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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 3.1921

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Nr. 2
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Rouchès, Gabriel: Le paysage chez les peintres de l'école bolonaise, 2: les disciples des Carrache
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https://doi.org/10.11588/diglit.24941#0150

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i3o

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Le Guerchin en a laissé un très grand nombre1. Ils sont au crayon rouge
ou à l'encre étendue soit avec la plume, soit avec le pinceau. Les dessins à
la sanguine, aux traits assez délicats et moelleux, ne représentent que des
personnages. Pour les paysages, le Guerchin s’est seulement servi de la
plume. L’encre ne lui suffisant pas, il la dose d’acides qui, très souvent,
brûlent le papier. Il procède « par traits rapides, calligraphiques, accentués
dans les ombres et qui parfois s’échappent des contours comme des cheveux
rebelles au peigne2 ».

A Paris, nous pouvons étudier ses dessins de paysage : le Louvre en pos-
sède une vingtaine dont trois particulièrement beaux (nos 6g3o, 6g33 et
6934) et l’Ecole des Beaux-Arts trois, dont un remarquable.

La composition n’en est pas très variée. Des scènes champêtres, — par
elles le Guerchin se rapproche des Carrache, notamment de Louis, — gaies et
vivantes : des femmes assises en cercle, autour d'un danseur; une cérémonie
religieuse célébrée en plein air devant une église. Puis, des marines; une
nappe d’eau sur laquelle glissent des bateaux ; à l’arrière-plan, un port avec
des constructions, où débarquent des voyageurs. Mais voici les sujets les
plus fréquents : une rivière contourne une île qui supporte une tour ronde
et des maisons; au premier plan, un chemin de halage sur lequel se hâtent
des passants, — un cavalier et des soldats suivent une route qui tourne,
traverse un pont et oblique de nouveau devant de grands rochers.

Malgré les rivières qui sont représentées, les paysages du Guerchin
paraissent secs et stériles. On ne trouve plus, comme chez les Carrache et le
Dominiquin, des sous-bois et des bords de ruisseaux frais et reposants. Le
Guerchin semble avoir eu une prédilection pour les sites brûlés par le soleil
et le vent. Des plaines où rien ne pousse, de grands rochers dénudés, don-
nent à ses compositions un caractère de désolation qu’accentuent des arbres
brisés et fracassés dans le genre de ceux que montrent ses tableaux.

Ces arbres ne sont pourtant pas pour lui des accessoires indifférents. Le
Guerchin a un sentiment sincère de la nature, mais qui n’est pas objectif
comme celui des autres Bolonais. C’est un esprit plus inquiet, désireux non
pas tant de voir que de créer. On s’en rend compte en examinant ses
dessins. Il traite un arbre avec des intentions plastiques3, le tord, le déchi-
queté, le cingle de traits de plume, le brûle d’acide en procédant avec une

1. Il laissa à sa mort dix volumes de dessins, suivant J.-A. Calvi, ouv. cité, p. 41 - —
Bartolozzi et Bazire ont gravé un grand nombre de dessins du Guerchin.

2. A. Venturi, art. cité, p. 422. — V. aussi dans Mariette, Description, ouv. cité,
p. 57-58, une appréciation des dessins du Guerchin, mais surtout de ceux qui représentent
des personnages.

3. A. Venturi, art. cité, p. 422.
 
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