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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 11.1925

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Nr. 1
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Buttin, Charles: Un portrait de Jean des Bandes noires à la Pinacothéque de Turin
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https://doi.org/10.11588/diglit.24945#0016
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

trop bien fondu dans le tableau pour avoir été ajouté après coup sur un por-
trait déjà existant. Le tableau date donc très approximativement de 1546.

L'armure est-elle de la même époque ? C’est possible, mais elle pourrait
être de quelques années plus ancienne et nous croirions volontiers que c’est
celle de la campagne de Montemurlo (i 538). Ce serait dans ce cas la première
armure d’homme portée par Cosme I°r qui avait alors dix-neuf ans, et les
proportions de cette armure lui auraient permis de l’endosser pendant une
dizaine d’années encore. La prédilection qu’il marqua pour ce harnois qui
figure dans tous ses portraits en armure permet de le croire ; on sait que la
bataille de Montemurlo eut sur sa destinée une influence décisive et resta
son plus glorieux souvenir militaire, et les lauriers qui figurent, à côté de ce
même harnois, dans un autre de ses portraits dont nous allons parler,
viennent à l’appui de cette hypothèse, conforme d ailleurs à la date présumée
de l’armure du portrait de Jean de Médicis.

Le pendentif de la Toison d’Or cache à demi les trois feuilles gravées
sur le plastron au-dessus de l’écusson de Médicis ; elles sont par suite moins
visibles que dans l’armure du portrait de Turin, mais c’est là la seule diffé-
rence.

L’identification est plus facile encore dans un autre portrait du même
Cosme de Médicis, au Musée de Berlin. Ce second tableau, peint également
par Agnolo Bronzino, est presque une réplique du premier, mais paraît avoir
été fait deux ou trois ans plus tard, si l’on en juge par la figure et la barbe du
duc de Florence. Sa date se place par conséquent vers 15A9- La pose est la
même ; le peintre n’a ajouté qu’une branche de laurier à côté du Duc, flatteuse
allusion à ses victoires.

Nous disons que l’identification est plus facile, parce que ce second portrait,
au lieu d’être coupé à peu près à la ceinture comme le premier, laisse voir
la braconnière de l’armure et la première lame des tassettes, et surtout
découvre en son entier la bourguignote que l’on voit imparfaitement dans
le portrait des Offices. 11 est donc plus facile de rapprocher ces détails de
ceux du portrait de Turin qui descend plus encore et montre les tassettes
tout entières. D’autre part le pendentif de la Toison d’or tombe un peu
moins bas et laisse mieux voir les trois feuilles dont nous avons parlé précé-
demment. Aucun doute n’est possible, c’est bien la même armure, minu-
tieusement reproduite dans les trois portraits.

Si l’armure ne se plaçait aussi nettement à l’époque de Cosme Ier et si on
pouvait la dater d’avant 1627, on pourrait supposer que le Duc de Florence
s’est fait peindre avec l’armure de son père, par respect filial, ou pour tout
autre motif. Le fait est rare, mais non sans exemple, et l’on peut citer
d’autres portraits dans lesquels divers personnages, peints à des dates très
 
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