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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 1.1871

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https://doi.org/10.11588/diglit.3249#0078
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LE GRELOT.

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Exemple : sur les deux dernières questions, on déclare im-
médiatement l'urgence samedi derpier.
C'était le cas de tenir séance le lendemain.
Que fait la Chambre?

— C'est très-pressé, dit-elle; alors nous allons prendre congé
jusqu'à jeudi.

Absolument comme un médecin qui s'écrierait :

— Mon ma]a.dé a le plus grand besoin de me voir; ma foi,
je vais faire un tour à Mabille!

Et voilà comme, à l'heure où nous écrivons ces lignes, nous
sommes encore dans la plus complète incertitude sur la grave
question de savoir si M, Thiers devient président de la Repu-*
blique ou reste simplement notre exécutif comme devant.

Les exécutés ne seraient pourtant pas fâchés de savoir à quoi
s'en tenir.

Par exéculés j'entends ces pauvres Parisiens que le Royal-
Taffeur, le bataillon hardi de la majorité, menace de frapper
dans le sinistre objet de ses terreurs...
J'ai nommé Paris!

Seulement, ce dont le Royal-Taffeur ne paraît pas se douter,
c'est qu'il aura beau décapitaliser Paris par force, Paris restera
capitale de fait et quand même.

Les bonnes gens, en se séparant de Paris, croient le punir,
tandis qu'ils ne punissent qu'eux-mêmes; ils s'imaginent priver
la grande ville de leur éclat, et c'est elle, au contraire, qui va
les priver de son lustre.
Et notez que ce n'est pas tout.

Non-seulement le Royal-Taffeur ne décapitalisera pas Paris,
mais ce qui esl plus drôle —ce à quoi il ne s'attend guère peut-
être—c'est qu'il va par-dessus le marché corrompre Versailles,
et même y créer — ô spectacle inattendu ! •—un nouveau foyer
pour la démagogie.

Quelle ville, si tranquille qu'elle puisse être depuis des
sjècles, croyez-vous donc capable de résister aux entraîne-
ments de la vie mondaine et du luxe?

Or, voyez un peu : quand la Chambre aura installé à Ver-
sailles les ministères et leurs dépendances, force jeunes gens
désœuvrés suivront et aussi force hommes mûrs désireux de
bjen vivre. Ceux-ci attireront force cocottes qui attireront à
leur tour force marchands de futilités coûteuses, avec toute
sqr-te d'ouvriers pour fournir à leurs étalages, et pas mal d'u-
surjers pour aider au débit.
Le reste viendra de soi.

je ne vous donne pas trois ans, ô braves du Royal-Taffeur,
pour que la ville auguste, transformée en un grand caravansé-
rail, soit pourrie à son tour jusqu'à la moelle, et plus encore
qi)e Paris peut-être.

Le respect des choses les plus sacrées se perdra. II y aura
sur yptre chemin des gamins qui s'écrieront :

— Ahl c'te trompette !
Jjt les femmes diront :

— Allons, faut cisquer, ma vieille !

AJûrs vous pourrez leyer les bras au ciel et fuir ce lieu de
perdition ; seulement, il ne faudra peut-être pas beaucoup
larder-, de peur que la gangrène ayant gagné trop vite,,— il n'y
a riep qui soit prompt à choir comme la vertu, — ce soit Ver-
sailles lui-même, Versailles en veine de folichonnerie. qui s'a-
vise (Je vous envoyer ailleurs voir si le printemps s'avance,

Est-il trop tard pour parler de la proposition du comte de
Doub,et à l'assemblée nationale?

Cqmjne il n'est jamais trop tard pour se faire du bon sang,
je crqjs que nous pouvons encore en dire un mol.

M. de Douhet n'est pas du Nord, comme M. de Tillancourt
pourrait le souhaiter, mais bien du Puy-de-Dôme. L'honorable
député de Clermont-Ferrand trouve le suffrage universel une
si belle institution, — il esl; vrai qu'il lui doit bien quelque
chose, —; une si belle, si belle institution, qu'il rêve de l'uni-
versaliser encore.

Sop rêve se résume dans celte idée grandiose :

Le voU accumulé des familles.

Voqs pourriez croire, au premier abord, qu'il s'agit de votes
de pères de famille qu'on met en tas dans un coin (pas les
nères ç|b famille, les, votes!) pour les servir en bloc au gou-
vernement le jour où il en demande.

« Yous voulez des votes, en voilà 1 »

Eh bien, ce n'est pas ça du tout.

L'idée, beaucoup plus forte, consiste à voter non pas par
tête de « vacciné, «> mais par tête de «-chef de famille. »

Toi, homme ou femme, — ça ne fait rien, — qui as cinq enr
fanls, tu as droit pour tes enfants à cinqvoix. plus une voix qui
est la tienne; soit six en tout.

Pour onze enfants, c'est donc douze voix; trente voix pour
vingt-neuf enfants, et ainsi de suite.

