JEAN-FRANÇOIS RAFFAELLI
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les bouges où on leur débite de terribles alcools, se moquant du
soleil, de la pluie et de la neige, dormant au hasard, s’aimant de
même, mourant enfin, avec, au coin de la bouche, un pli de joviale
insolence !
Aux portes de la ville, le matin, passe, va et vient aussi, toute
une population de petits ouvriers, de gagne-petit, de fumistes, de
rempailleurs de chaises, de repasseurs de couteaux, de réparateurs
LE TERRAIN VAGUE, PAR M. J.-F. RAFFAELLI (1882)
(Collection de M. A. W. E., Londres.)
de robinets et de porcelaines, qui rentrent, le soir, exténués, le dos
voûté, cassé, les jambes mortes.
Enfin, ce sont quelques petits rentiers, habillés gauchement,
anciens employés serviles, timorés, inquiets dès que le crépuscule
tombe, dès qu’un coup de sifflet de locomotive fait croire que des
bandes de « grinches » glapissent, rassemblées par les « Terreurs ».
pour quelque besognerapi.de à coups de « rigolos » et de « lingues ».
Cela, c’est, d’ensemble, l’aspect des hôtes; mais combien extraor-
dinaires encore sont les paysages!
Faits de gravats et de suie, de décharges publiques et de boue,
hérissés d’arbres grêles et malingres, leur sol bossué de détritus et
de culs de bouteilles, leurs ciels toujours hostiles à cause des fumées
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les bouges où on leur débite de terribles alcools, se moquant du
soleil, de la pluie et de la neige, dormant au hasard, s’aimant de
même, mourant enfin, avec, au coin de la bouche, un pli de joviale
insolence !
Aux portes de la ville, le matin, passe, va et vient aussi, toute
une population de petits ouvriers, de gagne-petit, de fumistes, de
rempailleurs de chaises, de repasseurs de couteaux, de réparateurs
LE TERRAIN VAGUE, PAR M. J.-F. RAFFAELLI (1882)
(Collection de M. A. W. E., Londres.)
de robinets et de porcelaines, qui rentrent, le soir, exténués, le dos
voûté, cassé, les jambes mortes.
Enfin, ce sont quelques petits rentiers, habillés gauchement,
anciens employés serviles, timorés, inquiets dès que le crépuscule
tombe, dès qu’un coup de sifflet de locomotive fait croire que des
bandes de « grinches » glapissent, rassemblées par les « Terreurs ».
pour quelque besognerapi.de à coups de « rigolos » et de « lingues ».
Cela, c’est, d’ensemble, l’aspect des hôtes; mais combien extraor-
dinaires encore sont les paysages!
Faits de gravats et de suie, de décharges publiques et de boue,
hérissés d’arbres grêles et malingres, leur sol bossué de détritus et
de culs de bouteilles, leurs ciels toujours hostiles à cause des fumées