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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 1.1871

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https://doi.org/10.11588/diglit.3249#0029
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LE GRELOT.

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Ci-joint le programme :

L'ORDRE ET LA MARCHE

DE U OÉEÉMONIE-

On commencera à deux heures précises.
ENTRÉE DES VOITURES PAK LA EUE GASTIGLIONE.

Midi. Arrivée des généraux prussiens, délègues par S. M.
Guillaume, pour assister à la chute d'un monument qui 1 em-
bête depuis bien des années. Les généraux sont en grand uni-
forme. Us sont reçus par le citoyen Franckel, membre de la
Commune et Prussien.

Midi trente. On entend grincer la pierre. Le citoyen Courbet
fait observer que c'est une, vraie, scie.

Midi trente-cinq. Promenade sur le lit de fumier.

Le citoyen Avoine dit en frappant la terre :

— Nous sommes ici chez nous!

Midi quarante. Premier tour de cabestan. Joie des Prus-
siens.

ENTRACTE.

MUSIQUE MIIjITAXRJE

(QUOIQUE FÉDÉRÉE.)

Deux heures moins le quart. Quelques invalides, débris de la
grande armée, viennent essayer d'attendrir les membres de la
Commune. On les flanque au poste.

Deux heures. Quinzième tour de cabestan. Les Prussiens
sont ravonnants. Us offrent des rafraîchissements aux tra-
vailleurs.

Deux heures trente. La colonne tient bon. Elle tombera, tom-
bera pas! crie la foule impatiente.

INTERSIÈDES.

1° Romance de la Grâce de Dieu, jouée sur la vielle, par le
citoyen Billioray.

2° Pas de deux, dansé par les citoyens Vésinier et Jules
Vallès.

3" Solo de piston, exécuté par le citoyen Miot, ex-apo-
thicaire.

&' Discours allemand, par l'un des généraux prussiens.

5° Réplique... en arabe, par le citoyen Anys-el-Bittar (lisez :
Biller Aniselté).

6° Exercices sur un cheval de haute-école, par un officier
d'état-major.

7° La Canaille, par la citoyenne Bordas.

Un rédacteur du P,appel demande à lira des vers de Viclor
Hugo. On le flanque au poste.

Quatre heures. Cinquanlième tour de cabestan. Un des en-
voyés prussiens se trouve mal de joie.

Cinq heures. La colonne s'ébranle. On voit le César d'en
haut chanceler comme un homme ivre. Chute. Secousse ef-
froyable. Nuage de poussière.

LA MARSEILLAISE
Jouée par toutes les musiques militaires, quoique fédérées. r

Oraison funèbre, prononcée en franc-comtois par le citoyen
Courbet.

Des salves d'artillerie sont tirées à Saint-Denis par la gar-
nison allemande.

Des Anglais offrent des sommes folles pour un petit mor-
ceau de bronze.

Celait un beau jour pour la France.
Et pour la Prusse donc !

Marids l'Égorché.

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CALENDRIER PROPHETIQUE

(Du lundi 22 au dimanche 28 avril.)

JLUXtfDÏ.

Le Comité de Salut public ayant, dans sa proclamation au peuple de
Paris, glissé imprudemment la phrase suivante :

« Que tous les bras soient levés pour frapper impitoyablement les traî-
tres. »

Une quantité de citoyens prennent l'invitation à la lettre et se tiennent
les bras levés depuis plus de douze jours.

lien résulte de nombreux cas d'engourdissement, fort gênants pour la
détense.

MARDI.

Prise d'un remords subit, la Commune décrète la reconstruction de
l'hôtel Thiers.

Elle organise une souscription à cet effet.

Le père Duchêne s'inscrit pour trente sous.

M. Minière, ex-caissier de la Marseillaise,.^ prié de tenir les comptes
de la souscription.

MERCREDI.

Gran 'e fêle de nuit au parc d'Asnières.

On trouve des billets chez tous les éditeurs de musique.

Le» dames seules ne sont pas admises.

Une mise déetnie est de rigueur.

jeudi.

. Le pays ayant besoin de ressources pour solder l'indemnité de guerre

et se débarrasser (les Prussiens, les gardes nationaux fédérés renoncent,
d'un accord commun, aux trente sous qu'on leur alloue journellement.

VENDREDI.

Le citoyen Vallès l'ait miner les bureaux du Cri du peuple, à la grande
satisfaction des voisins.

SAMEDI.

