L’ÉVOL'UTION DU JARDIN
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remplace. Nos sculpteurs traitent trop souvent celle-ci en accessoire,
et satisfaits, comme MM. Serruys et Desruelles, d’un réalisme facile,
négligent de styliser, de généraliser : un Bartholomé, un Bouchard
éparpillent les anecdotes que M. Gardet élargit en fable pour la
gloire des veneurs. D’autres sacrifient à l’importation théâtrale
pavillons et sièges, et l’assemblage heurté de cet « Atelier français »
où MM. Jaulmes, Dethomas, Drésa et André Groult mènent la danse
des tons crus, ne rappelle que de fort loin la douceur, la modération
de nos climats. Mais cette première manifestation a droit à 1 ’indul-
gence. Si les essais de jardins classiques tentés par les amateurs
semblent marquer un retour à la règle, il faut souhaiter que l’idée
UN TENNIS, DESSIN DE M. MAURICE VÉRA
(Extrait de A. Véra, « Le Nouveau jardin ».)
d’ensemble préoccupe davantage les artistes, jusqu’ici moins jardi-
niers que statuaires ou décorateurs tout à leur œuvre personnelle.
Les (( jardins de la volonté » qui succèdent aux jardins de l’intelli-
gence et du cœur, seront surtout des jardins de discipline. Et, Baga-
telle ne l’ignore pas, le problème est vaste. Une société en voie
d’organisation, séduite par le rêve de l’unité non moins que par
l’harmonie des différenciations croissantes, suppose des besoins
variés. Comme l’élite, la foule veut des jardins à son usage. Un
monde industrialisé, en quête d’une architecture, demande des oasis,
des poumons pour cette usine, la ville. Des quartiers de travail où
l’air est moins impur à mesure qu’on monte, aux lointains espaces
vierges gardés comme des reliques, le toit-terrasse, le square des
courtes haltes, le jardin des soirs d’été, le parc du dimanche, la forêt
aménagée pour les vacances, réserveront les étapes. A côté de ces
formes générales, les activités spécialisées feront naître le jardin de
— 4e PÉRIODE.
X.
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remplace. Nos sculpteurs traitent trop souvent celle-ci en accessoire,
et satisfaits, comme MM. Serruys et Desruelles, d’un réalisme facile,
négligent de styliser, de généraliser : un Bartholomé, un Bouchard
éparpillent les anecdotes que M. Gardet élargit en fable pour la
gloire des veneurs. D’autres sacrifient à l’importation théâtrale
pavillons et sièges, et l’assemblage heurté de cet « Atelier français »
où MM. Jaulmes, Dethomas, Drésa et André Groult mènent la danse
des tons crus, ne rappelle que de fort loin la douceur, la modération
de nos climats. Mais cette première manifestation a droit à 1 ’indul-
gence. Si les essais de jardins classiques tentés par les amateurs
semblent marquer un retour à la règle, il faut souhaiter que l’idée
UN TENNIS, DESSIN DE M. MAURICE VÉRA
(Extrait de A. Véra, « Le Nouveau jardin ».)
d’ensemble préoccupe davantage les artistes, jusqu’ici moins jardi-
niers que statuaires ou décorateurs tout à leur œuvre personnelle.
Les (( jardins de la volonté » qui succèdent aux jardins de l’intelli-
gence et du cœur, seront surtout des jardins de discipline. Et, Baga-
telle ne l’ignore pas, le problème est vaste. Une société en voie
d’organisation, séduite par le rêve de l’unité non moins que par
l’harmonie des différenciations croissantes, suppose des besoins
variés. Comme l’élite, la foule veut des jardins à son usage. Un
monde industrialisé, en quête d’une architecture, demande des oasis,
des poumons pour cette usine, la ville. Des quartiers de travail où
l’air est moins impur à mesure qu’on monte, aux lointains espaces
vierges gardés comme des reliques, le toit-terrasse, le square des
courtes haltes, le jardin des soirs d’été, le parc du dimanche, la forêt
aménagée pour les vacances, réserveront les étapes. A côté de ces
formes générales, les activités spécialisées feront naître le jardin de
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