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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
dont le noble visage s’estompe entre l’armure et le casque luisants, semble
une apparition idéale. Rembrandt aimait frapper ainsi le métal d’étranges
rayons. Que de fois, dans sa jeunesse, n’a-t-il pas figuré son père avec un
gorgerin d’acier ! Plus tard, ce sont les traits défaits de son frère que l’on
retrouvera sous un casque magnifique (Musée de Berlin). Ce frère, ou du
moins, celui que l’on croit être son frère Adriaen, est peint ici dans un
moindre apparat. Le panneau nous vient du Musée de La Haye et il est le
meilleur d’une série d’études d’après le même modèle. Cette humble figure
Phot. J.-E. Ëulloz.
LA LEÇON D’ANATOMIE DU PROFESSEUR DEÏMAN, PAR REMBRANDT
(Musée d’Amsterdam.)
flétrie, si émouvante par son air d’usure et de passive résignation, nous
donne le type définitif des portraits du maître. Aucun souci d’arrangement,
aucun accessoire; seul est en valeur le masque où se concentre l’expression.
Le Rembrandt par lui-même, placé non loin (collection de lord Iveagh) est
un peu plus tardif que le Rembrandt dgé du Louvre. Il est à la fin de ces
portraits que le maître a laissés de lui et qui nous acheminent du jeune
homme élégant, plume au chapeau et chaîne d’or au cou, jusqu au navrant
vieillard, la tête ceinte d’un foulard blanc, le regard tendu vers la glace où
il s’observe. Il apporte ici, à rechercher la signification morale des traits, sa
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
dont le noble visage s’estompe entre l’armure et le casque luisants, semble
une apparition idéale. Rembrandt aimait frapper ainsi le métal d’étranges
rayons. Que de fois, dans sa jeunesse, n’a-t-il pas figuré son père avec un
gorgerin d’acier ! Plus tard, ce sont les traits défaits de son frère que l’on
retrouvera sous un casque magnifique (Musée de Berlin). Ce frère, ou du
moins, celui que l’on croit être son frère Adriaen, est peint ici dans un
moindre apparat. Le panneau nous vient du Musée de La Haye et il est le
meilleur d’une série d’études d’après le même modèle. Cette humble figure
Phot. J.-E. Ëulloz.
LA LEÇON D’ANATOMIE DU PROFESSEUR DEÏMAN, PAR REMBRANDT
(Musée d’Amsterdam.)
flétrie, si émouvante par son air d’usure et de passive résignation, nous
donne le type définitif des portraits du maître. Aucun souci d’arrangement,
aucun accessoire; seul est en valeur le masque où se concentre l’expression.
Le Rembrandt par lui-même, placé non loin (collection de lord Iveagh) est
un peu plus tardif que le Rembrandt dgé du Louvre. Il est à la fin de ces
portraits que le maître a laissés de lui et qui nous acheminent du jeune
homme élégant, plume au chapeau et chaîne d’or au cou, jusqu au navrant
vieillard, la tête ceinte d’un foulard blanc, le regard tendu vers la glace où
il s’observe. Il apporte ici, à rechercher la signification morale des traits, sa