JEAN-FRANÇOIS RAFFAELLI
59
peuvent le faire réussir. C’est de bon cœur qu’il va revenir vers eux.
Se souvient-on qu’un jour Eugène Delacroix écrivit une lettre
très curieuse, par laquelle il exprimait que le caractère d’un paysage
de la banlieue parisienne valait bien à ses yeux tous les paysages
les plus vantés d’Italie? Cette affirmation, on en conviendra, portait
en soi un gros scandale. Je ne sais pas si, en cette année 1879 qui
allait être si décisive pour lui, Raffaëlli connaissait cette lettre,
mais, en tous cas, après Je prodigieux maître romantique, Raffaëlli
INVITÉS ATTENDANT LA NOCE, PAR M. J. - F. RAFFAËLLI (188 2)
(Musée du Luxembourg.)
fut « accroché », lui aussi, parla banlieue et les « terrains vagues ».
Oui! ce lui fut une illumination soudaine. Il trouvait du coup son
chemin de Damas. Ici, il y a de la beauté dolente, de l’épouvante,
de l’angoisse, de la pitié, de l’humilité à foison! Si l’on peut « déga-
ger » tout cela, simplement, sans emphase, rien qu’avec une force
sensible et tendre, c’est un admirable filon à exploiter.
Sans tarder, Raffaëlli quitte la rue Notre-Dame-de-Lorette pour
venir s’installer à Asnières, ce centre d’où il explorera à loisir toute
la banlieue. Puis, tout de suite sagace, réfléchi, ayant retrouvé
tout son sang-froid devant l’œuvre à peindre, il envoie au Salon
de cette môme année 1879 : La Rentrée des chiffonniers et Les Deux
59
peuvent le faire réussir. C’est de bon cœur qu’il va revenir vers eux.
Se souvient-on qu’un jour Eugène Delacroix écrivit une lettre
très curieuse, par laquelle il exprimait que le caractère d’un paysage
de la banlieue parisienne valait bien à ses yeux tous les paysages
les plus vantés d’Italie? Cette affirmation, on en conviendra, portait
en soi un gros scandale. Je ne sais pas si, en cette année 1879 qui
allait être si décisive pour lui, Raffaëlli connaissait cette lettre,
mais, en tous cas, après Je prodigieux maître romantique, Raffaëlli
INVITÉS ATTENDANT LA NOCE, PAR M. J. - F. RAFFAËLLI (188 2)
(Musée du Luxembourg.)
fut « accroché », lui aussi, parla banlieue et les « terrains vagues ».
Oui! ce lui fut une illumination soudaine. Il trouvait du coup son
chemin de Damas. Ici, il y a de la beauté dolente, de l’épouvante,
de l’angoisse, de la pitié, de l’humilité à foison! Si l’on peut « déga-
ger » tout cela, simplement, sans emphase, rien qu’avec une force
sensible et tendre, c’est un admirable filon à exploiter.
Sans tarder, Raffaëlli quitte la rue Notre-Dame-de-Lorette pour
venir s’installer à Asnières, ce centre d’où il explorera à loisir toute
la banlieue. Puis, tout de suite sagace, réfléchi, ayant retrouvé
tout son sang-froid devant l’œuvre à peindre, il envoie au Salon
de cette môme année 1879 : La Rentrée des chiffonniers et Les Deux