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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 1.1871

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https://doi.org/10.11588/diglit.3249#0039
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LE GRELOT.

. VICTOR.

C'est ce que je demande.
. la voix. :
Nous sommes dix au moins.

VICTOR.

Monte, ainsi que ta bande. ,

Eux 1... ce sont eux !... ô l'affranchissement des nègres !... ô
les forçats!... ô la Commune.!... ô tout ce qu'il y a de beau et
de grand sur la terre!... Mariette!... Mariette!... ouvrez à ces
citoyens... allumez la salle à manger et préparez les rinceT
bouches!

(Exit Victor).

ACTE II.

La salle à manger du maître. Table somptueusement servie.
Fleurs, flambeaux, fruits variés. Mise en scène complète du cin-
quième acte de Lucrèce Borgia. Par un excès de précaution qu'on
ne saurait blâmer, Victor a serré son argenterie. On soupe au ruolz,
mais le cœur y est.

SCÈNE UNIQUE.

VICTOR, DOMBROWSKI, CRAPULINSK.I, WROBLEWSK.I,
FÉLIX PYAT, LE PÈRE DUCHÈNE, PASCHAL GRODSSET,

DNE GRAKDB MALLE DANS UN COIN.

(Tous les convives sont masqués. Les vins les plus exquis : le
Château-Argenteuil 58, le Clos-Suresnes 62 ètincellent dans les
coupes. Les éclats de rire, les mots joyeux, les calembourgs les plus
piquants se croisent. Le grand Victor, au comble de l'ivresse, a déjà
aissé deux fois tomber son auréole dans un fromage glacé).
victok, versant.
Duchêne, comment trouvez-vous ce petit bleu-là?

LE PÈRE DUCHÈNE.

Ah! foutre de foutre, j'en voudrais remplir tous les matins
ma chopine!

VICTOR.

Vous n'êtes pas dégoûté!... Mon cher Crapulinski, quelques
mendiants?

CRAPULINSKI.

Mille grâces. J'ai tellement bouffé!.,.

FÉLIX PYAT.

Victor, avez-vous apprécié mon attitude au Comité de Salut
public?

VICTOR.

Parfaite. Les grandes traditions !

LE PÈRE DUCHÈNE.

Et comme il s'est éclipsé!

Félix pyat, modeste.

Duchêne!... Duchêne!... vous me comblez. A vrai dire, je
n'ai qu'un mince mérite. La fuite est tellement dans mes habi-
tudes !

VICTOR.

Citoyens, je bois à la Commune!... au gouvernement de
l'avenir!... à la mort du capital!... à l'abolition de la pro-
priété!... au vol !... au viol!... à l'incendie!..,

TOUS.

Bravo!... à la Commune!...

paschal srousset, rougissant.
Aux dames !

WRORLEWSKI.

Farceur, va !

[L'auréole de Victor l'abandonne encore une fois et va tomber dans
un saladier de pruneaux. On s'embrasse. Les têtes se montent).
une voix, sortant delà malle.
Messieurs, dépêchez-vous !... on étouffe là dedans!...
Victor, déclamant.
Croyez-vous donc qu'on soit à l'aise dans cette armoire?

Quiest-ce quiaparlé?... Ah! citoyens... a propos., .faites-moi
donc le plaisir de me dire pourquoi vous avez gardé ces mas-
ques? Je sais bien que c'est plus commode pour manger, mais
enfin, il me semble qu'au dessert...

(Tous les convives se lèvent.) ■

DOMBROWSKI, d'une voix grave.

Victor, l'heure est venue de vous montrer nos visages ! Re-
garde ! (Il Ole son masque) et tremble !

Victor, poussant un cri d'effroi.

Monsieur Anspacb !

TOUS.

Le bourgmestre de Bruxelles !

VICTOR.

Ah! malédiction!... je suis trahi I... Mais vous, messeigncurs,
vous!... qui êtes-vous?

(Les convives se démasquent. Ce sont tous des jeunes gens des pre-
mières familles de Bruxelles.)

VICTOR.

Enfer!...

TOUS.

Ah!ah!ah!ah!

VICTOR.

Citoyens...

le bourgmestre, d'une voix tonnante.
Il n'y a pas de citoyens, ici, sache-le. 11 n'y a que d'honnêtes
Flamands, indignés que lu aies pu les remercier de cette hos-

pitalité qu'ils ne t'ont jamais refusée, en osant appeler chez
eux les pires scélérats, les plus sinistres gredins que jamais
peuple ait produits.

VICTOR.

Mais...

LE BOURGMESTRE.
Silence !... Ce soir, lu partiras.

VICTOR.
. Ta, ta, ta.

LE BOURGMESTRE.

Il n'y a pas de ta, ta, te.Nous te chassons. (/( s'approche de la
malle et en tire un monsieur bien mis qui semble respirer avec dé-
lices l'air de la liberté.) Venez, monsieur le directeur.
VICTOR.

Le directeur de Charenton! Infamie!... infamie!..,

LE BOURGMESTRE.

Le seul asile qui te convienne/Monsieur le directeur, vous
voyez bien cette tête qui a pensé de si beaux drames, cette tête
qui a conçu de si beaux vers, cette tête qui a rêvé tant de cou-
pables folies, eh bien, cette tête... je^vous la donne!

(Victor tombe anéanti sur sa chaise. Le Directeur de Charenton
met la main sur son épaule. Les assistants montrent la porte au
poêle, et une musique guerrière, placée sous les fenêtres de la mai-
son et la direction de M. Gevaërt, directeur du Conservatoire de
Bruxelles, fait entendre les accents entraînants de la Brabançonne.
Tableau.)

Nicolas FLAMMÈCHE.

