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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 1.1871

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https://doi.org/10.11588/diglit.3249#0058
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LE GRELOT.

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On regratte.

— Est-ce loi, Adolphe?

— Oui, maître.
Bonvalet pâlit.

— Et la rue Maubuée ?

— Elle a voté.

— Combien ai-je de voix?

— Deux cbht quarante-quatre mille.

— Et Moreau?

__Deux cent quarante-quatre mille cinq cent une.

— Enfer et macaroni !... Mais alors, Adolphe...

— Maître ?

— Il est député, lui !... ce misérable I...

— Hélas!

— Et moi!...

— Vous?

— Oui.

__Vous restez restaurateur.

: Ici Bonvalet étend violemment sa jambe gauche dans là di-
rection d'Adolphe, et, en exécutant ce mouvement, sa pan-
toufle rencontre de nouveau le derrière du marmiton.

__Tiens, galopin... va-t'en !..i Les deux font la paire. Tu es

payé.
Sortie d'Adolphe. Accablement de Bonvalet.

Après quelques minutes d'un aplatissement bien excusable,
le malheureux candidat se lève. Il est trés-pâle. Son œil brille
d'an éclatfiévreux, mais l'altitude est ferme et digne.

Il se dirige vers son lit, soulève ses oreillers et en retire un
tourne-broche supérieurement affilé.

— Maintenant, s'écrie l'infortuné, je n'ai pins qu'à mourir.
J'aurais pu m'empoisonner avec du lait concentré, mais cette
mort par le tourne-broche a plus de chic... elle rappelle celle
deVatel.., et puisque je n'ai pu vivre député... je meurs cuisi-
nier. 0 mes aïeux!... pardonnez-moi !... et toi, Eugénie...

Mais n'entrons pas dans la vie privée.

D'une main sûre il prend l'arme, en appuie la pointe sur son
cœur, et murmure : Une!... deux!... trois!...
Enlevez!,., c'est pesé !...
Bonvalet fi'est plus!

* *

Nous sommes aux Enfers. Décor de M. Chéret. Un cabinet
particulier. Table fortement servie. Convives joyeux: Vatel,
Lucullus, Brillât-Savarin, Grimbd de la flèynière, le baron
Brisse.

On rit, on boit et on mange.

Le baron Brisse commence à être paf. Il se penche vers son
voisin de droite :

— T'es bête , mon petit Lucullus... tu me la fais aux ce-
rirês...

— Baron, je t'assure...

— Parle-moi de la pêche de Montreuil... mais tes cerises...
c'est aigre... c'est sûr... ça ne vattt pas le diable!...

— Messieurs, dit Brillat-Sâvarin, à la santé de notre am-
phitryon !...

Au grand Vatel !...

— Tiens, dit Grimod, j'ai connu à Valenciennes une auberge
qui portait ce HOm. Nom illustre, nota vënërë'!... A la vôtre,
cher maître!...

On toste, on s'embrasse.

Le baron Brisse, complètement gris, trouve drôle de verser
un grand verre de Champagne dans le dos de Lucullus.

Lucullus lui envoie un de ces coups de poing!...

On rit à se tordre.

Ah! c'est une jolie société !

A ce moment une trappe s'ouvre, il eh sort*un grand diable
de garçon qui parle bas à Vatel.

— Ce n'est pas possible ! dit celui-ci. Bonvalet !... Bonvalet
ici!....

— Oui, monsieur.

— Et qu'est-ce que vient faire cet imbécile?... Messieurs...
vous entendez?... Bonvalet est dans nos murs?...

— A l'ours I vocifère le baron. Cuisiné exécrable... Taver-
nier du diable!... double empoisonneur 1

— Ah I si on n'avait que cela à lui reprocher ! fait douce-
ment Brillât-Savarin.

— Messieurs, le recevons-nous?

— Qu'il entre, dit Grimod de la tteynière. Nous allons lui
laver la tête.

Sur un signé de Vatel, le garçon disparaît. Feu de Ben-
gale.
Il reparaît aussitôt apportant Bonvalet sur un plat d'argent,
L'ex-maire salue avec humilité, puis d'une voix émue :

— Citoyens...

— Dites donc, dites donc, vous, là-bas, fait Grimod de la
Reynière eh chiffonnant soh jabot de dentelles avec uhe grâce
adorable, est-ce que nous avOns gardé la République en-
semble?

— Grimod, reprend Lucullus, vous allez un peu loin!... la
République a du bon.

