DOI issue:
Nr. 3
DOI article:Berenson, Bernard: Les quatre triptyques bellinesques de l'Église de la Carità à Venise
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24887#0210
L’ANNONCIATION ET LE PÈRE ÉTERNEL, ATELIER DE GIOVANNI BELLINI
(Académie des Beaux-Arts, Vienne.)
LES QUATRE TRIPTYQUES RELLINESQUES
DE L’ÉGLISE DE LA GA RI T À A VENISE
Au début de mes études sur l’art vénitien, il y a plus de vingt-
cinq ans, je me sentis vivement attiré par quatre figures de
saints sur fond d’or, cataloguées, à l’Académie de Venise,
sous le nom d’Alvise Vivarini. La tendre sollicitude pour la con-
version des hommes, marquée par la figure ascétique de saint Jean-
Baptiste, la fermeté épiscopale traduite par l’image de saint Antoine
abbé, la candeur juvénile de son diacre Laurent, la gravité noble-
ment douloureuse de saint Sébastien percé de flèches, tous ces con-
tours d’une simplicité sévère, relevés par une coloration éclatante,
produisirent sur moi une impression très forte. Ces œuvres furent
les premières à me révéler le nom d’Alvise Vivarini et sont peut-être
la source de l’intérêt que ce peintre m’a depuis inspiré.
A cette époque, je n’avais guère l’idée de mettre en doute les
attributions des catalogues, à moins qu’elles ne fussent en contra-
diction évidente avec le peu que j’avais déjà appris. Plus tard, alors
que j’aurais dû les suspecter toutes, je m’inclinai devant celle-là,
parce que l’attribution de la Sainte Justine de la collection Bagatti-
Valsecchi à Alvise était devenue, à mes yeux, indiscutable et que je
trouvais, avec raison, quelque analogie entre elle et les figures de
saints à l’Académie. Sans doute, j’avais conscience de quelques diffi-
cultés, mais je croyais les écarter en attribuant les saints en question
(Académie des Beaux-Arts, Vienne.)
LES QUATRE TRIPTYQUES RELLINESQUES
DE L’ÉGLISE DE LA GA RI T À A VENISE
Au début de mes études sur l’art vénitien, il y a plus de vingt-
cinq ans, je me sentis vivement attiré par quatre figures de
saints sur fond d’or, cataloguées, à l’Académie de Venise,
sous le nom d’Alvise Vivarini. La tendre sollicitude pour la con-
version des hommes, marquée par la figure ascétique de saint Jean-
Baptiste, la fermeté épiscopale traduite par l’image de saint Antoine
abbé, la candeur juvénile de son diacre Laurent, la gravité noble-
ment douloureuse de saint Sébastien percé de flèches, tous ces con-
tours d’une simplicité sévère, relevés par une coloration éclatante,
produisirent sur moi une impression très forte. Ces œuvres furent
les premières à me révéler le nom d’Alvise Vivarini et sont peut-être
la source de l’intérêt que ce peintre m’a depuis inspiré.
A cette époque, je n’avais guère l’idée de mettre en doute les
attributions des catalogues, à moins qu’elles ne fussent en contra-
diction évidente avec le peu que j’avais déjà appris. Plus tard, alors
que j’aurais dû les suspecter toutes, je m’inclinai devant celle-là,
parce que l’attribution de la Sainte Justine de la collection Bagatti-
Valsecchi à Alvise était devenue, à mes yeux, indiscutable et que je
trouvais, avec raison, quelque analogie entre elle et les figures de
saints à l’Académie. Sans doute, j’avais conscience de quelques diffi-
cultés, mais je croyais les écarter en attribuant les saints en question