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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 1.1871

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https://doi.org/10.11588/diglit.3249#0028
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LE GRELOT.

PARIS A TABLE.

' Quelle ogresse, messeigneurs ! Quelle allâmée !

Elle est là, à table, à l'orgie, ia figure léirreiiienl enluminée par la
boisson, l'œil en feu, la maiii tremblante.

C'est une belle gaillarde encore que Mme Lulêre, femme du momie
maigri les tàcbesr. uge rie sa tunique, Un peu déguenillée pour le mo-
ment, ayant mis au clou la plus grande partie du ses bijoux, mais qui
sera, — une fois l'orgie terminée, — ce qu'elle était avant.

Pour le moment elle est toute à sa besogne gastronomique,

Elle a déjà dévoré un Bergenet aux petits pois;

Un Lullier à la sauce d'anchois ;

Un Assi aux pommes;

Un Gluseret à la sauce tomate ;

Un Rossel aux câpres ;

Sans compter le menu fretin.

Et elle n'est pas encore rasassiée.

Le maître d'hôtel Delescluze la sert avec une légère inquiétude. Il rit
jaune.

Si après tant de généraux et tant de colonels, Paris allait manger le
garçon !

FAUT VOIR

LA GRANDE DÉCOUVERTE

du grrrrrand et terrrrrïble

COMPLOT

CONTRE LA COMMUNE!!!

DZINN BOTJM BOTJM!

Alerte, les bougres à poigne du Salut Public! Eigault, à la
rescousse !! Ferré, debout !!! Remuez-vous, les gars de la sû-
reté générale!!!

Formez vos bataillons...

de mouchards! Au feu, au feu, au feu ! Le Grelot vient de dé-
nicher un complot contre l'existence de la Commune, un com-
plot pour de vrai, un complot... en chair et en os, un complot
auprès duquel vos Hosselonnades et vos Gérardineries ne sont
que des balançoires.

Ah 1 mes bons amis, vous l'avez échappé belle. Pendant que
vous démolissiez par ci, perquisitionniez par la, pendant que
vous discutiez, décrétiez, proclamiez, déclamiez, les conspi-
rateurs monarchiques et autres ourdissaient leurs trames les
plus ténébreuses.

Mais le Grelot ouvre l'œil.

Pour une fois, il se fait tocsin, et, sans scrupules, — des
scrupules, ah ! fl — il va vous dénoncer un tas de faits et gesles
dont vous ne vous doutiez seulement pas.

Les conspirateurs grouillent autour de vous, obéissant à un
mot d'ordre venu de Versailles, ayant des signes de ralliement
divers, parfaitement disciplinés, enrégimentés, prêts à agir
quand le mon ent sera venu.

Ce sont des ilins, allez! Beaucoup trop malins pour vous,
mes petits père.,.
, Oyez et juge .

Vous avez vu, comme nous tous, dans les rues, sur les bou-
levards, aux jardins publics, partout enfin de jeunes garçons
imberbes, bien mis en général, et portant au bras des rubans
en satin blanc à franges d'argent?

Vous vous êtes dit :

— Ce sont de jeunes garçons, aveuglés par le fanatisme,
qui viennent de faire leur première communion?

Erreur! Ce sont des apprentis-conspirateurs, affichant im-
pudemment, au grand jour, le signe de ralliement auquel les
sbires versaillais devront les reconnaître.

Voilà qui vous épate, hein? Je vous en apprendrai bien
d'autres.

Vous avez vu des Messieurs, d'affreux réacs, glisser dans la
main de quelque misérable estropié, d'un aveugle ou d'un cul-
de-jatte, une petite pièce blanche, voire même une grosse
pièce de cuivre ?

Vous vous êtes dit :

— Ce sont des imbéciles qui font l'aumône à des malheureux!
Erreur, erreur, erreur ! Ce sont des agents de Versailles qui

enrôlent, à prix d'or, d'argent ou de billon, de faux estropiés,
de faux aveugles ou de faux culs-de-jatte. Vous savez bien que
le citoyen Rigault a interdit la mendicité et que les interdic-
tions du citoyen Rigault sont faites pour êlre exécutées.
Tout cela n'est rien encore.

11 y a, dans les rayons d'une quantité de magasins de nou-
veautés et de passementeries, des rubans rouges, des rubans
blancs, des rubans bleus, des étoffes bleues, des étoffes blan-
ches, des étoffes rouges. Quoi de plus simple au premier

abord? Pour vendre des rubans, pour vendre des étoffes, il
faut des assorliments répondant à tous lus goûts 1

Vous croyez cela, nigauds que vous êtes?

En cousant ensemble les rubans rouges, blancs et bleus, cela
fait des cocardes tricolores.