L'empereur d'Allemagne envoie aux citoyens Pyat et Courbet le cordon
de l'aigle rouge, ainsi que le droit de bourgeoisie dans la ville d'Iéna.

Histoire de les remercier du coup de main qu'ils lui ont donné pour le
renversement de la colonne.

DIKAISCHE.

Cent dix-huit mille Parisiens sont incarcérés parce qu'ils avaient omis
de se munir d'une carte d'identité.

11 ne reste plus, dans les rues, que les agents de Versailles qui, eux,
n'ont pas perdu la carie.

Le délégué aux propliéties,

MÉPH1STO.

AH! NOM DE DIEU!

PREMIERE PARTIE:

LE JEAN-FOCTRE RÉHABILITE

CONFIDENCES.

CHAPITRE III.

PROPOSITION. -

PALESTINE.

DEPART POUR I.A

(Suite).

Nous avons laissé, au commencement de ce chapitre, le che-
valier Oscar de Courtevue, le sire de Callias et Pierre l'Ermite,
attablés tous les trois devant le café Riche.

— Vous n'ignorez pas, continua le célèbre moine, que je
viens de monter un coup superbe par. actions : la première
croisade.?

— On ne parlait que de cela hier, chez Brébant.

— Eh bien, je pars ce soir pour la Palestine. Je vous em-
mène. L'étranger, cher Oscar, voilà qui vous remplume un
homme! Voyez Palikao avec la Chine.

— C'est une idée.

:— Acceptez-vous?

— Ma foi...

— Si vous partez, Oscar, je vous suis, fit sire Hector. Le
temps simplement de passer prendre chez moi ma brosse à
dents. J'ai soif des voyages. Et puis, je ne serais pas fâché de
croiser un peu le sang de ma noble famille avec celui de
quelque jolie païenne.

Les femmes ! les femmes ! Il n'y a que çà !

— Ça va-f-ii? reprit Pierre l'Ermite.

— Ça va, sire moine.

— Ça va, s'écria HeCtor.

— Le train part à minuit trente; nous n'avons que le
temps.

— Eh bien, en route!

— En roule!

— Et, chemin faisant, vous me raconterez ce terrible mys-
tère, qui fait le désespoir de votre vie.

— Je vous le raconterai... Ah ! nom de Dieu!

— Hein?

— Pardon, mon cher Pierre, mais je suis bigrement mal-
heureux, allez !

Les trois hommes se levèrent.

Une voiture passait. Ils y montèrent, et le sire Hector de
Callias, d'une voix ferme et résolue, s'écria :

— Cocher!... 15, rue Lepelietier, et, de là... au chemin de
fer de Lyon !

La voiture disparut.

A ee moment, la voix chevrotante du veilleur de nuit jetait
aux passants son cri monotone :

Tout est tranquille. Parisiens, dormez/
(Musique à l'orchestre.)

; CHAPITRE IV.

EN WAGON.

Les trois voyageurs arrivèrent sans encombre au chemin de
fer.

Au moment où le chevalier Oscar prenait ses places pour
Marseille, un petit homme quittait le guichel, muni d'un bil-
let à cette destination.

— Tiens !... lit sire Hector, un singe!
L'individu ainsi qualifié se retourna gracieusement.

Ce n'élait pas tout-à-fait un singe, mais c'était la vieille poire
tapée du théâtre des Variétés, le chevalier teuton de Moltke.

— Eh quoi, sire chevalier, dit Pierre l'Ermite, vous aussi,
vous allez à Marseille?

— Ya, meinherr.

■—-Voyez un peu comme cela se rencontre! Nous ferons
route ensemble. Et qui diable vous l'ail quitter la bonne ville
de Paris?

— Je suis fort'curieux de suivre les opérations du siège de
Jérusalem. Ce Godefroid de Bouillon qui les dirige me paraît
un simple idiot, etjetiens à m'assurer par moi-même de toutes
les bêtises qu'il va faire afin de les éviter en pareille circons-
tance.

— Ah ! ces Teutons !... quels hommes!...

— Mais pardon... vous permettez?...

En achevant ces moïs, le chevalier de Moltke lira de sa po-
che un portefeuille et du portefeuille une feuille de papier.

— Que faites-vous donc là, cher ami? demanda Osear.

— Je lire un pelit plan.

— Un petit plan ?

— Oui.

— Un petit plan de quoi?

