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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
classe. L’enfant, le vieillard, la femme, auront des parcs appropriés
à leur âge, à leur sexe. Les maisons où Ton éduque le corps, l’esprit,
le cœur, s’entoureront de jardins d’autorité, où les images des
athlètes, des écrivains, des bienheureux, trouveront leur place. Au
malade, les fleurs du sanatorium souriront, et la nécropole de
pierre, si affligeante, deviendra le jardin du souvenir. L’espace libre,
congrnment planté, se fera théâtre, arène, parc politique, lieu de
pèlerinage comme jadis le Mont-Valérien. Les demeures familiales,
fuyant le bruit du centre, et groupées en cités-jardins, annonceront,
encadreront ces terres promises reliées entre elles et à la ville par
des avenues-parcs adaptées au terrain. De cet art urbain déjà en
honneur à l’étranger, le génie français, ennemi du fruste et de la
surcharge, saura donner l’idéal modèle.
Espérons que les amateurs et les artistes de Bagatelle nous
apporteront bientôt l’esquisse de ce Versailles, de ce Mariy des temps
nouveaux. Les grands seigneurs de race et de lettres, nombreux
dans leurs rangs, se doivent de montrer au public le chemin où il
les suivra. Ils ont trop le culte de toutes nos traditions pour n’as-
socier pas Trianon à Versailles, et le cœur à l’esprit. Iis savent leur
grand siècle et Pascal leur est familier, lui si dur à l'homme qui
veut faire l’ange, oublieux de sa double nature. Ces amis des jardins
sont aussi les amis des cathédrales, sauvées peut-être de la ruine
par les ruines factices où s’attendrit jadis 1’ « ilote ivre » mélancolique
et bêlant, fils de Jean-Jacques et frère de René.
CHARLES DU BUS
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
classe. L’enfant, le vieillard, la femme, auront des parcs appropriés
à leur âge, à leur sexe. Les maisons où Ton éduque le corps, l’esprit,
le cœur, s’entoureront de jardins d’autorité, où les images des
athlètes, des écrivains, des bienheureux, trouveront leur place. Au
malade, les fleurs du sanatorium souriront, et la nécropole de
pierre, si affligeante, deviendra le jardin du souvenir. L’espace libre,
congrnment planté, se fera théâtre, arène, parc politique, lieu de
pèlerinage comme jadis le Mont-Valérien. Les demeures familiales,
fuyant le bruit du centre, et groupées en cités-jardins, annonceront,
encadreront ces terres promises reliées entre elles et à la ville par
des avenues-parcs adaptées au terrain. De cet art urbain déjà en
honneur à l’étranger, le génie français, ennemi du fruste et de la
surcharge, saura donner l’idéal modèle.
Espérons que les amateurs et les artistes de Bagatelle nous
apporteront bientôt l’esquisse de ce Versailles, de ce Mariy des temps
nouveaux. Les grands seigneurs de race et de lettres, nombreux
dans leurs rangs, se doivent de montrer au public le chemin où il
les suivra. Ils ont trop le culte de toutes nos traditions pour n’as-
socier pas Trianon à Versailles, et le cœur à l’esprit. Iis savent leur
grand siècle et Pascal leur est familier, lui si dur à l'homme qui
veut faire l’ange, oublieux de sa double nature. Ces amis des jardins
sont aussi les amis des cathédrales, sauvées peut-être de la ruine
par les ruines factices où s’attendrit jadis 1’ « ilote ivre » mélancolique
et bêlant, fils de Jean-Jacques et frère de René.
CHARLES DU BUS