LE SEUL THÉÂTRE

Le Gymnase se distingue. Alors que tous les théâtres de Paris font
relâche faute de spectateurs, ou bien parce que les plus simples conve-
nances le veulent ainsi, ou bien parce que l'incendie les a détruits, parce
que le canon les a démolis, le Gymnase est le premier a rouvrir ses portes,
a passer en revue son répertoire.

On se rappelle cette petite scie des journaux communeux :
« Le Gymnase est le seul théâtre de Paris resté fidèle à son poste. »
Et les éloges quotidiens de ces mêmes journaux pour « les citoyens
Pradeau, Landrol et les citoyennes Massin, Magnier, du seul théâtre... »
La Commune était Hère de cela.
La France l'abandonnait, mais il lui restait le Gymnase!
Pauvre. Commune! Comme 'elle se fourrait le doigt dans l'œil. Le
Gymnase se moquait d'elle comme d'une pièce d'Amédée do Jallais. Le
Gymnase jouait parce que cela lui démangeait de jouer. La ville était
morne ; la France, l'Europe, anxieuses, avaient les yeux tournées vers
Paris; clans la rue, on se parlait bas; sur les boulevards on arrêtait les
jeunes gens; les prisons étaient pleines de monde; le sang coulait à flots
autour des fortifications; cela n'empêchait pas le Gymnase d'allumer son
lustre ni de représenter ses Grandes Demoiselles. Le seul théâtre... encais-
sait de bonnes recettes, la Commune s'en servait pour prouver que Paris
n'avait rien perdu de son ancienne splendeur, les citoyennes Massin et
Magnier y gagnaient des brevets de civisme; nous nous disions que ce
n'était peut-être pas le moment de jouer la comédie.

Dimanche dernier — le dernier incendie n'éffiit pas encore éteint ! —
le seul théâtre... a repris ses soirées. Nous avons revu l'affiche des
Grandes Demoiselles et les noms aimés de Mlles Magnier et Massin. Plus
de citoyennes, plus de citoyens ! Sauf cela, rien de changé.

Les autres, maintenant, vont suivre.

Eh bien, franchement, nous n'étions pas si pressés. Nous nous serions
passé de spectacles pendant quelque temps encore.

Après cela, on affirme que nos ruines vont attirer l'étranger. H est bon
que l'étranger puisse varier ses distractions.
A midi, les ruines de l'Hôtel-de-Ville;
A une heure, celles des Tuileries.

Belleville et La Villette jusqu'au dîner. Il

Le soir, les Grandes Demoiselles.

AU rkjhtl

GRINGOIRE.

SIMPLES CONSEILS.

Ne pas crier « Vive la Commune! » sur le passage d'un géné-
ral entouré de son état-major.

Pas mal de bourgeois ont eu la funeste idée de garder chez
eux les obus qui ont fait irruption dans leur salle à manger et
n'ont pas éclaté. Il est bon, pendant quelque temps, d'éviter
leurs invitations. Un accident est si vite arrivé.

Ne pas lire le feuilleton du Figaro pour connaître l'histoire
des derniers jours de la Commune.

Ne pas croire que le prince Napoléon posera sa candidature
de député... en Corso, pour défendre, à l'Assemblée nationale,
le régime déchu.

C'est uniquement ponr se rencontrer enfin avor- i
d'Aumale. • le ^

En ouvrant le journal de M. Portalis, penser au proverbe •
« La Yérité n'est pas toujours bonne à lire. »

Ne pas faire le voyage de Versailles pour y dire du bien
Paschal Grousset. "e

Ne pas essayer de prouvera M. de Lorgeril que laRépublique

Se fier aux femmes comme au lemps, et ne jamais sort'
sans prendre son parapluie. r

Répondre aux intrigants qui parlent d'un prochain plébis
cite, qu'ils peuvent être badins, mais qu'ils ne sont pas gais.

Opposer un refus poli, mais formel au monsieur qui vous prie
à dîner dans sa « petite maison d'Asnières. »

S'habituer à confondre les manifestes princiers avec les pro.
spectus des maisons de nouveautés.
Répondre aux prétendants :
— Je me fournis ailleurs !

Aux élections complémentaires, nommer les rédacteurs du
Grelot, qui, d'ailleurs, n'ont point du tout l'intention de poser
leurs candidatures. Marius l'ÉCORCHÉ.

A L'INTERNATIONALE
GRANDS MAGASINS

DE

VIEILLERIES et DROLERIES

POLITIQUES

LIQUIDATION

DE

Marchandises socialistes de toutes sortes

PROVENANT DE LA FAILLITE

DE LA

COMMUNE DE PARIS

Vente au comptant, par le sieur THIEKS, commissaire liquidateur.

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ROUGE PYAT' pour bonnet, phrygiens, drapeaux de bataillons composés
de « bons bougres de patriotes »— Ceintures d'officiers et
de gardes, — ttchurpes pour Comité central, membres de
Commune et Citoyennes de Clubs,, de Quêtes publiques
et de rempart.

Ces étoffes sont garanties bon teint ; elles auront conservé
tout leur lustre- dans 20 ans, à la reprise des affaires
d'une nouvelle révolution.
ROUGE RDSSEL pour revers de tunique (é'at-major fédéral) et tout ce qui
tient seulement a la coquetterie de l'uniforme, sans re-
chercher la fermeté des convictions.

Cette étoffe bon marché est essentiellement propre, par
son peu de solidité, à tous drapeaux, fanions, ceintures,
éch&rpes, etc., de tous bataillons qui ne demandent quià
tourner le dos.

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Pour brassards réactionnaires et drapeaux pris sur l'ennemi (l'acquéreur^
pourra se livrer à toutes les fantaisies de sort imagination et surpasser
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