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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 10.1913

DOI issue:
Nr. 4
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Rosenthal, Léon: La genèse du réalisme avant 1848, 2
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24887#0353

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LA GENÈSE DU RÉALISME AVANT 1848

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lui. Harcelé lui-même par le besoin, « la triste condition du pauvre
l’apitoyait1 »; en 1847, il avait tenté quelques compositions d’un
caractère social, parmi lesquelles un Lundi de F ouvrier. Si le Vanneur
par lequel il affirmait son orientation définitive fut exposé en 1848,
et si c’est à partir de cette date que, selon le mot de Burty 2, il
« s’appartint enfin », ce n’est pas là hasard et coïncidences pures.

Supposons, enfin, que mon analyse soit inexacte, que les événe-
ments de 1848 n’aient pas exercé une action essentielle sur l’évolu-
tion de Courbet et de Millet : ces événements, tout au moins, ont
suscité le public capable de communier avec leur génie. Les préoc-
cupations sociales et humaines qui s’étaient exaspérées, l’atmosphère
nouvelle qui s’était formée, ont doté d’une signification pleine des
œuvres qui, à d’autres époques, n’auraient intéressé que la curiosité.
Courbet exposait depuis 1841, et pourtant Prosper Haussard3 et
Champlleury ne le découvrirent qu’en 1848. C’est apparemment qu’à
cette date il y avait quelque chose de changé4.

Il ne nous appartient pas, ici, de préciser les conditions nouvelles
dans lesquelles la peinture évolua sous la Seconde République. Mon
seul objet, dans cette étude, a été de montrer comment des ten-
dances, fort anciennes assurément, mais que les circonstances
avaient auparavant affaiblies, se développèrent, sous la monarchie
de Juillet, pour orienter l’art français dans la voie du Réalisme.

LEON ROSEMHAL

1. Sensïer, op. cit., p. 104.

2. Maîtres et Petits maîtres, p. 284.

3. « Aux trois derniers Salons M. Courbet est resté inaperçu. Est-ce notre
faute ou la sienne? » écrit Haussard dans Le National, 15 juin 1848.

4. De plus, et ce n’est pas là un fait négligeable, en enlevant à l’Institut le
contrôle des expositions, la Révolution de 1848 a permis à Courbet, comme à
Millet, d’exposer librement des œuvres qui auraient, sans doute été refusées, au
moins en partie, par l’ancien jury.
 
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