Les hommes d'une constitution extrêmement puissante ou
ceux dont la femme voit beaucoup de monde pourraient at-
teindre comme cela un chiffre de voix très-élevé.

On ne dit pas si les chiens et les chats compteraient. II y en
a qui sont bien un peu de la famille. En tous cas, les céliba-
taires paraissent devoir se fouiller.

Le projet Douhet, c'est avant tout la revanche des hommes
mariés.

Les célibataires, par exemple, pourraient bien trouver leur
belle en venant dire à la section le jour du vote :

— Pardon, M. X. , si je ne me trompe, a déclaré sept en-
fants, Je réclame. Il y a en a six qui ne sont pas de lui. J'offre
d'en donner la preuve!

Voilà une situation à laquelle M. de Douhet n'a peut-être
pas pensé!

Je sais qu'au point de vue légal cela ne ferait rien, attendu
que «épater est..., » mais c'est égal, ça jetterait un froid.

Et il y aurait peut-être bien des pères de famille dégoûtés
du vote.

• Quant à nous, nous n'aurions pas besoin de l'espoir de ces
scènes piquantes pour souhaiter à M. le comte de Douhet le
succès de son œuvre.

Nous sommes de cœur avec lui pour le vote accumulé des
familles.

En portant ainsi le suffrage universel à ses extrêmes limites;
en donnant la souveraineté politique à des enfants qui metlent
encore leurs doigts dans leur nez et même à ceux qui s'oublient
dans leurs bas, M. la comte de Douhet, sans s'en douter, au-
rait plus fait pour achever le suffrage uniyersel que vingt-cinq
ans de votes ignares ne l'ont pu faire.

CHUT.

LE PLAN DE TROÇHU.

Qu'est-ce encore que cette chanson-là?!

C'est une chanson précisément, monsieurou marjjime; upe
chanson gaie, fine, spirituelle; un petit chef-d'œuvre en cou-
plets; l'histoire du siège de Paris sur un air connu.

Quel est l'auteur de celte merveille?

II y en a plusieurs ; ce sont des journalistes fort connus. —
Aussi ont-ils voulu garder l'incognito.

Le premier couplet naquit, vers octobre dernier, entre une
côtelette d'âne et une gibelotte de chien :

Savez-vous l'plan de Trochu ?

Plan, plan, plan, plan, plan,

Mon Dieu, quel beau plan !
Savez-vous 1' plan de Trochu?
Grâce à lui rien n'est fichu.

Quand sur du beau papier blanc
Il eut écrit son affaire,
Il courut porter son plan
Chez maître Ducloux, notaire.
C'est 11 qu'est l'plan de Trochu,
Etc., etc.

On battit des mains et chacun voulut apporter sa pierre à ce
monument commémoratif du siège.

Il y a des couplets qui furent fabriqués dans un coin d'am^
bulance; d'autres dans la neige, en vue du flourget; d'autres
encore sur une tabje de journal; d'autres enfin sqr- les rem-
parts pendant que les canons, ç)es forts et les Krupp de GbAtil-
lon conversaient entre eux.

On chanta eette satire s| mordante et si franchement pari-
sienne devant quelques amis; elle devint bientôt célèbre, d'au-
tant plus célèbre que personne n'en possédait les paroles et que
les auteurs refusèrent de la laisser imprimer. D'ailleurs elle
était loin d'être finie ; elle ne pouvait l'être iant que durait la
défense de Paris.

Les correspondants anglais cependant en citèrent des frag-
ments fort incomplets dans leurs articles, prouvant ainsi que
l'esprit de Paris n'était pas mort faute de nourriture, et qu'il
ne se laissait pas abattre par les revers. Dans sa remarquable
histoire du siège de Paris, M. Francisque Sarcey mentionne la
chanson du plan comme une des particularités les plus carac-
téristiques de cette époque si étonnante.

Lé plan de Trochu n'ayant jamais été édité et se trouvant en-
core ignoré par l'immense majorité du public, le Grelot a voulu
combler une si fâcheuse lacune.

Il met en vente aujourd'hui cette fameuse chanson,— paroi es
et musique — considérablement revue et augmentée, avec
portrait-charge colorié-.

Et s'il est vrai qu'en France tout finit par des chansons, le
plan de Trochu prendra sa place à côté des histoires, les plus
méritoires du siège de la capitale.

C'est par erreur que nous avons annoncé, dans notre dernier numéro,
la, mise en vente, chez l'éditeur Bunel, de la réimpression du Journal,
officiel de la Commune du 19 mars au 14 mai. C'est (lu 19 mars au 24
mai qu'il faut lire.

GRELOTS.

La morale à la campagne :

Le maire d'une petite ville de l'Orléanais (où séjourna l'armée de la
Loire) rencontre dernièrement une fijle du pays; la proéminence abdo-
minale de cette administrée le frappe tout d'abord :

— Comment, Marie, serait-ce vrai? on dirait que tu es enceinte?