— Messieurs, dit doucement Bonvalet, croyez que je ne suis
pas indigne de prendre place parmi vous. Moi aussi, j'ai été un
grand cuisinier.

■* Jamais ! hurle le baron Brisse. *

— Cependant...

— Brébant, Maire, Voisin, à la bonne heure! Mais vous...
— Monsieur Bonvalet, fait dignement Vatel, asseyez-vous et

écoutez-nous. Nous allons vous faire entendre de dures paroles,
mais vous les avez méritées. Vous n'êtes pas sans valeur; seu-
lement nous ne pouvons vous admettre dans notre cénacle,

et voici pourquoi : vdus avez eu un tort* le plus grave à nos
yeux. Vous avez renoncé à notre prôfeèston, la plus noble,
la plus utile de toutes, pour entrer dans une carrière à laquelle
le ciel ne vous avait point'destiné, et où, vous ne l'ignorez pas,
il se commet beaucoup de vilenies. Vous avez quitté la ser-
viette pour l'écharpe. C'est plus qu'Un crime, c'est Une bêtise.
Par suite de votre résolution; vous avez jeté sur notre art un
ridicule ineffaçable dont il se relèvera difficilement. Autrefois
on nous respectait, maintenant on nous blague.- C'est dur,
avouez-le. Si encore vous aviez signalé votre transformation
par quelque action glorieuse! mais non... rien... absolument
rien... Or, mon ami, M. de La Fontaine a dit une chose bien
vraie :

Ne forçons point notre talent,
Nous ne ferions rien avec grâce.

Ëh bien, vous avez forcé votre talent, et Vous n'avez pas été
gracieux. Je maintiens même que la dernière veste que vous
avez remportée vous a mis au nombre des plus illustres gro-
tesques dont s'honore l'humanité. Et vous prétendriez, parce
que vous avez avalé un tourne-broche, vous asseoir dans l'éter-
nité à notre table sacrée? Erreur! vous allez immédiatement
reprendre le chemin de votre arrondissement, rallumer vos
fourneaux, servir vos clients, et leur donner des beefsteacks
moins durs et des sauces plus liées que par le passé. Et votre
supplice durera jusqu'à ce qu'il se trouve en France un Fran-
çais, excepté Hugelmann, qui bénisse la mémoire de Napo-
léon III. Vous voyez que cela peut durer longtemps !

— Monsieur... monsieur Vatel... messieurs, grâce!... s'écrie
le malheureux traiteur en fondant en larmes.

— Pas de grâce 1 J'ai dit et par ma voix l'an et est prononcé/
Je crois que je viens de faire un vers. Passez-moi donc un
peu de cognac, baron.

— Monsieur Vatel !

— Sortez !

— Mais...

— Vous êtes, à dater de ce jour, le Juif-Errant de la cuisine.

— Un peu de pitié!

— Du flan!... Garçon!...

La trappe se rouvre, le diable reparait. — Feu de Bengale.

— Monsieur a sonné?

— Ehle*Ëz cet homme.

— Où faut-il le conduire?

— Boulevard du Temple. AU restaurant Bonvalet.

Le condamné pousse un cri terrible et disparaît dans le des-
sous. — Feu de Bengale.

— Et nous, messieurs, en chœur !.

Vive le vin !
Vive ce jus divin!
Je veux jusqu'à la lin, etc., etc.

On retoste.

Grimod prend Vatel à part et lui chante en sanglotant :

On dit que tu te maries,
Tu sais que j'en vais mourir.

Le baron Brisse saisit LucUllus par sa robe et exécuté avec
lui le pas du Hanneton révélateur.
Applaudissements.
Brillât-Savarin propose un petit boo.
On le hue.

Une heure après,tout le monde est sous la tablé.
Ronflements prolongés.
Le rideau baisse.

Nicolas FLAMMÈCHE.

BINETTES PARLEMENTAIRES

o-CO§§<XX=—

COUPS DE LORGNETTE.

Exécutif (du Grelot) à Critique influent.

[Paris, 14 juillet 1871.

Moi attendu vainement -Coups de lorgnette. Que signifie? Pouvons pas
laisser passer solennité réouverture Opéra sans en dire deux mots. Vous
paresseux. Vous négligez plus sacré de tous les devoirs. Moi pas content
du tout.

Exécctif.

Critique influent à Èasémtif (du Grelot).

Cliarenton, 14 juillet, soir.

Moi migraine, mal aux dents, cors au petit doigt pied gauche. Puisétat
siège empêche représmtations nouvelles. N'ai vu que Contes de fée h
Ambigu; pas peiné d'en rien dire. Quanta Opéra—réouverture a joué
Muette; ai cru que c'était pour qu'on en parlât pas.

