Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 10.1913)

(Extrait d’Androuet Du Cerceau, « Les plus excellens bastimens de France ».)

L’ÉVOLUTION DU JARDIN

Le troisième centenaire du jardinier de Louis XIV a fourni
prétexte à quelques amateurs de manifester à Bagatelle leur
admiration pour l’œuvre de Le Nôtre, leur culte de châtelains
pour ces « jardins de l’intelligence » où se complut un siècle d’au-
torité. A ces champions du grand goût, heureusement secondés par
les peintres très modernes qui ont traduit les saisons et les heures
du Versailles contemporain, des auxiliaires ont apporté le renfort
des vieux plans, des estampes, des tableaux et des tapisseries. Le
pavillon de Marsan, un voisin, et l’hôtel Saint-Fargeau, peuplant
de documents leurs vitrines, ont donné à l’historien d’art la vision
du passé, au curieux, au Parisien, les éléments nécessaires de com-
paraison avec le dehors et avec notre époque. Succédant aux timides
essais du Musée Galbera, aux tentatives plus hardies du Grand
Palais, l’exposition, ainsi complétée, de Bagatelle veut rouvrir la
voie à un style longtemps désuet, et prétend appliquer à nos usages
la conception de l'àge classique. Un coup d’œil en arrière s’impose.
Quel enseignement se dégage du passé? A quelles tendances parait
obéir notre temps? Quel avenir peut espérer l’art du jardin, si propre
à refléter les mœurs, les goûts, les aspirations d’une société?

I

Si plusieurs religions promettent aux élus des paradis enchan-
teurs, si la Bible fait vivre le premier homme dans l’Eden d’où