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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 3.1921

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Nr. 2
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Rouchès, Gabriel: Le paysage chez les peintres de l'école bolonaise, 2: les disciples des Carrache
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https://doi.org/10.11588/diglit.24941#0149

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LE PAYSAGE CHEZ LES PEINTRES DE L’ÉCOLE BOLONAISE

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Il n’est pas à proprement parler leur élèveet, cependant, il s’est formé en
étudiant leurs œuvres. De même, il n’est pas né à Bologne, où il n’a pas
habité ; amoureux de sa petite ville de Cento, il s’y est enfermé sans en
vouloir sortir. Pourtant, son tempérament et les caractéristiques de son
talent l’apparentent aux Bolonais. Tour à tour il se rapproche ou s’écarte
d’eux. On s’en rend compte, en analysant la façon dont il a traité le paysage,
principalement dans ses dessins, car ses tableaux, sous ce rapport, n’offrent
qu’un intérêt médiocre.

Je ne connais pas celui, jadis célèbre, qui se trouvait à la villa Ludovisi.
Il représentait un jardin où des jeux d’eaux dissimulés, en jaillissant brus-
quement, inondaient et mettaient en fuite des gentilshommes et des dames1.
M. Venturi, qui l'a autrefois examiné, estime cette œuvre assez faible2 3.

Si nous passons en revue les Guerchin du Louvre, nous ne trouvons
pas de paysage (Hersilie séparant Rornulus et Tatius, La Résurrection de
Lazare. Saint Renoît et saint François d’Assise, Salomé), ou bien il est insigni-
fiant (Loth et ses filles. Vision de saint Jérôme). Les autres œuvres de
l’artiste, dans les divers musées d’Europe, nous inspireraient des remarques
du même ordre.

Le Guerchin emploie certaines formules. Il place au premier plan ses
ai'bres conçus d’une façon qui lui apppartient en propre : « un vieux tronc
tordu qui, vers sa partie supérieure, se partage en deux branches, revêtues
d’une maigre frondaison, avec des rameaux brisés par les intempéries ou
courbés comme des branches de saule2 ». Les branches secondaires sont
plantées sur la branche principale comme des doigts écartés et tendus (voir,
par exemple, la Madeleine de la Pinacothèque Yalicane). De plus, le Guerchin
11’éprouve pas pour l’arbre le même amour que les Carrache, le Dominiquin
et surtout l’Albane. Il ne le représente pas sain et prospère, offrant une
ombre appréciable au milieu d’une campagne riante, mais décréjîi, blessé,
mutilé au cours de sa lutte avec les ouragans. Le Guerchin est un
romantique.

Ses fonds de tableaux procèdent de la même inspiration. Ils sont arides
et déserts. Il est rare de voir, comme dans la Sainte Marguerite de Cortone
(Pinacothèque Yaticane) un coin de campagne relativement fraîche et
agréable sous un éclairage clair. Habituellement plane une atmosphère
lourde d’orage ou de crépuscule, l’horizon marqué par une barre lumineuse.

Ses dessins donnent une meilleure idée de son talent comme paysagiste.

1. V. la description dans J.-A. Galvi, Notizie délia vita e delle opéré del Cavalière Gioan
Francesco Barbiéri... ; Bologne, 1808, p. 1.

2. A. Venturi, Il Gaercino da Cento(Nuova Antologia, Ier avril 1891, p. 422).

3. A. Venturi, ibid., p. 421.

iii. — 5e période. 17
 
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