CORRESPONDANCE D’ESPAGNE
UNE EXPOSITION DE PEINTURES ESPAGNOLES DE LA PREMIÈRE MOITIÉ
DU XIXe SIECLE
Presque en même temps que
réussissait si brillamment à Paris
l’exposition de « David et ses élèves »,
s’ouvrait à Madrid une « Exposition
de peintures espagnoles de la pre-
mière moitié du xix° siècle ». Tandis
que les peintures de David et celles
de ses élèves étaient, en général,
depuis longtemps appréciées, les
peintures espagnoles de 1800 à 1850
se trouvaient-— exception faite pour
Goya— à peu près inconnues, même
dans leur patrie. A part Goya, on
compte les oeuvres de cette période
qui se voient dans les musées; por-
traits pour la plupart, ils sont restés
presque tous dans les familles, et si
quelques-uns d’entre eux ont fait
l’objet de transactions, c’est loin du
feu des enchères, à la suite de ces-
PORTRAIT DE LA COMTESSE DE HARO
PAR GOYA
(Appartient à 51“' la duchesse de San Carlos.)
sions à peu près secrètes. Ces œuvres
ne sont guère sorties d’Espagne, on
peut même dire de Madrid; ignorées
de l’étranger, elles ont évité le lamen-
table exode qui atteint les chefs-d’œuvre; il n’en demeurait pas moins regret-
table que toute une période de l’art de la péninsule restât lettre morte. Dans
les histoires, au moment de traiter de la peinture espagnole au xixe siècle, on
passe d’ordinaire de Goya à Rosales, comme si aucun artiste de mérite ne
s’était produit entre l’un et l’autre de ces deux maîtres. Pourtant cette période
du commencement du siècle passé, époque de décadence dans presque tous les
pays, montre la vitalité persistante du génie pictural en Espagne, une vitalité
qui, loin de décroître après l’éblouissement de Goya, a pris dans ses ouvrages
le stimulant d’un haut exemple et d’un nouvel essor.
Sa force principale lui vient du réalisme, de ce réalisme parfois un peu étroit,
UNE EXPOSITION DE PEINTURES ESPAGNOLES DE LA PREMIÈRE MOITIÉ
DU XIXe SIECLE
Presque en même temps que
réussissait si brillamment à Paris
l’exposition de « David et ses élèves »,
s’ouvrait à Madrid une « Exposition
de peintures espagnoles de la pre-
mière moitié du xix° siècle ». Tandis
que les peintures de David et celles
de ses élèves étaient, en général,
depuis longtemps appréciées, les
peintures espagnoles de 1800 à 1850
se trouvaient-— exception faite pour
Goya— à peu près inconnues, même
dans leur patrie. A part Goya, on
compte les oeuvres de cette période
qui se voient dans les musées; por-
traits pour la plupart, ils sont restés
presque tous dans les familles, et si
quelques-uns d’entre eux ont fait
l’objet de transactions, c’est loin du
feu des enchères, à la suite de ces-
PORTRAIT DE LA COMTESSE DE HARO
PAR GOYA
(Appartient à 51“' la duchesse de San Carlos.)
sions à peu près secrètes. Ces œuvres
ne sont guère sorties d’Espagne, on
peut même dire de Madrid; ignorées
de l’étranger, elles ont évité le lamen-
table exode qui atteint les chefs-d’œuvre; il n’en demeurait pas moins regret-
table que toute une période de l’art de la péninsule restât lettre morte. Dans
les histoires, au moment de traiter de la peinture espagnole au xixe siècle, on
passe d’ordinaire de Goya à Rosales, comme si aucun artiste de mérite ne
s’était produit entre l’un et l’autre de ces deux maîtres. Pourtant cette période
du commencement du siècle passé, époque de décadence dans presque tous les
pays, montre la vitalité persistante du génie pictural en Espagne, une vitalité
qui, loin de décroître après l’éblouissement de Goya, a pris dans ses ouvrages
le stimulant d’un haut exemple et d’un nouvel essor.
Sa force principale lui vient du réalisme, de ce réalisme parfois un peu étroit,