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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 5.1911

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Nr. 5
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Reymond, Marcel: L' autel du Val-e-Grâce et les ouverages du Bernin en France
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https://doi.org/10.11588/diglit.24875#0416

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L’AUTEL DU YAL-DE-GRACE

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d’égaler, je ne dis certes pas le Bernin, auquel aucun sculpteur ne
peut être comparé, mais les élèves du Bernin. Une statue du moindre
de ses élèves, surtout lorsqu'ils travaillaient sous ses yeux et sous sa
direction, et presque toujours avec quelques retouches de lui, dépasse
de beaucoup en beauté une œuvre d’Anguier. Au surplus, Michel
Anguier n’était pas fait pour interpréter dans son esprit un projet
du Bernin. Michel Anguier, qui, à Borne, a étudié spécialement les
antiques, a une manière un peu forte, un peu rude, et il ne sait rien
des préciosités, des souplesses, des voluptés de l’art du Bernin.
Dans son œuvre, les draperies sont trop épaisses, et surtout les nus
manquent de cette étonnante morhidesse qui rend inimitable le
style du Bernin.

Pour que mon argumentation soit aussi complète que possible,
après avoir montré que cet autel et ces statues portent au plus haut
point la marque de l’art du Bernin, il me resterait à montrer que,
vers le milieu du xvne siècle, aucun architecte à Paris n’était
capable de faire une telle œuvre, ni même d’en entrevoir la possi-
bilité. Je pense que l’on me dispensera d’une telle démonstration,
qui doit paraître trop évidente. Cependant, puisque le nom de Le
Duc est prononcé avec tant de persistance au sujet de cette œuvre, il
faut dire quelques mots de cet artiste, montrer que, moins que tout
autre, il était capable de la faire.

Le Duc est tout à fait un homme de second plan. Sa place dans
l’art français est si secondaire, que M. Henry Lemonnier n’a même
pas cru devoir le citer dans son bel ouvrage sur L’Art français au
temps de Richelieu et de Mazarin, et, de même, Quatremère de Quincy
ne lui consacre aucune notice dans son Dictionnaire des architectes.

Nous ne savons pas la date de naissance de Le Duc, mais, comme
il est mort en 1704, nous devons supposer qu’il était encore jeune
lorsque, à la mort de Lemercier, en 1654, il fut chargé, avec Le Muet,
de continuel1 le Val-de-Grâce. Et, comme les historiens nous disent
que déjà auparavant il avait été employé aux travaux du Val-de-
Grâce, sous la direction de Lemercier, et même sous celle de Man-
sart, c’est-à-dire avant 1650, cela nous prouve que Le Duc a été, dès
sa première jeunesse, occupé à des travaux à Paris, et qu’il n’est
pas vraisemblable qu’il soit allé en Italie, ou tout au moins qu’il y
ait longtemps séjourné. Et c’est capital, car, pour faire l’autel du
Val-de-Grâce, il faut absolument un artiste intimement pénétré des
idées italiennes, un artiste qui aurait fait un très long séjour en
Italie.
 
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