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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 3.1921

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Nr. 3
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Six, Jan: Un grand bronze de Michel-Ange au Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24941#0196
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174

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Madone de Bruges, qui date de notre époque, vaut mieux que celle de Y Apol-
lon? Je ne le crois guère. Celle de la Madone en bas-relief de l’Académie de
Londres lui est certainement inférieure. Je ne parle même pas du Bacchus.

C’est dans le mouvement et le modelé du corps que Michel-Ange se révèle
toujours. Il est beaucoup plus rare de reconnaître sa maîtrise dans l’expres-
sion d’une tête. Les plus renommées, les plus merveilleuses, surtout comme
expression, qu’il ait faites sont celles qu’il a laissées à l’état d’ébauche; le
Crépuscule, le Brulus, le Joseph d’Arimathie de Florence, toutes les figures
de la Déposition Barberini.

Je n’ai pas cru jusqu’ici devoir attirer l’attention sur la différence d’aspect
entre le bronze et le marbre, parce que la pierre, sous la main de Michel-Ange,
prend presque le poli du métal quand il pousse l'œuvre jusqu’à son achève-
ment et que, du reste, toute comparaison avec une œuvre de même dimension
aurait été impossible. Des trois grands bronzes que le maître a produits, c’est le
seul qui reste. Son David disparaît au château de Villeroy et il n’y a pas grande
chance de le retrouver, même à présent que nous y sommes mieux préparés.
La statue colossale de Jules II, de 1607, à Bologne, a été brisée par la popu-
lace en 1511, et avec le bronze le duc de Ferrare a fait un canon. Seule la
tête, pesant 600 livres, aurait échappé à la destruction immédiate, mais
on ne peut espérer qu’elle existe encore.

Le bronze du Louvre, s’il n’ajoute donc pas une nouvelle gloire au nom du
sculpteur, comme le groupe de Palestrina1, nous apprend à mieux connaître
son développement et reste le témoignage unique de son travail en métal.
La statue ne gagne rien en beauté par suite de l’attribution à Michel-Ange,
mais elle acquiert une importance nouvelle comme document pour l’histoire
de l’art.

Qu’on me permette, pour conclure, de poser un petit problème. Cette
statue porte le nom de Jason ou d’Apollon. Je crois pouvoir démontrer qu’au
commencement du xvme siècle on la prenait pour le vainqueur du serpent
Python. Un panneau décoratif de Watteau intitulé Apollon2 semble s’en
inspirer: le dragon, étendu aux pieds du dieu est tout pareil et le fils de
Latone, drapé à la mode du temps, a la main gauche posée sur la hanche de
la même manière que notre statue.

Après YHercule, œuvre de sa jeunesse, à retrouver parmi les anciennes
collections des rois de France (Mariette déjà la chercha en vain, mais

1. V. Gazette des Beaux-Arts, 1907, t. I, p. 167 et suiv.

a. Œuvres des estampes gravées d’après les tableaux et dessins de feu Antoine Watteau
peintre flamand de l’Académie Royale de peinture et de sculpture. Quatrième et dernière
partie.
 
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