important dans la colonie allemande de Cracovie entre
 
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