— Ali ! monsieur, c'est pas tua faute, allez ; cette année, toutes, les
filles le sont.

Le mot est authentique,

— Qu'ente.nd-ou par " républicains radical? »

— Par républicains radicaux l'an entend les républicains rouges de la
(mapee des radis.

—=§t>3=—.

Une majesté devant laquelle le plus grand roi est bien petit, c'est la
majesté de la nature.

Parmi les projets de loi sur la réorganisation de l'armée, — et Dieu
sait si nous en manquons ! — il y en a un qui paraît ç|evoir emporter la
médaille.

Ce projet comprend six articles. Les cinq premiers articles je les

ignore, mais le sixième, je le devine : c'est l'article de la mort, qui est
celui par lequel se termine souvent la carrière militaire.

Parmi les nigauds qui dépensent en pure perte leurs facultés inlellec
tuelles, il y a ceux qui s'attèlent au problème de la quadrature du cercle.

Ce sont généralement de pauvres diables qui n'ont pas môme une
chambre, pour mettre leur misère à l'abri.

Ces toqués-là ont l'air de faire la guerre au rond ; ils ne veulent pas
l'admettre; ils demeurent sur le carré!

On réorganise le corps des sergents de ville.

Si l'on pouvait seulement en trouver un assez malin pour pouvoir pen-
dant quelque temps arrêter le spleil.

Up habitué de l'apcienne cour qui avait, par la nature de ses fonc-
tions, un accès journalier dans le cabinet de Napoléon le Polit, disait, : Je
n'ai jamais vu Napoléon faire quoi que ce fût; il pe lisait, ni n'écrivait,
ni ne parlait; il passait dps journées assis, les pieds posés sur une table â
11 hauteur de la figure. Ou c'était un profond penseur, ou il était devenu
imbécile. J'incline pour cette dernière hypothèse.

(Ht vpus?

Les années précédentes, au 15 août, les rimeurs de cantates nqu.s don-
naient des vers ; l'année dernière, à la même époque, nous avons eu des
revers,

Il y a parmi les fédérés un grand nombre de vagabonds qui soutien-
nent quand même leur innocence.
Ce sunt bien là des gens sans avpu,

Des personnes qui connaissent le fond des choses affirment que, par
suite des victoires do la Prusse sur |a France, les Français ne respirent
plus que la vengeance.

Si cela est vrai, ça va diantrement faire diminuer la consommation du
tabac à priser.

Devienne, l'homme de mérite,
A repris son poste chez nous;
I| est las de planter des choux
Et d'arroser la marguerite.

L'Assemblée a quitté Paris pour fuir les communeux. Elle s'est établie
à Versailles où les communeux sont tous aujourd'hui.
Voilà une bonne raison pour revenir à Paris.

Il est dur de résider à Paris par cette chaleur torride. Mais qu'il serait
doux de vivre au milieu des bois, à l'ombre, avec une gentille maîtresse
qui vous tiendrait sous le charme !

Les fausses nouvelles sont plus défectueuses encore que les culs-de-
jatte; elles n'ont même pas de fondement.

-«■6op»r-

Les filles de Danaùs furent condamnées à emplir un tonneau sans
fonds.

Quel contraste avec les petites dames qui survivent à l'Empire et dont
le travail est de vider les messieurs qui ont des fends ! ^

Je n'approuve pas la révolution de 93 d'avoir fait tomber la tête de
Louis XVI, parce qu'en agissant ainsi elle a tranché du potentat.

(în France, le jour des Rois, op voit partout des galettes. Serait-ce une
épigramme contre la royauté?

A n'imparte quel mot de la fin on préfère en ce moment un moos contre
la, soif,

C'est l'heure et le moment pour ceux qui s'abreuvent de la sueur du
peuple de se régaler.

J'ai vu l'autre'jqur des déménageurs qui transpiraient abondamment.
Avis aux amateurs,

Au pays de Cochinat les nègres vont sans chemise. En cette saison je
me rangerais volontiers sous leur bannière.

En été les rayons de soleil sont moins doux que les rayons de miel.

Je dis à l'Assemblée : — Il est bon que tu mettes

Un impôt sur les allumettes;
Ne frappe pas trop fort en frappant cet impôt,
L'allumette pourrait s'enflammer aussitôt. '

A Aubervilliers l'on rencontre des Prussiens ; ils sont ignobles:

De la boue pt du sang aussi

Les souille d'une crasse noire ;

Or, il en est toujours ainsi

Quand ces gens se couvrent de gloire....

TRIBOULET.

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to »

10 c.

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Le Manifeste du comte de Chqmbord — illustré.
La Pétition du sapeur Barbeçfar à l'Assem blée nationale, illustré »
Le Catéchisme républicain. »

L'Équilibre européen en 1871 — illustré. »

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sailles, du 18 mars au 22 mai. — La Bataille, — Les Fusillades, —
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