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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 5.1911

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Nr. 2
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Foville, Jean de: Le Mino de Fiesole de la Bibliothèque Nationale
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https://doi.org/10.11588/diglit.24875#0171

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LE MINO DE FIESOLE DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 151

creusé d’une fine fossette, et, dans l’ensemble, une nuance d’asymétrie
qui a son charme et qui fait penser à ce sourire dit « éginétique » de
certaines statues grecques du ve siècle, — voilà ce qui compose le
caractère très frappant de ce buste, et voilà ce que seul Mino a pu
mettre dans cette sculpture où respire un sentiment délical et contenu.
Du reste, au revers du bas-relief est gravée en creux une signature
(reproduite ici en cul-de-lampe) qui occupe la plus grande largeur
de la mandorla. une signature en belles lettres du xve siècle, fran-
chement incisées : OPYS. MINI.

C’est cependant cette œuvre d’un caractère si net que deux
critiques qui se sont occupés spécialement de Mino da Fiesole ont
dédaigneusement déclarée fausse, il y a peu d’années. Dans son
Histoire de l'art italien*, M. Adolfo Venluri inscrit le marbre du
Cabinet des Médailles à la table de proscription des sculptures selon
lui faussement attribuées à Mino, et il y ajoute cette mention ; « Plus
que suspect. » Mais sa table de proscription, comme jadis celles de
Sylla, ne porte point les « attendus » d’un jugement si sévère. Quant
à M. Diego Angeli, dans le livre1 2 qu’il a consacré tout entier à Mino
da Fiesole, et où cependant il s’est montré souvent scrupuleux et
ingénieux, il écrit: « Le médaillon de la Bibliothèque Nationale
n’appartient en aucune façon au ciseau de l’artiste toscan. C’est une
tête de femme assez grossière, dans un cadre ovale: en bas un cercle
décoré de deux ailes fait songer à des armes qui n’existent pas
Mais ni le style de cette mauvaise sculpture, ni la technique, ni
même l’habillement de la femme, qui est évidemment postérieur à
l’époque de Mino, ne nous autorisent à lui attribuer ce bas-relief
lourd et sans goût. »

Des affirmations si légères font présumer que ni M. Venturi ni
M. Angeli n’ont étudié sur place ce marbre du Cabinet des
médailles. Il est, en effet, facile de leur répondre par deux ordres
d’arguments, les uns extrinsèques et les autres analytiques, qui per-
mettent d’établir indiscutablement l’authenticité du bas-relief.

Notons d’abord que la Bibliothèque Nationale le possède depuis
la Bévolution. S’il n’a pas été publié avant 1877, il est resté exposé
pendant tout le xixe siècle sans jouir d’aucune notoriété, ce qui
n’est nullement étonnant pour une œuvre du quattrocento. Comment
est-il entré à la Bibliothèque? Il y a été vraisemblablement porté

1. Yenturi, Storia dell’arte ilaliana, vol. VI : La Scullura del quattrocento {W\\ûï\,
1908), p. 654.

2. Diego Angeli, Mino da Fiesole (Florence, 1905), p. 69.
 
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