Gilles Ravisseur.

Si satisfaisantes que puissent sembler les explications de Mons Gilles
au moins indulgent dé nos lecteurs, je crois devoir infliger à ce collabo-
rateur excellent, mais d'un naturel paresseux, le pensum suivant qu'il
copiera mille et une fois, pendant huit Jours, entre ses repas :

« La réouverture de l'Opéra a été des plus brillantes. ÔncqUes ne vis
plus de fioeres stationner rue Le Peletier, car on était accouru en foule.
Sur ma vie, l'art est immortel. Une année de chômage ne lui a fait aucun
mal. C'est d'autant mieux que la Société des artistes de l'Opéra est une
institution dans le genre de celle que le baron de Tay-laure fonta. Et
que devant les belles recettes personne ne bisque, hein? (Lisez: Bosquin.)»

LAURIER (var et bouchjss-lu-uhôhjs).
Chacun sait qu'il faisait merveille
Sous le gouvernement défunt ;
Mais on se chucliotte à l'oreille
Qu'il n'a plus qu'un talent d'emprunt.

T. DELORT (vaucluse).

Nous sommes des pieds-plats, oui, des marauds, d'accord;
Mais le monde est à nous, car nous avons Delort.

(L'Honneur et l'Argent. Ponsakd.)
CÉZANNE (ilAUTES-ALPES).

Noble inconnu, quelle est ta ,foi
Et ton drapeau, dis-nous-le vite?
Au Grelot, confident d'élite,
Cézanne, Cézanne, ouvre-toi!

LAFLIZE (meubme) et DAHIREL (mohbihan).

A bas les rois ! à bas l'Église !

Voilà Laflize.
Vive le roi ! vive l'autel !

C'est Dahirel.

GÉNÉRAL BILLOT (cqrkèze).

Si l'Assemblée, au nom de la pudeur, publique,
Dressait un échafaud à la Porte-Maillot
Pour tous ses généraux d'intrigues et de clique,
Elle se garderait d'oublier son Billot.

ALLEMAND (hautes-amks).

Français, dans notre cataclysme,
Maudissons ce département,
Dépourvu de patriotisme,
Qui vient d'élire un Allemand.

MOREAU (seine).

A nos yeux tu viens d'apparaître
Comme l'homme qu'il nous fallait.
En nous sauvant d'un Bonvalet
N'as-tu pas fait un coup de maître?

DENORMANDIE (seine).

(Air connu).

...Mais je disais à Gavardie
Que je croisais au Point-de-Jour :
Que j'aime à voir Denormandie,
A l'Assemblée il ne fera pas four !

UN HUISS1EK.

Le Père Ducliêsne à l'Eau de Lubin, dont le style parfumé a déjà égayé
les lecteurs du Grelot, nous envoie aujourd'hui son deuxième article, que
nous nous empressons d'insérer.

D'autant plus qu'il nous en promet plusieurs autres.

LA GRANDE COLÈRE

DU PÈRE DUCHÈNE

Contre les Prussiens qui reviennent tranquillement mou-
charder à Paris et les Français qui retournent se flanquer
des ribotes en Allemagne;

Avec ses grandes considérations bigrement patriotiques.

Un LECTEuu. — Gilles en mourra.
Moi. -r= Ça le regarde.

ILE RÉDACTEUR EN CHEF.

Eh mais! nom de nom! on ne pourra donc pas respirer tm
peu?

A peine sommes-nous débarrassés de ces gredins de eom-
muneux et voilà déjà tous les vieux mouchards du papa Guil-
laume qui reviennent se promener dans nos rues et qui nous
regardent effrontément sous le nez comme si de rien n'était.

C'est trop fort !

Comment! ces Prussiens nous ont écrasé sous les cata-
clysmes ;

Ils ont brûlé nos maisons, ravagé nos campagnes ;

Ils nous ont pris deux provinces et cinq milliards, sans
compter les pendules';

Il y en a encore un peu partout, en Champagne et ailleurs,
qui se permettent d'insulter les femmes et les filles,

De menacer les paysans,

Dé supprimer les journaux,

De violenter,

D'opprimer,

D'emprisonner,

Et il faudrait faire bonne figure et bouche-en-cœur à tous
ceux qui osent remontrer sur les boulevards leur tête de mou-
chard ?

Non, fichtre de fichtre!

On me dira que le traité de paix est là;

(1) Voir lu numéros du 18 juin, i et 9 juillet.
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