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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Marcel, Henry: Un peintre de la vie rustique au XVIIe siècle: Jean Siberechts
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0392
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368

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

ses Anecdotes sur la 'peinture, dit qu’il « peignait des paysages et
avait étudié (sic) les vues du Rhin, dont ses dessins à l’aquarelle
sont plus communs que ses peintures ». Le duc de Buckingham,
revenant par les Flandres de son ambassade à Paris 1, le découvrit à
Anvers, se prit de goût pour ses ouvrages, l’invita à se rendre en
Angleterre et l’employa à Cliefden. Il fît, en 1686, plusieurs vues de
Ghatsworth. Walpole mentionne deux ouvrages de lui à Newstead
Abbey : le premier était un paysage « dans le style de l’école de
Rubens », l’autre, qu’il jugeait meilleur, « une vue de Longleat,
assez dans le goût de Wouverm-an ». Siberechts mourut en 1703,
et fut inhumé au cimetière de Saint-James.

Les œuvres de Siberechts parlent heureusement pour lui; sans
être fort nombreuses dans les galeries publiques d’Europe, elles s’y
font, du moins, remarquer. Ce sont les musées de la Belgique, son
pays, qui en sont le plus riches. Mais, en France, Paris, Lille, Valen-
ciennes et Bordeaux contiennent des toiles importantes de lui, et, à
l’étranger, les collections publiques de Munich, de Hanovre, de
Budapest et de Copenhague exposent sous son nom des ouvrages inté-
ressants. Nous serions heureux que ce modeste essai désignât notre
héros aux investigations des curieux, et qu’on vit ainsi s’accroître
une moisson dont, en attendant, nous ne négligerons pas un épi.

La Cour de ferme du musée de Bruxelles, peinte en 1660, montre
une exploitation prospère en pleine activité. Une femme porte de la
paille dans l’étable; un valet entasse à la fourche, dans une charrette,
des racines et des fanes; un garçonnet vêtu de bleu conduit le bétail
aux champs. Des trois femmes qui occupent le centre de la compo-
sition, l’une, agenouillée, vue de dos, fait une observation au valet;
une autre écoule, un panier aux mains; une troisième, en jupe
rouge, les jambes commodément écartées, y a immobilisé une fillette
vêtue de jaune clair, qu’elle peigne attentivement. La ferme est
bâtie de lattis et de pisé, couverte de chaume, et semble assez peu
confortable; la prairie à gauche, semée de petits arbres, est d’un
vert lumineux sous le ciel mouvementé. Au résumé, la nature et la
réalité mêmes, traduites sans enjolivements, sans interprétation,
avec l’exactitude objective d’un procès-verbal.

1. Il ne s’agit pas ici de l’ambassade officielle du duc, en 1669, à Paris, où il
chercha à égaler la profusion et la galanterie de son père, puisque nous verrons
plus loin le peintre encore fixé à Anvers en 1671, mais d’un séjour officieux de
Buckingham, au lendemain du fameux complot papiste révélé par Titus Oates,
séjour qui fut le dernier.
 
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