En réunissant les étoffes rouges, blanches et bleues, on peut
fournir des drapeaux tricolores fort bien conditionnés.

Les marchands de nouveautés conspirent avec Versailles et
les passementiers aussi. C'est clair, n'est-ce pas?

Vous n'êtes pas sans avoir coudoyé des hommes qui se tor-
tillaient, en n'ayant l'air de rien, d'énormes moustaches pa-
reilles à celles du sieur Badinguet ?

Vous en avez parmi vous,je gage.

Porter les moustaches comme l'ex-empereur, pensez-vous,
c'est un travers fâcheux, mais ce n'est pas un crime. Se tor-
tiller les moustaches, quand on en a, il n'y a !à rien de
suspect !

Eh bien, vous vous fourrez le doigt dans l'œil. Ces
hommes à moustache sont des sergents-de-ville, ni plus ni
moins. Lorsqu'ils se tortillent à droile cela veut dire :

— Tout va bien!

Lorsqu'ils se tortillent à gauche !

— C'est pour demain !

Et la farce est jouée, et vous n'y voyez que du feu.

Sans compter ces lanternes lumineuses qui errent, la nuit, le
long des trottoirs. Des citoyens, la hotte sur le dos, des cro,-
chets à la main, ont l'air de fouiller dans des tas d'ordures.

— Mais, ce sont des chiffonniers !...

— Non pas ! Conspirateurs aussi, conspirateurs toujours,
traîtres et mouchards. Ils ont une façon de balancer leurs lan-
ternes qui est tout un langage. Il s'agil d'être initié, voilà tout.

Cela veut dire : Les gendarmes entreront par là.

Ou bien : Il y aora une perquisition ici demain à huit heures
trois quarts.

Ou bien : Nous sommes déjà quatre-vingt-sept mille anti-
communeux.

Je vous expliquerai cela d'une façon plus détaillée, entre
quatre yeux.

* *
Allons plus avant dans ce dédale incroyable.
S'il vous plaît de parcourir avec moi, le soir, les boulevards
réaclionnaires — je vous signale tout particulièrement ceux du
IXe arrondissement, — vous y verrez à la porte de certains
cafés des messieurs très-huppés et même des dames, Dieu me
pardonne, qui aspirent des boissons glacées à l'aide de cha-
lumeaux en paille.

Pourquoi ces chalumeaux?

Pourquoi ne pas boire comme de simples citoyens!

Ces chalumeaux sont une frime. On y a adapté — fort ingé-
nieusement, je l'avoue. — de petits instruments à musique qui
devront, lorsque le moment sera venu, sonner l'assemblée, le
ralliement, et sur lesquels on exécute, en attendant, tous les
Partant pour la Syrie de la réaction.

Et, aux coins des rues sombres, cette femme qui vous mar-
motte, à l'oreille, des paroles mystérieuses :

— Venez-vous chez moi, beau blond ?
Ou quelque chose d'approchant.

Pensez-vous qu'elle soit là pour l'empereur de Prusse?

Simple racoleuse. Vous montez chez elle, elle vous déroule
les condilions du complot, vous enjôle, vous enrôle, et v'ian —
ça y est!

C'est comme ce monsieur qui, s'arrêlant devant un kiosque,
demande l'Etoile ou l'Anonyme juste le jourdeleur suppression.
Vous supposez qu'il n'a pas lu l'Officiel du matin?
Des nèfles ! Seulement il est bien aise de se faire répondre :

— Supprimés ! monsieur.

Il lève les yeux au ciel, hypocritement, comme quelqu'un
qui proteste contre les errements du pouvoir, et s'en va.

Très-dangereux, celui-jà; le plus dangereux de tous. Il crée
des mécontents,atlise le feu de l'opposition, donne des regrels
aux marchands de journaux et fait qu'on dit, autour de lui,
que tout n'est pas pour le mieux dans la meilleure des Com-
munes. •

Et cet autre qui lit le Père Duchêne en plein boulevard
pour se donner une contenance.

Regardez-le bien. Cela vous paraît un bonhomme, hein?
Comment soupçonner un si excellent patriote, qui lit le Père
Duchêne?! Regardcz-ie bien. Un bout de mouchoir blanc sort
de sa poche gauche. Un mouchoir blanc ! Comprenez-vous,
imbéciles? Un mouchoir blanc! Est-il possible de dire plus
clairement aux passants :

— Vous savez, j'en suis, de la grande conspiration? Si vous
avez quelque chose à faire savoir à Thiers ou à Picard ou à
Mac-Mahon, ne vous gênez pas. Je ne lis le Père Duchêne que
pour donner le change, mais j'en suis !

