LA CRUELLE BERGÈRE
AQUARELLE PAR MAURICE BOUTET DE MONVEL
MAURICE BOUTET DE MONVEL
Au début du catalogue de l’Exposition qui fut accueillie cet
hiver, à la galerie Manzi, avec un si large succès, INI. Fré-
déric Masson avait écrit les lignes suivantes : « La vie de
Maurice Boutet de Monvel fut traversée par des maladies cruelles
qui l’empêchèrent de produire autant d’œuvres que lui-même et
ceux qui l’admiraient eussent souhaité. Durant des mois, des années,
il dut interrompre la tâche commencée. L’esprit était toujours aussi
net, aussi fin, aussi précis, tel que ces traits que sa main traçait sans
une reprise, et menait à bien sans un repentir. Mais il était las.
Il sentait qu’il avait été l’homme de peu de gens, et, sans se plain-
dre de l’injustice, il en souffrait. Interrompue, sa vie fut abrégée.
Il serait équitable qu’il eût sa revanche; que de cette réunion der-
nière de la plupart de ses œuvres, son nom sortit glorifié. » Il semble
que cette revanche équitable, que cette glorification posthume, soit
aujourd’hui chose faite, et chose durable. Les artistes et ceux que,
faute d’un mot moins usé, nous nommerons les amateurs, connais-
saient ce peintre. Ils le connaissaient, ils l’appréciaient; ils en par-
laient peu parce que Maurice Boutet de Monvel ne cédait pas au
goût du moment et que, si son œuvre représente « la sensibilité
d’une époque », elle n’en représente jamais la mode, l’attrait passa-
AQUARELLE PAR MAURICE BOUTET DE MONVEL
MAURICE BOUTET DE MONVEL
Au début du catalogue de l’Exposition qui fut accueillie cet
hiver, à la galerie Manzi, avec un si large succès, INI. Fré-
déric Masson avait écrit les lignes suivantes : « La vie de
Maurice Boutet de Monvel fut traversée par des maladies cruelles
qui l’empêchèrent de produire autant d’œuvres que lui-même et
ceux qui l’admiraient eussent souhaité. Durant des mois, des années,
il dut interrompre la tâche commencée. L’esprit était toujours aussi
net, aussi fin, aussi précis, tel que ces traits que sa main traçait sans
une reprise, et menait à bien sans un repentir. Mais il était las.
Il sentait qu’il avait été l’homme de peu de gens, et, sans se plain-
dre de l’injustice, il en souffrait. Interrompue, sa vie fut abrégée.
Il serait équitable qu’il eût sa revanche; que de cette réunion der-
nière de la plupart de ses œuvres, son nom sortit glorifié. » Il semble
que cette revanche équitable, que cette glorification posthume, soit
aujourd’hui chose faite, et chose durable. Les artistes et ceux que,
faute d’un mot moins usé, nous nommerons les amateurs, connais-
saient ce peintre. Ils le connaissaient, ils l’appréciaient; ils en par-
laient peu parce que Maurice Boutet de Monvel ne cédait pas au
goût du moment et que, si son œuvre représente « la sensibilité
d’une époque », elle n’en représente jamais la mode, l’attrait passa-