•— De la gare de Lyon. Oh ! ce sera l'affaire d'uhe minute.
J'en ai une telle habitude !

— Et que prétendez-vous faire du plan de la gare de
Lyon?

— Messeigneurs, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Il
faut toujours avoir son plan en poche. Supposez qu'un jour la
France et l'Allemagne soient en guerre, et que j'aie besoin
d'envoyer quelques obus dans cette gare, eh bien, je tire mon
pian de ma poche et crac ! je démolis le monument.

■—Fichtre!...- s'écria Pierre l'Ermite, vous êtes un rude
homme !

— Penh!...fit modestement la poire tapée, j'ai beaucoup
pratiqué, voilà tout. Mais la cloche sonne... c'est le départ...
Messeigneurs... à vous revoir, comme on dit dans votre belle
Lorraine, que j'espère bien vous pincer un jour.

— Vous êtes mille fois bon, cher chevalier, crient les- trois
amis.

La poire tapée s'éloigna en chantonnant :

Encore un carreau d'eassé,
Via l'vitrier qui passe.

— Si jamais je te rencontre dans un terrain vague ! mur-
mura entre ses dents le sire de Callias.

Les portes de la salle d'attente s'ouvrirent en Ce moment et
les trois voyageurs s'élancèrent dans un compartiment.

■— Ouf!... nous voilà partis, s'écria Pierre l'Ermite, en s'as-
seyant.

— A nous la liberté et le bon air des aventures, reprit Hec-
tor de Callias.

Oh !... Blanche !... Blanche!... que t'avais-je fait?...

— Ah! çà, mon cher Oscar, fit Heclor, je voudrais pourtant
bien ne pas vous dire des choses désagréables, mais laissez-
moi vous faire observer cependant que cette ribaude vous rend
abominablement ennuyeux. Par les cornes du dernier mari
dont j'ai aimé la femme, fichez-nous la paix avec cette cabo-
tine !

— Ah! nom de Dieu, si jamais je la retrouve !

— Chevalier de Courtevue, s'écria Pierre l'Ermite en sautant
sur son cousin, je vous en conjure, ayez pitié de mes oreilles
et ne les souillez pas constamment de ce blasphème impie!

— Hélas !... c'est plus fort que moi... jesuis empoisonné !...

— Empoisonné ! dit le moine.

— Empoisonné! s'écria Hector. Je me rappelle en effet
qu'hier soir, nous avons dîné ensemble et que vous avez avalé
un bocal de cornichons... qui étaient d'un vert!... oh! mais
d'un vert!...

— H s'agit bien de vos cornichons!... Oh! mes amis... te-
nez... il faut que je vous raconte tout..; aussi bien cette con-
fidence me soulagera... j'étouffe.

— Allez-y, Oscar, allez-y. Pierre, avez-vous des allumettes?

— Mon Dieu, que vous êtes assommant, mon pauvre Hec-
tor!... Parlez, mon fils, je vous écoute.

— Oui, je vais tout vous dire. D'ailleurs l'heure est pro-
pice... la lune brille___

— Le ciel scintille, Ira, la, la, la, tra, la, la, la, la. Dieu que
Pradeau était drôle en chantant çà!Je m'en esclaffais de-
rire !...

— Hector!... fit sévèrement le moine.

— Pardon... mon père.

— Je vous ouïs, chevalier de Courtevue.

Le train filait à toute vap-eur. On n'entendait rien que le bruit
monotone des pistons de la locomotive et le grincement aigu
des roues sur les rails.

Courtevue ôta sou casque, en tira son mouchoir, se le passa
sur son front humide de sueur et commença en ces termes :

—-J'étais, il y a un mois, l'amant heureux d'une jeune bour-
geoise de la rue Thibautodé.

— Tibalde ad dâdos, comme dit le célèbre troubadour qui a
nom Hugo (Victor), dans son roman de Notre-Dame de Paris.

— Silence!

— Elle m'aimait de toule son aine, et quoique femme d'un
simple marchand de chaussons de lisières, oneques ne vit plus
plus belle ni plus intelligente créature. J'étais alors, ce que
vous m'avez toujours connu, un parfait gentilhomme, d'une
exquise courloi ie, et dont la bouche ne s'ouvrait que pour
dire des paroles fout emmiellées et toutes suaves. Mais, hé-
las!... un jour... jour fatal !... méconnaissant le trésor que je
possédais, je trahis ma maîtresse pour cette misérable Blanche
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