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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
qu’on n’y eût pas rencontrées il y a dix ou vingt ans. Ils ne sont pas tous
également en faveur aux Artistes français. La sculpture y demeure sage,
évite les expériences trop osées, conserve une tradition qui ne permet que
des audaces prudentes. La sculpture nègre, en particulier, ou les excès du
cubisme, recrutent peu de fervents. Si d’autres Salons offrent plus
d’imprévu, on peut se faire ici une idée assez juste des qualités françaises
moyennes : mesure, loyauté,
soumission à la réalité, équi-
libre heureux des volumes
dans l’espace, recherche du
caractère et de la vie, qui
ont toujours été en honneur
dans notre école de sculp-
ture.
Les grands monuments
consacrés aux morts de
la guerre et qui nous ont
valu tant d’œuvres médiocres,
commencent à se faire plus
rares. Ségoffm expose une
Victoire, aux ailes éployées
distribuant des palmes de
ses deux bras tendus. Cette
allégorie destinée à l'Ecole
polytechnique est habile
d’exécution ; elle ne repré-
sente pas un grand effort d'in-
vention ni de style. Ernest
Dubois a prétendu nous mon-
trer « les poilus fixant la Vic-
toire dans les plis du drapeau
français », thème difficile à réaliser en sculpture. La juxtaposition d’un
officier tenant un drapeau, d’une femme ailée (encore!) et de deux
comparses, un aviateur et un marin, aboutit à une composition qui
pyramide savamment. Aucune trace d’émotion. De la rhétorique de
réunion publique. Dans la Vierge à la lance, Bacqué se préoccupe de lignes
pures et de belles draperies. On louerait davantage son œuvre si l’on y
sentait moins la pose d’atelier. Le monument aux morts d’Hanoi, de
Hierholtz, est original, pittoresque, et sans grand rapport avec les morts de
la guerre ; mais nous n’en avons encore qu’un fragment. Gabriel Forestier a
Phot. Bernes, Marouteau et O
DAVID, DltONZE PATINÉ
PAH M. RAYMOND DE LAMA H RE
(Société des Artistes français.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
qu’on n’y eût pas rencontrées il y a dix ou vingt ans. Ils ne sont pas tous
également en faveur aux Artistes français. La sculpture y demeure sage,
évite les expériences trop osées, conserve une tradition qui ne permet que
des audaces prudentes. La sculpture nègre, en particulier, ou les excès du
cubisme, recrutent peu de fervents. Si d’autres Salons offrent plus
d’imprévu, on peut se faire ici une idée assez juste des qualités françaises
moyennes : mesure, loyauté,
soumission à la réalité, équi-
libre heureux des volumes
dans l’espace, recherche du
caractère et de la vie, qui
ont toujours été en honneur
dans notre école de sculp-
ture.
Les grands monuments
consacrés aux morts de
la guerre et qui nous ont
valu tant d’œuvres médiocres,
commencent à se faire plus
rares. Ségoffm expose une
Victoire, aux ailes éployées
distribuant des palmes de
ses deux bras tendus. Cette
allégorie destinée à l'Ecole
polytechnique est habile
d’exécution ; elle ne repré-
sente pas un grand effort d'in-
vention ni de style. Ernest
Dubois a prétendu nous mon-
trer « les poilus fixant la Vic-
toire dans les plis du drapeau
français », thème difficile à réaliser en sculpture. La juxtaposition d’un
officier tenant un drapeau, d’une femme ailée (encore!) et de deux
comparses, un aviateur et un marin, aboutit à une composition qui
pyramide savamment. Aucune trace d’émotion. De la rhétorique de
réunion publique. Dans la Vierge à la lance, Bacqué se préoccupe de lignes
pures et de belles draperies. On louerait davantage son œuvre si l’on y
sentait moins la pose d’atelier. Le monument aux morts d’Hanoi, de
Hierholtz, est original, pittoresque, et sans grand rapport avec les morts de
la guerre ; mais nous n’en avons encore qu’un fragment. Gabriel Forestier a
Phot. Bernes, Marouteau et O
DAVID, DltONZE PATINÉ
PAH M. RAYMOND DE LAMA H RE
(Société des Artistes français.)