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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 13.1917

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https://doi.org/10.11588/diglit.24915#0414

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BIBLIOGRAPHIE

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ils nous font connaître le costume d’une grande dame dans les premières
années du xive siècle, c’est-à-dire dans un temps où le luxe commence à rem-
placer l’antique simplicité. Les innombrables renseignements qu’on peut tirer
des Livres de comptes des frères Bonis, publiés par M. Forestié, ne sont pas
moins curieux. Les frères Bonis étaient des marchands de Montauban qui
vendaient des étoffes, des costumes, des armures et beaucoup d’autres choses
encore. Leurs registres s’ouvrent en 1347, se ferment en 1368. Ils nous font
donc connaître la mode du xive siècle à son moment le plus intéressant. C’est
après 1340, en effet, que le costume, ample et long depuis plus de deux siècles,
devient tout d’un coup serré et court.

On voit, par ces exemples, ce que M. Enlart pouvait ajouter à la science de
ses prédécesseurs. Mais quand on a lu les autres ouvrages de M. Enlart, on
pense bien qu’il ne s’en est pas tenu là. Infatigable à réunir les faits, il a
exploré les musées, les collections particulières, les trésors d’églises. Il a
demandé aux manuscrits plus que ses devanciers. C’est ainsi qu’il a pu enri-
chir, préciser et, parfois, rectifier leur œuvre.

Assurément, le volume de M. Enlart n’est pas un livre de lecture courante.
Les idées qu’éveille le mot Manuel ne s’appliquent pas tout à fait à un ouvrage
de ce genre. Nous y trouvons sans doute des règles, mais nous y trouvons
aussi d’innombrables exceptions. Il n’est pas facile d’emprisonner la mode
dans une formule, et elle se moque de nos classifications. De là une surabon-
dance de faits, qui répondent à la réalité, mais qui peuvent déconcerter le
débutant. M. Enlart l’a senti ; aussi a-t-il recommencé son livre à la fin sous la
forme d’un dictionnaire. Ce dictionnaire définit chaque pièce du costume civil,
ecclésiastique, militaire, avec brièveté et clarté. C’est un résumé où l’on trouve
parfois, comme le dit M. Enlart lui-même, « plus de précision que dans les
explications plus développées et souvent plus fragmentées du corps de l'ou-
vrage ».

Les érudits, eux, sauront bien découvrir dans le livre ce qui peut leur être
utile. Les médiévistes, qui commentent les textes, ou qui les éditent, trouveront
là le vrai sens de certains mots. Ces mots, qui parfois ne représentaient rien
de net à leur esprit, leur deviendront clairs, grâce à un dessin. Les archéo-
logues, qui ont tant de peine à dater avec précision les monuments du Moyen
âge, demanderont une aide au Manuel. Les collectionneurs, ces sages qui
pensent que le bonheur est fait d’une suite de petits plaisirs, chercheront
dans le Manuel les pièces de leurs vitrines. C’est pour eux que M. Enlart a écrit
ses chapitres sur les boucles de ceintures, sur les agrafes, sur les épingles, sur
les boutons, sur les grelots. Quant à ceux qui, dans l’histoire du costume, ne
cherchent que l’homme, ils apprendront que les grands siècles du Moyen âge
ont eu un costume simple, noble, classique, digne de l’antiquité. Ils sauront que
ce fut lorsque le grave génie du Moyen âge s’altéra que le costume perdit sa
logique et se chargea d’ornements inutiles.

Il ne paraîtra pas surprenant que la première édition d’un ouvrage d’archéo-
logie, où des milliers d’objets sont passés en revue, ne soit pas absolument
parfaite. J’appelle l’attention de M. Enlart sur une des dates qu’il propose. 11
pense que ce fut en 1140 que se fit cette grande révolution dans la mode qui
remplaça les vêtements relativement courts de l’âge précédent par des robes

49

XIII.

4* PÉRIODE.
 
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