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Glaser, Curt
Les peintres primitifs allemands: du milieu du XIVe siècle à la fin du XVe — Paris: Les éditions G. van Oest, 1931

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https://doi.org/10.11588/diglit.53128#0107
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LES DERNIÈRES DÉCADES DU XVe SIÈCLE

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Pour Schongauer ce qui importait le plus était l’agencement de l’ensemble. Si on les com-
pare l’un à l’autre c’est précisément là que, plus encore que Schongauer, le Maître
du Livre de Famille se montre prisonnier des préjugés antiques. Il se préoccupe
des parties mais non de l’ensemble. Il essaie d’imprégner de vie personnelle les com-
positions traditionnelles, mais en partant du détail. Il existe du Maître du Livre
de Famille une lamentation qui dépasse à peine le type des compositions d’un Isen-
mann (pl. 68). Seule la forme isolée est traitée individuellement. Plus rien ne rappelle
Rogier dans les traits des visages. Les personnages qui évoluent sur la scène du Maître
sont bien ses propres créatures. Une fois la transition établie entre ses gravures et
ses tableaux de chevalet, il est impossible de ne pas les reconnaître.
Pour ce qui est du Maître lui-même, il semble avoir vécu encore pendant les
premières années du nouveau siècle, car l’une des principales productions de son
atelier, une Suite de la Vie de la Vierge, qui se trouve au Musée de Mayence, est datée
de 1505. On peut retrouver des réminiscences de son art, encore dans les gravures
du jeune Dürer qui's’est inspiré de lui dans ses premières compositions représentant des
sujets profanes. Mais contrairement à l’influence très étendue de l’œuvre de Schongauer,
qui devint à tel point un facteur de l’évolution générale de l’avenir que son carac-
tère étroitement local disparaît, l’importance cependant essentielle du Maître du
Livre de Famille se limite à son cadre local.
Si l’on peut aujourd’hui, avec assez de certitude, faire remonter une série de
tableaux au Maître des eaux-fortes anciennement réputées, l’ambiance immédiate
du peintre gagne aussi en netteté depuis que l’on a réussi à sérier les matériaux des
tableaux de chevalet et des peintures d’autels se rapprochant de sa manière, pour les
attribuer à divers auteurs. On a pu identifier le créateur d’une suite de scènes repré-
sentant la Légende de saint Sébastien, conservées à Mayence, avec un graveur
qui signe W. B. Un autre peintre de l’entourage du Maître du Livre de Famille
appose son nom sur le maître-autel de l’église Notre-Dame à Gelnhausen. Il s’appelle
Nicolas Schit. On croit d’ailleurs reconnaître sa main également, dans d’autres tableaux
de chevalet de la région du Rhin moyen. De plus, deux beaux portraits du Musée de
Francfort, représentant en pied les époux Stalburg, servirent de point de départ à
l’identification d’un peintre qui appartenait lui aussi à ce groupe, dont la plénitude
et la fécondité tendent à prouver l’existence d’une école de peinture florissante dans
la région du Rhin moyen, pendant la dernière décade du xve siècle.
La peinture à Cologne.
On peut retrouver des traces de l’influence de Schongauer dans l’ensemble de
l’art allemand de ce temps-là. Même à Cologne dont l’art avait été tributaire des Pays-
 
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