De temps en temps il est arrêté par un gamin qui lui offre
des allumettes ou par un monsieur qui lui demande l'heure.

Trucs que tout cela. Manière de se compter. Je vous avais pré-
venu que c'étaient des malins.

Tenez, il y a un peu à toutes les fenêtres des drapeaux di-
vers, que vous prenez pour des pavillons étrangers, et qui flot
lent et qui attirent tous les regards.

Ces drapeaux n'ont qu'une seule signification :

— Ici il y a des armes. On en délivrera aux initiés... le jour que
vous savez !

Et parmi les membres de la Commune...

Faut-il vous dénoncer cela?

Ma foi, pendant que j'y suis... ■

Parmi les membres de la Commune se trouve le citoyen Vé-
sinier qui est affligé d'une bosse.

Vous croyez que c'est une vraie bosse?

Jamais de la vie.

Le citoyen Yésinier est du complot. Toutes les nuits il dresse
de longs rapports sur ce qui se passe à l'Hôtel-de-Ville et ail-
leurs. Ces rapports, il les renferme dans la boîte qu'il porle
sur le dos. Tous les malins, son coiffeur — qui en est aussi
lui ! — décroche, en le frictionnant pendant qu'il a la tête
couverte d'une serviette, la boîte pleine et la remplace par une
boîte vide. Même jeu le lendemain et jours suivants.

Vous ne saviez pas tout cela, hein ?

Mais, grâce au Grelot, voilà tous ces trucs débinés. Le grand
jour sur cela. Avisez, agissez. 11 nous faut un exemple formi-
dable.

Arrêtez-moi tous les gamins qui se permettent de faire leur
première communion^

Saisissez, au profit des pauvres, les étoffes bleues, blanches
et rouges, des magasins de nouveautés, ainsi que les rubans
rouges, bleus et blancs des passementiers.

Interdisez aux chiffonniers de travailler la nuit. Comme cela
ils n'auront pas besoin de lanternes !

Poursuivez avec acharnement tous ceux qui osent encore
faire l'aumône;

Et les misérables .qui se tortillent les moustaches.
Abolissez la prostitution ;

Punissez de la peine de mort les réactionnaires qui prennent
des boissons glacées à l'aide de chalumeaux;

Incarcérez les conspirateurs qui ont des bouts de mouchoirs
blancs sortant de leurs poches ;

Enlevez les drapeaux de toules les maisons ;

Frappez sans pitié les coquins qui ont l'air de n'avoir pas lu
l'Officiel du matin ;

Et déliez-vous du citoyen Vésinier, je ne vous dis que ça.

GRINGOIKE.

DEMOLITION DE LA CGLUil

DOCUMENT POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE MON TEMPS.

Et un fier document encore !

L'invitation officielle, remise aux bons amis de la Commune
pour les prier d'assister à la culbute du monument de la place
Vendôme. Du nanan, quoi !

Voici le poulet :

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

Liberté, Égalité, Fraternité (1).

, LE DERNIER IM M U C0I11E

ou

LE TRIOMPHE DE COURBET

ou
GUERRE AUX TYRANS!

Citoyen,

C'est demain, mardi 26 floréal an 79, qu'on doit jeter bas,
irrévocablement et sans remise, la colonne qui empêchait le
citoyen Courbet de dormir.

S'il vous plaît d'assister à cette petite fête, nous vous pré-
venons qu'une place d'honneur vous est réservée au-dessous du
piédestal — du côté de la rue Castiglione. La colonne devant
tomber dans la rue de la Paix, vous n'avez rien à craindre. Il
est peu probable qu'elle aille se tromper de chemin. En tout
cas, le monument pesant fl millions de kilos,votre mort, en cas
d'accident, serait immédiate. C'est à peine si vous auriez le
temps de vous en apercevoir.

Il y aura de la musique.

Salut et vandalisme :

LES ENTHEPPENEORS DE IA PETITE FÊTE.

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INT1
île la G *

C a. Pas de deux, dansé

Vallès.
3" Solo de piston, ex<

thicaire.

4* Discours allemand,
S" Réplique... en arabe,

{• Exercices sur un cl
d'état-major.

7LaCii«i!l«.p»i'lilci

Un rédacteur du fiflffrf

Hugo. On le flanque au pc

(tain tare. Cliquant
vojés prussiens se trouve

Ci») faim, La colonn
haut chanceler comme m
trojable. Xuage de ponssi

Oraison funèbre, ptom
Courbet.

Des salves d'artillerie
nison allemande.

Des Anglais offrent d<
ceau île bronze,

Mail un beau jour poi
Mpourla Presse donc

(1) Faut pas nous la faire !

(.Wte de lu Rédaction.)

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