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Grand-Carteret, John
Les moeurs et la caricature en Allemagne - en Autriche - en Suisse: ouvrage illustré — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.8052#0043
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LE XVlIIfe SIÈCLE

plume lui-même et, dans une lettre de Berlin du 6 Avril 1779 donne
des raisons plausibles pour se disculper de toute imitation. Ce qui ne
permet pas de mettre en doute la bonne foi de Chodowiecki, c'est le fait que
l'année précédente, ayant gravé pour VAlmanack de Gottingen 12 estampes,
les conséquences du vice et de la vertu, il laissa Lichtenberg, dont le texte
explique les planches, mettre: les tc'tcs sont dans F esprit de Hogarth.
A deux autres reprises encore, et notamment en 1791, pour une illustration
de la S' Barthélémy de Chénier, Chodowiecki a soin de mentionner qu'il
s'est inspiré du dessinateur du Mariage à la Mode.

Quant à la qualification de Hogarth berlinois donnée quelquefois, à
ce vignettiste sans pareil, au talent si souple et si délicat, à la fécondité
merveilleuse, —de 1758 à 1802, soit en moins de cinquante ans, il a gravé
plus de 2000 pièces. — elle s'explique d'elle-même. Elle veut dire, en
effet, que si l'un a été, par excellence, le peintre des mœurs anglaises au
XVIIIe Siècle, l'autre a été l'observateur le plus attentif de la société
berlinoise. Elle implique également l'idée que tous deux ont eu la môme
originalité, ce qui est encore vrai. Si Chodowiecki émeut et passionne à
un degré bien moindre, cela tient à ce qu'il est moins peuple, à ce que
son crayon n'est pas brutal et cynique comme celui de l'artiste anglais,
a ce que les questions qui préoccupent l'Allemagne sont d'un ordre beau-
coup plus élevé, à ce que le format, enfin, pour lequel il a dessiné ses
compositions, manque par lui-même d'ampleur et d'empoignant. Celui
qui nous traduira le mieux, au reste, la différence existant entre les deux
artistes, c'est Chodowiecki lui-même dans cette lettre du 6 Avril 1779
dont il a été question plus haut. ,,L'exécution de Hogarth, y lit-on, est
«bonne pour les passions violentes, quoi qu'il les outre presque toujours;
«mais elle est très-médiocre pour les passions douces et agréables. J'ad-
„mirc cet homme, mais je ne voudrais jamais l'imiter ni conseiller à
«personne de l'imiter."

Peintre des passions douces, incapable de subir les trop fortes émotions,
se refusant à voir l'horrible, tel apparaît en effet, Chodowiecki, rendant
d'une façon agréable pour les beaux esprits du jour les usages, les habi-
tudes et les modes de l'époque, dans leur note intime, presque toujours
avec le piquant de l'humour, souvent avec une pointe de verve satirique.

T) M. Portalis a publié cette lettre dans son ouvrage Les dessinateurs d'illustrations au XVIIIe Siècle.

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